Vie et œuvres des saints Cyrille et Méthode selon saint Dimitri de Rostov [cinquième partie
Vie et œuvres des saints Cyrille et Méthode Les saints Constantin et Méthode en chemin vers Rome, traversèrent la Pannonie (actuelle Hongrie). Ce pays était dirigé par le prince Kotsel, le fils de Pribina, qui invita les saints frères à Blatno pour apprendre lui-même d'eux l'alphabet slave, puis pour qu 'ils l'enseignent également à cinquante élèves de son peuple que le prince avait réunis. Kotsel, lors de la cérémonie d'adieu fit grand honneur aux saints prédicateurs et leur proposa de magnifiques présents. Mais Constantin et Méthode ne consentirent à recevoir du prince Kotsel, comme auparavant du prince morave Rostislav, ni or, ni argent, ni quoique ce soit d'autre. Ils prêchaient la parole de l'Evangile sans chercher aucune récompense et ils ne demandèrent à chacun des deux princes que de libérer neuf cents prisonniers grecs. Les saints frères, après la Pannonie, passèrent par Venise. Là, les prêtres et les moines allemands et latins confessant l'hérésie "des trois langues", se jettèrent sur Constantin comme des corbeaux sur le faucon : "Dis-nous, homme, - dirent-ils à Constantin, - pourquoi as-tu traduit les livres saints en langue slave et les enseignes-tu en cette langue quand personne auparavant ne s'était permis de le faire : ni les apôtres, ni le pape de Rome, ni Grégoire le Théologien, ni Jérome, ni Augustin ? Nous ne connaissons que trois langues dans lesquelles il convient de glorifier Dieu : les langues hébraïque, grecque et latine !" Le philosophe leur répondit : "Dieu n'envoie-t-Il pas de manière égale la pluie à tous ? Le soleil ne brille-t-il pas de la même manière pour tout le monde ? La création entière ne respire-t-elle pas du même air ? N'avez-vous pas honte de penser qu'à part les trois langues toutes les autres peuples et nations doivent être aveugles et sourds. N'iriez-vous pas jusqu'à penser par hasard que Dieu n'est pas Tout Puissant et qu'Il ne peut le faire, ou bien qu'Il est jaloux au point de ne pas vouloir le faire ? Nous connaissons beaucoup de peuples qui ont leurs propres livres et rendent gloire à Dieu, chacun dans sa langue. Les plus connus de ces peuples sont : les Arméniens, les Perses, les Abkhazes, les Ibères (Géorgiens), les Sogdiens, les Goths, les Obres, les Turcs, les Khazars, les Arabes, les Egyptiens, les Syriens et beaucoup d'autres. Si vous ne voulez pas en convenir, les saintes Ecritures seront alors vos juges, car David clame : Chantez au Seigneur un chant nouveau, que toute la terre chante le Seigneur (Ps. 95 :1) et à un autre endroit : Que toute la terre appelle le Seigneur, chantez et réjouissez-vous et entonnez des cantiques (Ps. 97 : 4) et encore : Que toute la terre se prosterne devant Toi et Te chante : que tous chantent Ton Nom, ô Très-Haut (Ps. 65 : 4), et encore : Que tous les peuples glorifient le Seigneur, que tous les hommes Le bénissent... que tout souffle loue le Seigneur (Ps. 116 :1 ; Ps. 150 : 6). Dans l'Evangile il est dit : Mais à tous ce qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son Nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ... (Jean 1 : 12) Ce n'est pas pour eux seulement que Je prie mais encore pour ceux qui croiront en Moi par leur parole, afin que tous soient un, comme Toi, Père, Tu es en moi, et comme Je suis en Toi, afin qu'eux aussi soient en Nous (Jean 17 : 20-21). Dans l'Evangile de Matthieu, il est dit : Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez faites de toutes les nations des disciples les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici je suis avec vous, tous les jours jusqu'à la fin de monde. Amen (Mat. 28 : 18-20). L'évangéliste Marc dit également : Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la Création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé mais celui qui ne croira pas sera condamné : Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon Nom, ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues (Marc 16 : 15-17). Avec les paroles des saintes Ecritures, nous dirons aussi de vous (les prêtres allemands et latins) : Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux : vous n'y entrez pas vous-mêmes et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer (Mat. 23 : 13). Ou bien encore : Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez enlever les clés de discernement : Vous n'êtes pas entrés vous-mêmes et vous avez empêchés d'en entrer ceux qui voudraient (Luc 11 : 52) . L'apôtre Paul dit aux Corinthiens : Je désire que vous parliez tous en langues mais encore plus que vous prophétisiez (I Cor. 14 : 5), ou bien encore : Toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2 : 11)." C'est avec de telles paroles et beaucoup d'autres semblables que saint Constantin confondit les prêtres allemands et latins. De Venise, Constantin et Méthode se rendirent directement à Rome. Alors qu'ils étaient encore à Venise le pape Nicolas mourut et Adrien II (exerça son pontificat de 867 à 872) fut élu à sa place. Le nouveau pape, ayant su que Constantin et Méthode se trouvaient à Venise les invita à Rome. Quand les saints frères approchèrent de Rome, le pape lui-même, son clergé et les citadins sortirent avec des cierges allumés à la main, à la rencontre des saints confesseurs car ils portaient les reliques, découvertes à Kherson, de saint Clément, martyr et pape de Rome. Le Seigneur glorifia par beaucoup de miracles le transfert des saintes reliques. Ainsi un paralytique reçut la guérison et beaucoup d'autres malades furent libérés de leurs infirmités. Le pape reçut les livres slaves, les bénit, et les déposa dans l'église de la Sainte Vierge Marie, appelée Phatne' (Crèche) et on se mit à célébrer les offices suivant ces livres. Après cela le pape ordonna à deux évêques de consacrer les disciples slaves, venus avec Constantin et Méthode. Le premier jour, la consécration des disciples fut faite dans l'église du saint apôtre Pierre et la liturgie fut chantée en langue slave, le jour suivant dans l'église de sainte Pétronille et le troisième jour, dans l'église du saint apôtre André. Puis les Vigiles furent chantées en slavon dans l'église du grand précepteur des nations, l'apôtre Paul, et le matin la liturgie fut célébrée au-dessus de son saint tombeau. Les deux évêques désignés par le pape furent aidés dans leur tâche par Arsène, l'un des sept évêques, et par le bibliothécaire Anastase. Constantin, Méthode avec leurs disciples rendaient continuellement gloire à Dieu; quant aux Romains, ils venaient sans cesse les voir (plus particulièrement Constantin) et leur posaient des questions sur tout. Certains venaient à deux ou trois reprises et recevaient des conseils. Une fois, un Juif vint voir Constantin et lui dit que le Christ dont parlent les prophètes et Qui doit naître d'une vierge, n'est pas encore venu. Constantin compta devant lui le nombre de générations qu'il y avait eu depuis Adam jusqu'au Christ, démontra que le Christ était déjà venu et indiqua combien d'années s'étaient déjà écoulées depuis. Peu après, Constantin déjà souffrant auparavant, épuisé par ses labeurs et ses longs périples, tomba gravement malade, et pendant sa maladie le Seigneur lui révéla sa mort prochaine. Constantin, apprenant sa mort prochaine se mit à psalmodier le chant d'église suivant : « Comme cela m'a été dit, nous entrerons dans les palais du Seigneur, réjouis-toi, mon âme et mon c½ur sois plein d'allégresse » (antiphone du ton 1). Puis il se vêtit de ses plus beaux habits, et passa avec joie ce jour-là en disant : "À compter de maintenant, je ne suis plus le serviteur de qui que ce soit, si ce n'est du Dieu Tout-Puissant; je l'étais, je le suis et je le serai pour les siècles, amen ». Le jour suivant, Constantin désira recevoir le grand schème et il prit alors le nom de Cyrille. Sa maladie se prolongea cinquante jours. Une fois pendant sa maladie, Cyrille s'adressa à Méthode par ces mots : «Voici, mon frère, lui dit-il, nous avons été avec toi comme une paire de b½ufs amis, labourant un même champ, et voilà, je tombe sur le sillon, ayant fini ma journée. Je sais que tu as fort aimé le mont Olympe, mais que la montagne ne te fasse pas abandonner l'enseignement. Par cet exploit spirituel tu atteindras d'autant mieux le salut.» Quand approcha le temps de sa dormition et de son départ pour l'autre vie, saint Cyrille leva les bras vers Dieu et pria ainsi en pleurant : « Seigneur mon Dieu ! Toi qui as créé les forces angéliques incorporelles, as étendu le ciel, as fondé la terre et as amené du néant à l'existance tout ce qu'elle contient; Toi qui toujours et en tout écoutes ceux qui accomplissent Ta volonté, qui Te craignent et qui conservent Tes commandements : entends ma prière et protège Ton fidèle troupeau, Toi qui m'as mis à sa tête pour le faire paître, moi pécheur et Ton indigne serviteur. Protège ce troupeau de toute action contre Toi, de toute iniquité et de toute langue, plusieures fois pécheresse et hérétique, qui profère contre Toi des blasphèmes. Anéantis l'hérésie des "trois langues" et fais croître Ton Eglise. Réunis-les tous à l'unisson et fais-les tous vivre en conformité à Ta foi véritable et Ta juste confession. Insuffle en leur c½ur la parole de Ton enseignement, car ils sont Tes créatures. Si Tu as daigné faire de moi, indigne, le confesseur de l'Evangile de Ton Christ (m'appliquant à faire de bonnes ½uvres et tout ce qui T'est agréable), alors permets-moi de Te rendre, comme ce qui T'appartient tout ce que Tu m'as donné. Installe-les à l'aide de Ta Droite puissante, protèges avec Ton omophore, pour que tous glorifient le nom du Père, du Fils, et du Saint Esprit dans les siècles. Amen". Puis, donnant le baiser à tout le monde, il dit : "Béni est notre Dieu qui ne nous a pas livré en proie à nos ennemis invisibles, mais qui a détruit leurs filets et nous a sauvegardé de la corruption". Sur ces mots saint Cyrille s'endormit en Dieu le 14 février de l'année 869. Le pape Adrien ordonna à tous les Grecs se trouvant à Rome ainsi qu'aux Romains s'assister aux funérailles et de se tenir près du cercueil de Cyrille avec des cierges allumés : il fit faire des adieux semblables à ceux qui sont faits lors de l'enterrement du pape lui-même. Saint Méthode, ayant appris que l'on s'apprêtait à enterrer le vénérable corps de saint Cyrille à Rome, vint trouver le pape et lui dit : "Notre mère nous a fait juré que si l'un de nous mourait le premier, l'autre transférerait le corps de son frère dans son monastère (sur l'Olympe) pour l'ensevelir là-bas". Le pape ordonna de mettre le saint corps de Cyrille dans une châsse puis de la sceller avec des clous de fer et l'apprêter pour la route. Les saintes reliques restèrent sept jours dans cet état. Les évêques romains dirent alors au pape : "Comme Dieu a fait venir Cyrille à Rome, lui qui a parcouru tant de pays, et lui a pris son âme ici, alors nous devons l'ensevelir chez nous comme un homme vénérable". "Si c'est comme cela, - dit le pape, - je vais changer la coutume romaine et je ferai ensevelir Cyrille, pour sa sainteté et son amour, dans mon tombeau, dans l'église du saint Apôtre Pierre". Alors saint Méthode dit : "Si vous ne voulez pas m'écouter et ne voulez pas me le donner, car vous avez le désir de le garder parmi vous, alors ensevelissez-le dans l'église de saint Clément avec lequel il est venu ici". Le pape ordonna de faire ce qu'avait dit saint Méthode. Les évêques, les moines et le peuple s'assemblèrent de nouveau et ils accompagnèrent avec honneur les saintes reliques jusqu'à l'église de saint Clément. Avant de descendre le cercueil dans la fosse, les évêques dirent : "Ouvrons la châsse et regardons s'il n'y a rien eu de pris des saintes reliques". Mais malgré tous leurs efforts, ils ne purent, par la volonté de Dieu, ouvrir la châsse; les saintes reliques furent alors decendues sur la droite de l'autel dans l'église de saint Clément. Par la suite, de nombreux miracles se produisirent ici : voyant cela les Romains se mirent de plus en plus à glorifier saint Cyrille et, ayant écrit son icône, ils commencèrent à faire brûler des cierges nuit et jour devant elle, louant Dieu, qui a glorifié ceux qui l'aimaient. Traduction : Lecteur Alexandre Boldyreff
|
Commentaires
Enregistrer un commentaire