Témoignages sur la vie de Saint Germain d'Alaska

 


Témoignages sur la vie
de Saint Germain d'Alaska

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Lutte contre les esprits des ténèbres
Le starets était occupé dans sa cellule, avec son travail manuel, quand soudain son disciple Guérassime vint à la cellule et ne dit pas l'habituelle prière -“Par les prières de nos Pères Saints, ô Seigneur Dieu, aie pitié de nous” - à la porte. Entrant dans la cellule il dit : “Bénis-moi, Père”. Le starets ne répondit rien; le disciple répéta sa demande plusieurs fois, mais l'ancien ne répondit pas. Le disciple se tint debout pendant plusieurs heures et décida finalement de quitter la cellule. Revenant le jour suivant, il dit la prière habituelle. Le starets répondit : “amen”. Le disciple dit : “Bénis-moi, Père”. L'ancien le bénit et s'assit à son travail. Alors le disciple lui demanda : “Père, pourquoi ne m'as-tu pas béni et répondu quand j'ai demandé hier ?” A ceci l'ancien répliqua : “Quand je suis venu sur cette île (des Sapins), maintes fois des démons venaient me voir dans ma cellule, quelquefois sous la forme d'un homme, pour quelque besoin; et quelquefois sous la forme d'une bête et m'ont fait beaucoup de choses effrayantes et malignes; c'est la raison pour laquelle je ne reçois personne dans ma cellule sans la prière”.15

L'amour de Dieu.
Un jour, le starets fut invité à bord d'une frégate qui venait de St. Pétersbourg. Le capitaine de la frégate était un homme plutôt savant, très cultivé; il avait été envoyé en Amérique, pour inspecter toutes les colonies, sur ordre de l'Empereur, Avec le capitaine se trouvaient quelque vingt-cinq officiers, des hommes également très cultivés. Et là, en leur compagnie, s'assit un ermite de petite taille, dans de vieux vêtements, qui, par ses sages propos, amena tous ses interlocuteurs à un tel point qu'ils ne savaient plus comment lui répondre. Le capitaine lui-même raconta : “Nous étions sans voix, des idiots devant lui !”
Père Germain leur posa à tous une question commune : “Messieurs, qu'aimez-vous par-dessus tout et que chacun d'entre vous désirait-il pour son bonheur ?” Diverses réponses vinrent. L'un désirait la fortune, l'autre la gloire, un autre une belle femme, ou encore un beau bateau qu'il commanderait et ainsi de suite dans ce goût-là. “N'est-il pas vrai - répliqua Père Germain à tout cela - que tous vos désirs différents peuvent se réduire à un seul : chacun de vous désire ce que, de son point de vue, il considère comme le meilleur et le plus digne d'être aimé ? ” “Oui, c'est cela” répondirent-ils tous. “Bien, alors, dites-moi, continua-t-il, peut-il y avoir quelque chose de meilleur, de plus élevé que tout le reste, de plus supérieur à tout et en général de plus digne d'amour que notre Seigneur Jésus Christ Lui-même, Qui nous a créé, paré de telles perfections, a donné la vie à tous, nous soutient tous, nous nourrit et aime tous, Qui Lui-même est l'amour et plus excellent que tout homme ? Ne devrait-on pas par conséquent aimer par-dessus tout Dieu, et plus que tout Le désirer et Le chercher ?” Tous se mirent à dire : “Mais oui ! C'est un fait entendu !” “Cela va de soi !”
“Et aimez-vous Dieu” demanda alors le starets. Tous répliquèren: “Bien sûr nous aimons Dieu. Peut-on ne pas aimer Dieu ?” - “Mais moi, pécheur, cela fait plus de quarante ans que je m'efforce d'aimer Dieu, et je ne peux dire que je L'aime parfaitement” répondit Père Germain et il commença à montrer comment on devrait aimer Dieu. “Si nous aimons quelqu'un, dit-il, nous pensons sans cesse à lui, nous efforçons de lui faire plaisir, nuit et jour notre cœur est occupé par ce sujet. Est-ce ainsi que vous aimez Dieu, messieurs ? Vous tournez-vous souvent vers Lui ? Pensez-vous toujours à Lui; Le priez-vous toujours et remplissez-vous Ses saints commandements ?” Ils avaient dû reconnaître que non ! “Pour notre bien, pour notre bonheur, conclut l'ancien, au moins faisons-nous la promesse qu'à partir de ce jour, de cette heure, de cette minute nous ferons tout notre possible pour aimer Dieu par-dessus tout et accomplir Sa sainte volonté !” Voici quelle intelligente, superbe conversation Père Germain conduisait en société; sans aucun doute cette discussion a dû s'imprimer dans le cœur de ses auditeurs pour leur vie entière !16

Les créatures de Dieu sur la “lagune des Moines”.
Au milieu de l'île des Sapins, une petite source descend de la montagne jusqu'à la mer, dont l'embouchure est toujours couverte de morceaux de bois et d'algues amenées par la haute marée. Au printemps, quand le poisson de rivière devait apparaître, l'ancien dégageait le sable à l'embouchure de la rivière afin que le poisson puisse passer, et le premier groupe de poisson se précipitait dans le rivière. Aliaga rappelle le fait suivant : “Parfois Apa (Apa est le mot aleut pour ‘père’) disait, « Va et ramène du poisson de la rivière »”. Avec le poisson séché il nourrissait les oiseaux et ils volaient autour de sa cellule en grand nombre. Sous sa cellule vivaient des hermines. ces petits animaux, lorsqu'ils sont en colère sont féroces et ne peuvent être approchés mais le starets les nourrissait de ses propres mains. “N'était-ce pas un miracle que nous avons vu”, disait son disciple Ignace. Ils avaient aussi vu Père Germain nourrir des ours. Avec la mort du starets, les oiseaux comme les animaux sauvages disparurent. Même son jardin ne produisait aucune récolte si quelqu'un y plantait de sa propre initiative, certifiait Ignace.17

Persécution sur l'île des Sapins.
1 - Le moine du grand habit Serge (Yanovsky) écrit : “Parce que Père Germain a révélé que beaucoup menaient une vie d'alcoolique, étaient pécheurs d'une manière révoltante et oppressaient les Aleuts, il s'est fait beaucoup d'ennemis, et s'est attiré beaucoup de désagréments et de calomnie. Il a souffert tout cela et a porté sa lourde croix en silence ... Je dois avouer que j'ai moi-même entendu de telles histoires calomnieuses sur Père Germain que j'avais commencé à répondre par écrit à St. Pétersbourg sur lui, avant même de l'avoir rencontré.
On me racontait qu'il encourageait les Aléoutes à monter une rébellion contre les autorités de là-bas (à Kodiak). Mais l'année suivante, 1819, je partis par bateau pour faire un tour d'inspection de toutes les colonies et en novembres, j'arrivais à l'île de Kodiak. Père Germain vint immédiatement me voir. Il m'expliqua les conditions locales de vie, conbien les Aleuts étaient pauvres, dans quel besoin ils se trouvaient et comment ils étaient de diverses façons oppressés et me demanda de les protéger. Je promis de passer tout cela en revue et de faire ce que je pourrais ...
“Après ma période de service, Père Germain fut sujet à de grandes pressions et persécutions pour qu'il porte sa croix jusqu'à la fin. Dans ma lettre, je sus par d'autres sources, qu'après mon départ, un prêtre arriva d'Irkoutsk, nanti de pouvoirs de grande envergure par l'évêque. Le prêtre renvoya le hiéromoine Iosaph à Irkoutsk; le hiérodiacre était déjà mort. Il harcela Père Germain, inventoria et prit tout ce qu'il avait, qui s'élevait à la somme de huit milles roubles papier. Cet argent et d'autres articles avaient été collectés pour la construction d'une nouvelle église pour remplacer entièrement la vieille structure délabrée. Il m'avait dit lui-même comment il faisait cette collecte. D'autres personnes regardaient cela comme la “fortune personnelle” de Père Germain, mais cela n'a pas pus être le cas. Il est vrai qu'il ne refusait jamais de prendre des offrandes, qu'elles soient en nourriture, en argent ou en autres articles : mais il redonnait beaucoup de choses à ceux qui n'avaient rien, alors que l'argent était mis de côté pour la reconstruction du monastère. Lui-même ne portait pas de chemise, ayant à même la peau une peau de rennes - kukhianka - une sorte de chemise qu'il n'avait pas, comme il me l'a dit lui-même, enlevée ou changée depuis huit ans. Par conséquent la fourrure était déjà rongée et était devenue rare et la peau elle-même était tachée. Pour compléter il portait des braies, des bashmaks ou des chaussures, une soutane, un ancien razon élimé et une cape, rapiécée et reprisée à maints endroits, et un klobuk. Vêtu de ces habits il venait me voir par n'importe quel temps, pluie, blizzard, tempête ou froid ! Voici ce que l'amour chrétien veut dire, très différent du terrestre ! Qu'attendait-il de moi, que cherchait-il ? Il souhaitait seulement sauver l'âme de quelqu'un dans l'erreur ! Que le Seigneur se souviennent de lui dans Son Royaume et veuille qu'il entre dans la joie du Seigneur !
“Ainsi donc le prêtre d'Irkoutsk était dur et grossier avec lui de bien des façons et voulait même le renvoyer à Irkoutsk; mais mon successeur ne le laissa pas faire cela et protégea le starets.18
2. Les précédents directeurs de la colonie, Messieurs Chitiakov et Mouraviov, ramèrent plusieurs fois jusqu'à l'île des Sapins dans des canoës la nuit pour ne pas être remarqués des gens, accompagnés du précédent administrateur de Kodiak, Nikiforov, et le prêtre Frumenty. Ils abordèrent l'île des Sapins à un point où ils ne seraient pas remarqués, et se cachèrent dans la forêt comme s'ils attendaient en embuscade et restèrent surveiller ce que Père Germain faisait. Comme ils n'avaient pas été remarqués, ils revinrent tranquillement la nuit même sans, bien sûr, avoir vu quoi que ce soit de préju-diciable, aussi ne pouvaient-ils pas noircir ou calomnier le starets.
En 1825 quand le prêtre Frumenty Mordovsky arriva sur Kodiak, pour quelle cause ou raison je ne sais, il alla à l'île des Sapins et se mit à enquêter (ainsi le disent-ils encore aujourd'hui) sur la façon dont Père Germain vivait ! Avec lui se trouvaient l'Administrateur Nikiforov et des employés russes de la compagnie. Comme ils ne trouvaient rien de valeur parmi ses biens, un des Russes, Ponomarkov, prit une hache et se mit à arracher les lattes du plancher (sans doute avec la permission de ses supérieurs). Alors il semble que Père Germain dit avec un soupir, et dans un esprit de résignation : “Ô malheureux, tu n'aurais pas dû saisir cette hache”. Et il lui prédit qu'il perdrait sa vie au moyen d'une telle arme. Et ainsi, peu de temps après on eut besoin de gens pour remplir une tâche à la redoute de Nikolaïevsk et quelques employés russes y furent envoyés depuis Kodiak et, parmi eux, Ponomarkov. Là-bas, quelques temps après, un Kenaï coupa la tête de l'homme alors qu'il était endormi. Ainsi la prophétie du starets offensé se réalisa-t-elle.19

Repos du starets.
Les yeux terrestres du starets étaient devenus aveugles quelques sept ans avant sa mort. Quand il fut près de sa fin il dit à son élève Guérassime : “Va et appelle les filles qui sont là”, voulant dire ses élèves. Alors il commença par dire à Sophia qu'elle devrait continuer de vivre sur l'île des Sapins et que quand elle mourrait elle serait enterré à ses pieds. Il instruisit plusieurs des autres de prendre des maris et il ordonna aussi à son élève Guérassime de se marier et de continuer à vivre sur l'île des Sapins. Il lui donna ses livres à conserver en disant : “Quand je mourrai, tue le bœuf, car ses travaux pour moi ont déjà été faits”.
Peut-être devrions-nous en dire plus sur cet animal. Quand les villageois arrivèrent à l'île des Sapins, ils avaient fait don d'un jeune veau au starets et le starets l'avait élevé et nourri. Lorsque le vieil homme mourut, les autres ne voulurent pas tuer ce bœuf; le jour suivant l'animal se rua la tête la première contre un arbre et mourut.
Le Starets dit : “Quand je mourrai, ne leur dites pas au port mais enterrez moi vous-même près de Père Iosaph”. Puis il continua “Allumez une bougie devant les icônes et laissez mon élève Guérassime lire dans les Actes des Apôtres”. Après quelques leçons de ce saint livre, le visage de l'Ancien s'illumina et il dit : “Loué sois-Tu, ô Seigneur”. Il ordonna alors d'éteindre les bougies et leur dit que le Seigneur lui avait offert une semaine en plus de vie. Une semaine passée, le Starets comme auparavant ordonna que les bougies soient allumées et que Guérassime lise dans les Actes. Après un court instant il inclina sa tête sur la poitrine de Guérassime, son visage se mit subitement à briller et la cellule fut rempli d'un parfum divin et ils surent tous que le Starets était mort. Son élève n'osa pas ne pas informer les autorités du port de la mort du Starets, parce que tous l'aimaient. En réponse à cette nouvelle, il reçut l'instruction de ne pas procéder à l'enterrement mais d'attendre qu'un prêtre vienne et apporte un cercueil. Aussitôt que le cercueil fut fait le temps se gâta et un vent si violent souffla qu'il ne fut pas possible au prêtre d'embarquer, et le corps du starets resta ainsi pendant douze jours. Guérassime et les autres élèves résolurent d'enterrer le starets et ils n'eurent pas plus tôt placé le corps dans la terre que le temps redevint calme et clair. A ce moment-là le prêtre arriva avec un beau cercueil mais décida de ne pas exhumer le corps, puisqu'à l'évidence il avait plu à Dieu et au Starets de le faire enterrer tel quel.20
“Durant notre séjour au village de Katani (sur l'île d'Afognak) un soir, nous pouvions voir une colonne inhabituellement brillante de lumière s'élevant dans les airs au-dessus de l'île des Sapins - alors les vieux hommes expérimentés et le mari de Anna et le créole Guérassime Vologdine dirent : “Il semble que Père Germain les a quittés” et ils mirent aussitôt à prier Dieu. Lorsqu'ils apprirent par la suite la mort de Père Germain, ils s'aperçurent que cela était arrivé la nuit même de la vision.
“J'ai entendu parler de cela par beaucoup de sources, des gens qui l'ont vu de différents endroits et d'autres qui l'ont vu lorsqu'ils étaient en mer dans leur canoë.”. “Le même soir depuis d'autres villages et aussi depuis Afognak un corps a été vu dans le ciel sous les nuages au-dessus de l'île des Sapins”.21

Textes recueillis dans The Saint Herman Calendar 1987, Platina
Traduit de l'anglais par C. V. Savykine

15 Notes de Lazarev, octobre 1864.

16 Yanovsky dans Vie du moine Germain de Valaam , 1868.

17 Vita Prima : La Vie du moine Germain de Valaam. Mission américaine. St.Pétersbourg 1868 p. 9.

18Tiré d'une lettre de Yanovsky au Père Supérieur Damascène de Valaam. 22 nov. 1865.

19 Tiré des mots de Constantin Larionov . Sitka Alaska 21 mai 1867.

20 Récit du pélerin Lazarev concernant la vie du moine Germain, oct. 1864.

21 Tiré des Notes de Constantin Larionov. Sitka Alaska, 21 mai 1867.

 

 



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