SUR LA CROIX DE JESUS-CHRIST
SUR LA CROIX DE JESUS-CHRIST
CROIX DU SEIGNEUR
Bénis, Seigneur!
Nous autres orthodoxes, nous utilisons souvent le signe de la croix, nous signant ou bénissant d'une façon tout à fait incorrecte, ce qui cause à l'homme un préjudice énorme... Les gens font ainsi par négligence, mais plus souvent par méconnaissance des notions indispensables de ce qu'est la Sainte Croix.
La croix du Seigneur est composée de deux parties élémentaires : une verticale et l'autre horizontale - une telle croix est tout à fait correcte, elle est répandue parmi tous les chrétiens, et surtout en Occident. Mais en Orient, il existe une croix d'un autre aspect, que l'homme russe affectionne particulièrement. C'est, en somme, la même croix, mais à laquelle ont été ajoutées deux parties transversales. Elle n'a donc pas quatre extrémités, mais huit. Pourquoi avons-nous adopté cette croix-là de toute notre âme depuis les temps anciens ? Et justement par l'âme et non par la raison, car il est peu probable que nous puissions répondre à une telle question - Eh bien, parce qu'elle est plus complète : Elle comporte aussi les détails qui figuraient sur la croix de Notre Seigneur et elle nous dit beaucoup de choses : la partie supérieure surajoutée est la planche sur laquelle est écrit en hébreu, en grec et en latin : Jésus-Christ, Roi des Juifs, et l'inférieure était un support pour les pieds, grâce auquel le crucifié souffrait très longtemps : car chaque fois qu'il étouffait par manque d'oxygène , malgré la torture horrible, par un terrible effort, il s'appuyait des pieds à la traverse, soulevant légèrement la poitrine pour inspirer un peu d'air. Sans cet appui, le corps cloué se serait suspensdu par les mains et l'homme serait mort au bout de quelques minutes.Voilà pourquoi Pilate s'étonna, lorsque Joseph d'Arimathie, venu lui demander le corps du Seigneur, lui déclara que Jésus était déjà mort. Voilà pourquoi les soldats, envoyés par Pilate pour vérifier l'exactitude des dires de Joseph, trouvèrent les deux larrons encore vivants sur les croix, et leur brisèrent les chevilles, afin qu'il n'aient plus d'appui et meurent immédiatement. Bien sûr la traverse-support était clouée horizontalement. Mais nous, nous la représentons toujours oblique , et aussi toujours dans le même sens, vers le haut à la droite du Seigneur crucifié, vers le bas à sa gauche. Pourquoi celà ? Parce que l'homme russe, regardant la sainte croix, veut saisir presque tout ce qui se rapporte à la question de son salut en Christ. La traverse oblique nous rappelle que droite et gauche ne sont pas du tout identiques. La droite est toujours supérieure à la gauche... Et là, nous nous souvenons immédiatement des paroles du Sauveur : Lorsque tu fais la charité, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite (Math.VI,3) - C'est à dire, lorsque tu fais quelque chose de bien, qui te grandit, qui soit agréable à Dieu pour ton salut, que cela ne soit pas entaché par tes qualités négatives. La charité, en tant que telle, est agréable à Dieu , mais il nous est difficile de faire sans l'abimer même une chose aussi courante. Dans la rue, une main se tend, et nous avons un élan - mettre quelque chose dans cette main, et nous mettons aussitôt la main à la poche, pour en sortir ce quelque chose - Mais là, notre tête s'en mêle et nous commençons à soupeser : n'est-ce pas trop, cela vaut-il la peine de donner à quelqu'un qui n'est pas vieux, qui est si gros... ou bien nous sommes prêts à donner à un aveugle, à un infirme, mais son guide - est jeune, fort - Et que de fois faisons-nous "le bien" par gêne on nous regarde, nous sommes entourés, et voilà, nous avons souillé notre pièce de monnaie, ou seulement notre élan, par le côté gauche de notre âme. Chacun de nous trouvera assez d'exemples de cette sorte en lui-même. Les côtés droit et gauche ont des sens différents.
Lorsque le Seigneur s'approcha à l'aube, du bord de la mer de Tibériade, ses disciples étaient encore dans le bateau, après une pêche infructueuse de toute la nuit. Le Seigneur leur dit : " lancez le filet à la droite du bateau et vous réussirez". Ils Lui obéirent et prirent en une seule fois cent cinquante trois gros poissons et une quantité incalculable de petits... après cela ils comprirent que pêcher aussi les âmes pour leur salut dans l'éternité ne peut se faire que par la droite... Le labeur sur le champ labouré de Dieu doit être honnête, digne de foi, plein d'amour sans aucun mélange d'orgueil, de politique, d'intrigue et autres "arrière-pensées". Des exemples de ce que côtés droit et gauche n'ont pas la même signification sont donnés aussi bien dans le Nouveau Testament que dans l'Ancien : à droite du Christ fut crucifié le bon larron - premier de ceux qui sont entrés dans le Royaume céleste, et à gauche le larron - blasphémateur de Dieu. Le Seigneur Lui-même est assis à la droite du Père - A Son Second Avènement, le Sauveur placera les brebis à Sa Droite, et les boucs agressifs et désobéissants, à Sa gauche (Mat. 25,33). Le troupeau béni qui sera à droite se retrouvera avec le Seigneur dans le Ciel, et les boucs - hommes infidèles et rebelles, qui seront à gauche, descendront dans la géhenne, où il y aura pleurs et grincements de dents. Alors voilà : la traverse oblique sur la croix montre aussi la direction, où iront ceux qui auront été grâciés, et ceux qui ne se seront pas repentis.
L'homme russe aime la croix aux huit extrémités, parce qu'elle lui rappelle constament le huitème jour, dans lequel son âme aimerait vivre... Le Seigneur a tout créé, sauf l'homme, en cinq jours - Le sixième jour il a créé l'homme, après commença le septième jour, et ensuite Dieu se reposa. En d'autres mots : les créations des cinq jours étaient en quelques sorte les préparatifs pour le couronnement des oeuvres de Dieu : l'homme; après quoi, Ses oeuvres étant terminées, commença le septième jour, celui de la Providence divine, Sa sollicitude pour ce qu'Il avait créé. Et ce jour, commencé à la création de l'homme, continue toujours - Nous vivons dans le septième jour de Dieu - Le septième jour a eu un début . Il prendra fin au Second Avènement du Christ, lorsqu'arrivera le jugement impartial de toute l'humanité, et que les uns se retrouveront à la droite, et les autres à la gauche du Seigneur.
C'est ainsi que l'orthodoxe regarde la Croix aux quatre branches, et tout le sens de la vie lui est clair. Et c'est pourquoi il ne s'inquiète pas trop du septième jour dans lequel il vit. Mais l'homme russe a soif et hâte, à travers la Croix du Sauveur, d'entrer dans le huitième jour, jour unique, qui aura seulement un commencement, et dans lequel il resterait éternellement avec le Christ!
Du signe de croix
La Sainte Croix est une arme puissante, donnée par le Seigneur, avec laquelle nous nous défendons contre les ennemis visibles et invisibles. Comme de toute autre arme, il faut savoir s'en servir, sinon, au lieu de profit, nous en recevrions dommage, et même un dommage mortel.
Nous nous couvrons nous-mêmes du signe de la croix nos proches, mais aussi la nourriture, les maisons, nous le recevons comme une bénédiction.
Pour nous signer, nous joignons les trois premiers doigts de la main droite, en l'honneur de la Sainte Trinité, et les deux autres ( l'annulaire et le petit doigt), sont repliés vers la paume, ce qui nous rappelle la nature du Seigneur Jésus Christ - vrai Dieu et en même temps vrai homme - Nous amenons sur le front les deux doigts , prononçant soit tout haut , soit intérieurement "au Nom du Père"- Qui est au Ciel, ensuite nous les abaissons sur l'abdomen, disant "et du Fils" - Qui était avec nous et a subi la faim et la soif - , et Qui nous propose constammont la vraie nourriture et la vraie boisson - c'est à dire, Son Corps et Son Sang - , par l'absorption desquels nous nous purifions du déshonneur du péché, qui pénètre en nous - comme ce fut pour les premiers hommes, à cause de notre désobéissance à Dieu et notre faiblesse devant les tentations du diable. Et enfin, nous faisons mémoire de l'Esprit Saint, ayant posé nos trois doigts, d'abord sur l'épaule droite, ensuite sur la gauche, pour signifier que le Saint-Esprit est partout. Nous faisons ce mouvement horizontal le plus haut possible, afin que la distance entre lui et le point supérieur soit la plus courte possible, et entre la ligne horizontale et le point inférieur la plus grande possible. En d'autres termes, pour que la croix que nous avons ainsi esquissée soit la vraie, sinon elle pourrait apparaître comme renversée. Et une croix renversée n'impressionne pas les démons. Les satanistes l'utilisent de cette façon pour blasphémer.
Pourquoi les orthodoxes se signent-t-ils de droite à gauche, alors que les catholiques et des sectaires le font de gauche à droite ?
Pour répondre à cette question, il est indispensable d'en poser une autre : peut-on se signer en amenant la main non pas de haut en bas, mais de bas en haut ? La bêtise d'une telle proposition est évidente pour chacun, car les chrétiens se signent de haut en bas, parce qu'ils privilégient le supérieur à l"'inférieur" - Car en haut, au Ciel, est le Seigneur Dieu- Du Ciel, est descendu vers nous le Sauveur du monde - Il S'est élevé dans les Cieux et là-bas, Il est à la droite du Père. Nous élevons nos regards vers le Ciel dans l'attente de Son Second Avènement. Et puis, même notre corps est conçu de telle façon, que nous nous dirigeons par sa partie supérieure, nous pensons, nous discutons, nous discutons même de Dieu ! Si, de par ces considérations, nous nous signons de haut en bas, il devient impensable, que le chrétien ne se signe autrement que de droite à gauche !
Nous savons déjà ce que symbolise le côté droit. A notre droite nous avons l'Ange Gardien, qui nous a été donné au baptême. Et à gauche, la force impure, qui se hâte de nous séduire pour s'emparer de nous, afin que notre destin soit le même que le sien, à gauche, vers le bas - en enfer.
Et puis enfin, chose étonnante, les catholiques et les protestants de toutes obédiences bénissent les gens, comme le prêtre orthodoxe, c'est-à-dire, de haut en bas, et ensuite envoyant la main de gauche à droite ! Autrement dit, ils bénissent ou signent la partie supérieure de la personne qui est devant eux, ensuite la partie inférieure, puis d'abord la partie droite, et ensuite la gauche, et dans le même temps, ils apprennent à se signer et se signent eux-mêmes, tout à fait en sens contraire, de gauche à droite, privilégiant ainsi tout ce qui est à gauche !
Dans ces manoeuvres opposées en elles-mêmes - signer et se signer, se voit un extrême manque de sens, qu'aucun d'entre eux n'est capable d'expliquer.
Voici comment quelques hétérodoxes raisonnant sur les particularités de la croix à quatre branches russe :
Pour éviter des paroles inutiles, prenons le livre d'un professeur italien connu: Prof. Coiazzi - "Las huellas de la Resurrection" 1980. Dans ce livre, le professeur décrit toutes les analyses possibles faites sur le Suaire de Turin. Tout cet énorme travail avec des recherches infinies, par des professeurs, des spécialistes, des savants, d'esprit purement occidental, contient tout, sauf la foi, et est loin de le sensibilité au monde de l'homme orthodoxe. Mais pour nous, sont particuliérement intéressantes les pages 175-178 du livre, où l'auteur a placé une représentation de la Crucification de facture grecque, quelques vues d'églises russes avec leurs croix en or sur fond de ciel bleu - Des commentaires du professeur accompagnent ces photos - Avec l'air "d'un savant qui s'y connait" il donne l'explication de la traverse oblique sur la croix, et la courbure caractéristique du Corps du Sauveur dans les crucifixions orthodoxes.
Ces traits caractéristiques de la représentation orthodoxe, le professeur les explique par le fait, que les Grecs et les Russes croient que le Christ avait une jambe plus courte que l'autre - c'est-à-dire que le Seigneur était bancal, était infirme...Pauvre "professeur"! Avant de commencer à raisonner, que ne s'est-il adressé, non à quelconque connaisseur, mais à n'importe quel "cordonnier", qui aurait dissipé l'erreur du " savant" italien.
Il aurait été éclairé sur la signification très profondément symbolique de le traverse oblique, de même son attention aurait été portée non seulement vers la courbure contre nature du corps sur la croix, mais aussi sur la position horizontale antinaturelle des mains du Christ Crucifié. Bien sûr, le poids du corps tire vers le bas, et les mains chez le Crucifié ne peuvent être comme une ligne droite horizontale. Et puis, enfin le corps est représenté ainsi, pour souligner l'impassibilité de la Passion du Seigneur. Pour souligner la grandeur de l'Amour de Dieu, qui surpasse les tortures de la croix, et Lui donne la possibilité de prier pour ceux qui L'ont crucifié - pour toute l'humanité.
Archiprêtre Pavel Volkoff ,
Caracas, VENEZUELA
"Pravoslavnaia jizn" No.9 (512) sep.1992
Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.
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