SAINT SIMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN LA TRANSGRESSION D'ADAM ET NOTRE RÉDEMPTION PAR JÉSUS CHRIST. Dixième Homélie.

 


SAINT SIMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN
LA TRANSGRESSION D'ADAM
ET NOTRE RÉDEMPTION PAR JÉSUS CHRIST.
Dixième Homélie.

Le Péché d'Adam et notre salut

1  - Au commencement. Dieu ne créa pas l'homme infirme. Son péché initial ne peut donc être imputé à la faiblesse, comme c'est le cas depuis.

Quiconque réfléchit au péché commis par Adam dans la gloire et le bonheur du Paradis, ne saurait l'imputer à la nécessité ou à l'infirmité, ou à toute autre bonne raison, mais uniquement au dédain pour le Commandement de Dieu, dédain consécutif à l'ingratitude et à l'apostasie manifestées par Adam dans sa relation avec Dieu son Créateur.
Par ailleurs, Dieu offrit à Adam l'occasion de s'en repentir et d'obtenir le pardon, pour deux raisons : d'abord, parce qu'il n'avait pas, par lui-même, prémédité son péché, ayant été trompé et entraîné par la suggestion du Démon ; ensuite, parce que, créature corporelle, Adam était sujet au changement, sans néanmoins pouvoir tomber dans l'apostasie absolue vis à vis de Dieu, à l'instar du Diable et de ses anges qui, eux, étaient incorporels.
Ainsi, maintenant encore, l'homme conserve un grand espoir d'obtenir miséricorde, revêtu comme il l'est, de cette infirmité héritée de la chute, qui l'induit à pécher, sans toutefois justifier ses péchés. Au contraire, cet espoir d'obtenir miséricorde devrait l'inciter à se tourner en hâte, dans la reconnaissance, vers Dieu qui lui offre la possibilité de se repentir, de Lui demander pardon et force : le pardon de ses péchés, car même s'il est tombé par faiblesse, il n'en aurait pas moins dû y résister jusqu'à la mort ; la force, pour recevoir de Dieu par la grâce du Christ, le pouvoir de ne plus succomber, et d'accomplir les seules œuvres bonnes, agréables à Dieu.

2 - Du péché d'Adam et du péché que nous commettons à présent

Aucun d'entre nous n'a jamais péché, comme Adam a péché, parce que jamais personne ne l'a égalé en sa condition : personne n'a été comme lui indemne de malheurs, de soucis, non soumis à la nécessité et à toutes ses servitudes.
Quel n'a pas été le châtiment infligé à Adam et à ses descendants pour la transgression du Commandement au Paradis ! Soif, faim, froid en hiver, chaleur en été et l'obligation de travailler, de se mettre en peine, en sueur toute une vie durant, pour s'assurer la nourriture, la boisson, le vêtement et le gîte nécessaire. Et que s'ensuit-il ? De l'impatience en raison de toutes ces nécessité, et l'opposition au décret de Dieu. Tout homme naissant à cette vie terrestre, ignorant que tous ces châtiments temporels sont infligés à toute la race humaine pour la transgression d'Adam notre ancêtre, bien loin de les recevoir avec reconnaissances, les accueille avec de furieux murmures. Souhaitant s'en débarrasser, il devient plein d'envie et s'acharne à avoir toujours davantage, et plus que de raison; il finit par prendre ce qui appartient à autrui, et par perdre tout sens de la justice.
C'est en ceci que consistent nos péchés : que nous ne supportons pas patiemment les châtiments temporels de Dieu, que nous n'en sommes pas reconnaissants, et tombant dans la présomption, nous devenons ennemis de Dieu, nous nous rebellons contre Son Décret stipulant que "c'est à la sueur de Ton front que tu gagneras ton pain" (Gen. 3 : 19). Nous nous acharnons à trouver le repos, en vain, parce qu'il nous est impossible d'échapper aux travaux, à la sueur, nous sommes rivés à la nécessité quoi que nous fassions.
Heureux, en revanche, celui qui endure tous ces châtiments temporels avec gratitude, reconnaissant qu'il y est justement condamné en contre-partie du péché ancestral. Oui, assurément, il trouvera le repos de ses labeurs ; par ces châtiments, Dieu très bon a voué les hommes à la mort afin que ceux-là qui les suportent avec gratitude, puissent s'en reposer un temps, et ensuite, être ressuscités et glorifiés au Jour du Jugement par le Nouvel Adam notre Dieu, Jésus Christ, Lui, sans péché, "qui a été livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification"'(Rom. 4 : 25).

3 - Le Don de Dieu en Jésus Christ La nature du péché.

Dieu, en venant s'incarner en ce monde, a offert aux humains les deux biens suivants : Il a uni la Nature divine à la nature humaine afin que l'homme devienne dieu et que, déifié par la grâce, la Très sainte Trinité vienne demeurer en lui.
Après cela, comment celui qui a été gratifé de tels Dons, pourrait-il encore pécher ? Saint Jean le Théologien et l'Évangéliste l'écrit : "Quiconque est né de Dieu, ne pèche pas et ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu" Jean 3 :9).
Qu'est-ce que le péché, en effet ? Sinon des pensées, paroles, actions mauvaises. Celui qui a été réellement gratifié des plus grands Dons par l'Incarnation de Dieu ne peut tolérer leurs contraires en lui-même. Il ne peut jamais les tolérer. Et s'il le fait quelque peu, une fois, il cesse d'être ce qu'il est.
Celui en qui alternent bonnes et mauvaises pensées, paroles, actions, est comme un homme qui se rendrait alternativement au temple de Dieu, et à celui des idoles, qui adorerait alternativement Dieu et les démons. Un homme en qui Dieu habite, peut-il être ainsi? Un chrétien doit donc toujours penser, dire et faire le bien au simple motif indiqué par le Seigneur : "Une maison divisée contre elle-même ne peut subsister" (Math. 12 : 25).
Cependant, nous devons bien nous rendre à l'évidence qu'il nous est impossible d'avoir constamment de bonnes pensées (desquelles dérivent paroles et actions) à moins que le Christ, le Seigneur, ne soit le Maître absolu de notre esprit, et nous devons travailler de toutes nos forces à ce que le Seigneur puisse effectivement demeurer en notre esprit.

4 - Dieu S'est fait homme, afin de détruire les œuvres du Diable.

Jean le Théologien le déclare : « Le Fils de l'homme a paru pour détruire les œuvres du diable » (1 Jean 3 : 8). Ces œuvres couvrent tous les péchés : envie, mensonge, tromperie, haine, hostilité, ressentiment, meurtre, colère, rage, orgueil, vaine gloire, cœur implacable, concupiscence, cleptomanie, injustice, fourberie, lubricité, humeur querelleuse, insatisfaction permanente, irritabilité, moquerie, jurements, oubli de Dieu, humeur intraitable, absence de pitié, et tous les autres vices. Que ceux qui s'appellent chrétiens et se livrent à ces œuvres diaboliques se demandent de quel profit leur est l'étiquette chrétienne, du moment que la manifestation du Fils de Dieu n'a évidemment pas détruit en eux les œuvres du diable.
Mais, dira-t-on, parmi eux, certains n'exposent-ils pas les Écritures, la théologie, les dogmes orthodoxes ? Eh bien, qu'ils sachent que l'œuvre du Christ ne consiste pas en ces activités-là. Jean le Théologien ne dit pas : "Le Fils de Dieu a paru, afin que d'aucuns enseignent et prêchent l'Orthodoxie" ("se piquent d'Orthodoxie", note de trad.) mais "afin de détruire les œuvres du diable". Je dirai donc à ceux-là qu'il faut avant tout purifier le vase de toute impureté et seulement après, y mettre la myrrhe, de crainte que cette myrrhe, altérée, au lieu d'embaumer, ne répande une odeur désagréable. Le Fils de Dieu, le Verbe, ne S'est pas incarné afin seulement que les hommes croient en la Sainte Trinité, La glorifient et en fassent la théologie ! Il S'est incarné pour détruire les œuvres du diable. Les Mystères de la théologie et des dogmes Orthodoxes ne peuvent être confiés qu'au vrai chrétien en qui ces œuvres du diable ont été détruites. Mais ceux en qui ces œuvres du diable n'ont pas été éradiquées et qui le manifestent pour le déshonneur et le blasphème de Dieu, ceux-là, intrinsèquement, sont à mettre au rang des païens auxquels il est formellement interdit d'entrer au temple de Dieu, et pas seulement de lire et d'expliquer les Divines Écritures, comme il est écrit : "Mais Dieu déclare au pécheur : à quoi bon réciter Mes Commandements et célébrer des lèvres Mon Alliance, quand tu hais la réprimande, et repousses Mes Paroles loin de toi ? "(Ps. 49 :16-17). Celui qui ne prend pas à cœur les Lois de Dieu, hait les châtiments et la correction inspirés par les Paroles du Seigneur et ferme ses oreilles de peur d'entendre la Parole de Dieu qui parle du Jugement à venir et de la rétribution des pécheurs, ou du feu inextinguible de la Géhenne et des autres tourments de l'Enfer, ou encore, du Jugement éternel auquel -une fois condamné - nul n'échappera. Celui qui ne lutte pas de toutes ses forces pour avoir constamment à l'esprit les Commandements de Dieu, et les observer, mais qui les dédaigne, leur préfère toutes choses contraires, et agit en conséquence, celui-là piétine les Paroles de Dieu, les repousse loin derrière lui.
Je l'expliquerai encore par l'exemple suivant : quand Dieu commande clairement : « Repentez-vous car le Royaume de Dieu est tout proche » (Math. 4 : 17) et encore : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite » (Luc 13:24), et que celui qui entend cela ne désire ni se repentir, ni entrer par la porte étroite, mais passe tous les jours de la vie dans la plus grande insouciance, à chaque heure ajoute de nouveaux péchés aux anciens, accorde repos et confort à son corps au-delà du nécessaire, et même du convenable, montrant qu'il suit le chemin large et spacieux qui mène à la perdition, et non la voie très douloureuse menant à la Vie éternelle, n'est-il pas évident qu'un tel individu rejette loin de lui les paroles de Dieu, les méprise et fait sa volonté à lui, ou, plutôt, la volonté du diable ? Toutes choses décrites par le saint roi David : « Quand tu vois un voleur, tu te plais en sa compagnie ; tu fais cause commune avec les adultères ; ta bouche est pleine de calomnies, ta langue ourdit les tromperies ; tu t'assieds et parles contre ton frère ; tu diffames le fils de ta mère ; voilà ce que tu fais. Et parce que je garde le silence, tu t'imagines que je suis pareil à toi.'... Je vais te reprendre, et mettre ton iniquité sous tes yeux. Comprenez donc cela, vous qui oubliez Dieu, de peur qu 'I1 ne vous mette en pièces, sans que personne puisse vous délivrer ! » (Ps. 49 :19-23).
Voyez-vous comment celui-là qui a oublié Dieu mérite une punition plus grande que les païens qui ne Le connaissent pas du tout ? Parce que, ayant connu Dieu - comme le dit l'Apôtre - il ne le glorifie pas comme Dieu, mais L'outrage, en faisant les œuvres du diable, étant réellement ennemi de Dieu, et ce, même si extérieurement, il donne l'apparence d'être le meilleur enseignant en théologie et dogmatique orthodoxes. Éventualité intrinsèquement impossible, d'ailleurs : comment, en effet, un esprit enténébré par une conscience faussée pourrait-il penser en toute droiture et pureté? En réalité, celui-là seul qui a été délivré des œuvres du diable et se souvient constamment de Dieu, peut proclamer fidèlement les Mystères de Dieu, parce qu'il n'est plus lié par les œuvres du diable.
Puissions-nous tous en être un jour délivrés, nous aussi, et recevoir le royaume des Cieux en Jésus-Christ, notre Seigneur, à qui soit la gloire à jamais.
Amen.

Traduction : Marie Pouliquen

 



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