POUR LA FETE DES MILICES ET DU SAINT ARCHISTRATEGE MICHEL

 



SERMON

POUR LA FETE DES MILICES ET DU SAINT ARCHISTRATEGE MICHEL.

Ne sont-ils pas tous des esprits serviteurs, envoyés pour leur ministère en faveur de ceux qui veulent hériter du salut ? - Hébr. 1:14 -

C'est en l'honneur de l'Assemblée des esprits incorporels et célestes que s'est réunie ici aujourd'hui cette assemblée religieuse, corporelle, et cependant spirituelle aussi. Rapprochement merveilleux, possible à la foi seule, du terrestre avec le céleste, du visible avec l'invisible. Les anges sont au ciel, nous sommes sur la terre, et cependant nous les fêtons comme si nous les avions avec nous. Ils sont invisibles pour nous; sans aucun doute, nous ne sommes pas toujours visibles pour eux, puisqu'ils ne sont ni omniprésents ni omnivoyants; cependant nous les fêtons comme s'ils étaient devant nos yeux, comme si nous étions devant leurs yeux. En effet, il serait étrange et inutile de leur préparer une fête, de leur adresser des paroles de louange et de prière, s'ils ne le voyaient pas, ne l'entendaient pas et ne le savaient pas. Ainsi, le fête présente nous est une preuve que la sainte Eglise est persuadée que nous sommes en communication rapprochée, Chrétiens, avec les anges. Mais dans quelle relation se trouvent-ils donc avec nous ? Dans quelle relation devons-nous nous trouver avec eux ?

L'expression principale et commune des relations des anges avec les hommes se trouve dans ces paroles de l'Apôtre Paul : Ne sont-ils pas tous des esprits serviteurs, envoyés pour leur ministère en faveur de ceux qui veulent hériter du salut ? L'Apôtre nous enseigne, dans ces paroles, trois points dignes d'être remarqués : le premier, que les anges sont des esprits serviteurs, quand bien même, selon le genre de leur service, s'appellent-ils aussi quelquefois puissances et dominations, et fils de Dieu selon la grâce, et que, par conséquent, il ne faut en aucune façon confondre leur dignité avec la dignité suprême de Jésus Christ, Fils de Dieu par essence, consubstantiel et égal à Dieu le Père, vrai Dieu et Seigneur tout-puissant. Le second point, c'est que quoique les anges vivent au ciel, ils sont cependant envoyés par Dieu, pour leur service, même sur la terre. Le troisième, c'est que Dieu destine particulièrement le service des anges à l'utilité de ceux d'entre les hommes qu'il prévoit capables, par leur foi et leur vie vertueuse ou corrigée par le repentir, d'hériter du salut et de la félicité éternelle.

Mais si nous voulons savoir un peu plus en détail de quelle manière les anges accomplissent leur service en faveur de ceux qui veulent hériter du salut, saint Jean Damascène nous dira ce qu'il a appris de saint Denys l'Aréopagite et saint Grégoire le Théologien : que les anges veillent à la garde des différentes parties de la terre, qu'ils intercèdent pour les peuples et les contrées, et selon la destination qu'ils ont reçue du Créateur, dirigent nos intérêts et nous aident de toute manière selon la volonté et l'ordre de Dieu, comme étant plus élevés que nous et se tenant toujours devant Dieu (Théol. Lib. II).

Dans /'Apocalypse de saint Jean, nous voyons un ange ayant pouvoir sur le feu (14 :18), un ange des eaux (16 : 5), quatre anges se tenant debout aux quatre coins de la terre, retenant les quatre vents de la terre (7 : 1). Ainsi, il y a des anges auxquels sont confiées la garde et la bonne direction de certaines parties et de certaines forces du monde des éléments. Et il est facile de comprendre combien cela est sage. En effet, si la longanimité de Dieu permet quelquefois au démon même d'agir sur les éléments, comme il lui fut permis d'exciter le feu dans l'air pour brûler les brebis et les pasteurs de job, et de soulever la tempête pour renverser sa maison et faire périr ses enfants, combien plus n'est-il pas convenable et avantageux que les bons anges aient un pouvoir sur les éléments, afin d'en diriger l'action pour la conservation et le bien des hommes, et afin de repousser et d'anéantir les efforts furieux du destructeur.

Dans les visions du prophète Daniel, nous voyons un envoyé céleste qui vient lui annoncer l'exploit céleste qu'il a accompli (sans doute par la prière) en faveur du sort du peuple Hébreu, et qui ajoute : Et voilà que Michel, l'un d'entre les premiers chefs, est venu à mon secours; et plus loin : il n'y a pas un seul qui m'aide dans ces choses, sinon Michel votre prince (10 : 13, 21). Et ainsi, il y a des anges gardiens et des protecteurs célestes des peuples et des empires.

Enfin, et c'est ce qui doit toucher de plus près chacun de nous, il y a des anges gardiens pour chacun des hommes qui appartiennent au royaume de la grâce de Dieu. Nous pouvons déduire cela des paroles de Jésus Christ Lui-même : Prenez garde de mépriser un de ces petits, car Je vous dis que leurs anges, dans le ciel, voient toujours la face de Mon Père céleste (Matth. 18 : 10). La force de ces paroles consiste en ce que le Seigneur, en recommandant de ne pas mépriser les enfants, appelle l'attention sur l'exemple des anges qui, quoiqu'ils voient toujours la face du Père céleste dans la gloire céleste, ne croient cependant pas indigne d'eux de prendre soin des petits enfants des hommes, et de s'appeler leurs anges. Si donc, de cette manière, pour les petits enfants, dont les forces et les facultés spirituelles ne sont pas encore assez développées pour qu'ils aient une activité propre, et qui, par conséquent, sont, moins que les hommes, exposés aux tentations, il n'a pas été jugé superflu qu'ils aient leurs anges, il en faut conclure à plus forte raison que les hommes eux-mêmes ne sont pas exclus de cette disposition, eux qui sont plus tentés, qui, par conséquent, ont plus besoin de secours spirituel, et, grâce au plus haut développement de leurs forces spirituelles, sont plus susceptibles de communications spirituelles. L'Eglise orthodoxe est si fortement convaincue de la nécessité de ce service des anges pour chacun de ceux qui veulent hériter du salut, qu'elle demande chaque jour plusieurs fois, pour nous, à Dieu, /'ange de paix, le fidèle conducteur, le gardien de nos âmes et de nos corps.

En examinant attentivement cette prière de l'Eglise, non seulement nous reconnaîtrons dans quel rapport les anges se trouvent avec nous (c'est-à-dire que, mystérieusement ou manifestement, ils nous instruisent, gardent notre âme et notre corps), mais encore nous apprendrons en partie dans quel rapport nous devons nous trouver avec eux.

Après avoir entendu l'Apôtre dire que les anges sont des esprits serviteurs, envoyés pour leur ministère en faveur de ceux qui veulent hériter du salut, tu pourrais être trop rassuré sur ton propre compte, et t'endormir dans ta confiance en ces gardiens toujours prêts à te protéger; c'est pourquoi l'Eglise envoie souvent vers toi le serviteur de la prière, pour t'exciter à demander à Dieu son envoyé pour te garder : Demandons au Seigneur l'ange-gardien !

Mais quelle nécessité, diras-tu peut-être, de demander un ange pour nous, quand le soin de garder les hommes est la destination de tous les anges, d'après les immuables desseins de Dieu ? Quelle nécessité de demander pour nous un ange gardien, quand il est donné même aux enfants qui sont incapables de le demander ? Questions quelque peu téméraires, puisque ce doit être assez de l'ordre de l'Eglise pour que nous fassions cette prière avec la conviction de sa nécessité et de son utilité. Mais je ne recule pas devant la témérité de la question, afin de trouver un enseignement dans la réponse.

Je réponds donc. L'ange est le serviteur de Dieu et non le tien; oseras-tu donc attendre qu'il vienne à toi comme un esclave au service duquel on ne prend pas garde, et non comme un envoyé au devant duquel on va et que l'on reçoit avec honneur ? Or, comment iras-tu à la rencontre de l'envoyé du ciel, si ce n'est en élevant ton esprit et ton cœur vers le ciel au moyen de la prière ? Je suis venu à tes paroles, dit l'envoyé céleste au prophète Daniel (10 : 12), sans aucun doute, aux paroles de sa prière : par sa prière, Daniel a frayé la voie, a dressé l'échelle par laquelle l'envoyé céleste est descendu vers lui. Mais si tu ne fraies pas cette voie à l'ange, si le fidèle serviteur de Dieu te voit présenter à son Seigneur le dos et non le visage, prends garde : il est certain que sa sainteté même exige qu'il ait plus de zèle pour la gloire de son Seigneur que pour toi; il n'y aura rien d'étonnant s'il se fâche, s'éloigne de toi et retire de toi son aile prête à te couvrir. Si tu ne veux pas que cela arrive, sois assidu et attentif, et à la prière en général, et en particulier à celle par laquelle l'Eglise t'engage à solliciter de Dieu le secours de l'ange gardien.

L'ange gardien est donné aux enfants quoiqu'ils ne le demandent pas, à cause de leur impuissance. Penses-tu qu'il doive t'être envoyé de la même manière, à toi qui ne le demandes pas à cause de ta paresse ? L'âme de l'enfant, purifiée par le baptême, exempte de la souillure du péché volontaire, par son innocence, par sa simplicité, par sa candeur, présente une certaine parité avec la nature angélique, et, par conséquent, non seulement n'oppose aucun obstacle à l'approche de l'ange gardien, mais l'attire même peut-être. Nous, à notre âge, avons-nous conservé notre âme dans cet état de parité avec l'ange ? N'éloignons-nous pas de nous la pureté angélique par la souillure de nos péchés ? Car, de même que les abeilles s'éloignent des lieux infectés d'une mauvaise odeur, ainsi les anges s'éloignent de là où s'est répandue l'infection du péché. Est-il donc étonnant que l'on nous invite si souvent à demander pour nous l'ange gardien comme une nouvelle faveur de Dieu, quoique nous l'ayons reçu dès les fonts baptismaux ?

Après tout ce que nous avons dit, il n'est pas difficile de comprendre maintenant ce qui, outre la prière, est encore nécessaire de notre côté par rapport aux saints anges, à savoir, de nous efforcer d'obtenir leur amitié, en nous purifiant du péché et en mettant tout notre zèle à sanctifier notre vie.

Qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres (II Cor. 6 :14) ? demande l'Apôtre, exprimant ainsi la loi des communications spirituelles. Par conséquent, quelle union est possible à un ange de lumière avec des hommes de ténèbres et de péché ? Quelle union est possible à un esprit pur avec des hommes embourbés volontairement dans les impuretés de la chair ? Quelle union est possible à un ange bon et saint avec des hommes dans lesquels la vertu est étouffée par les passions, qui regardent la sainteté comme une qualité qui n'est pas faite pour eux ?

Prépare-toi à l'union avec les anges par la prière, et au moins par un désir sincère de la purification et de la sanctification du cœur et de la vie, et sois persuadé que le Seigneur commandera à son ange de te garder dans toutes tes voies (ps. 90 : 11), c'est-à-dire dans toutes les circonstances de la vie temporelle, et surtout dans la voie du salut éternel. Amen.

Choix de Sermons et Discours de S. Em. Mgr Philarète,

traduits du russe par A. Serpinet, E. Dentu, Libraire-éditeur, Paris, 1866 tome 1, p 450-456.

 



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La paroisse de Lyon célèbre la première divine liturgie dans sa nouvelle église.

HORAIRES DE JANVIER 2025

В понедельник 4 ноября 2024 года наш приход Святого Иоанна Русского в Лионе будет иметь великую милость принять чудотворную икону Божией Матери Иверской с Гавайских островов, которая пробудет в Лионе весь день.