Métropolite Philarète de Moscou SERMON pour la consécration du temple de notre Seigneur Jésus Christ en l’honneur et en mémoire de Sa prière à Gethsémani

 


Métropolite Philarète de Moscou

SERMON
pour la consécration du temple
de notre Seigneur Jésus Christ
en l’honneur et en mémoire de Sa prière à Gethsémani

Prononcé le 8 juillet 1845 

Alors Jésus se renditavec eux à n bourg appelé
Gethsémani, et il dit à Ses disciples : demeurez ici
pendant que j’irai là pour prier.
Matth. 26 : 56

Ceux qui élèvent des temples à la gloire de notre Seigneur Jésus Christ choisissent le plus ordinairement pour les nommer et ene faire des monuments triomphaux, les évènements glorieux et joyeux de Sa vie terrestre. Et cela est bien, afin que dans la dénomination même du temple apparaisse la gloire du divin Sauveur, et qu’elle ilumine ceux qui y entrent, de l’espérance et de la joie du salut.

Que ceux qui entrent dans un temple consacré au souvenir de la Nativité du Christ se rappellent avec joie qu’un Enfant nous est néun Fils nous a été donné (Is. 9 : 6) qu’Il est Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous (Is. 7 : 14 - Matth. 1, 23), le Prince de notre paixle Père du siècle futur (Is. 9 : 6), donnant à ceux qui le reçoivent par la foi le pouvoir d’être les enfants de Dieu (Jean 1 : 12).

Que ceux qui entrent dans un temple consacré à la gloire de l’Epiphanie se rappellent avec piété que la manifestation de la Trinité fut dans le Jourdain; et en même temps, pour la confirmation de leur espérance, qu’ils songent quelle vertu divine nous a été donnée, pour la vie et la piété, dans le Baptême, qui a été sanctifié non seulement par l’exemple du Fils Unique incarné de Dieu, mais encore par l’infusion de Dieu le Père et du saint Esprit, par la présence et l’influence de toute la Très-Divine et Consubstantielle Trinité.

Que ceux qui entrent dans un temple de la lumineuse Transfiguration du Seigneur, se réjouissent de cette gloire anticipée de la nature humaine dans la personne du Dieu homme, et qu’ils s’animent, par l’espérance, à tous les efforts pour obtenir qu’Il transforme notre corps misérable en le rendant conforme à Son corps glorieux (Phil. 3 : 21).

Que ceux qui entrent dans un temple de la Résurrection du Christ voient d’un œil triomphant cette victoire sur la mort et l’enfer, préparée pour nous (car c’est pour nous seulement qu’il a été necessaire qu’Il fût mis à mort en la chair, mais vivifié en esprit (I Pier. 3 : 18), Celui qui est immortel et éternellement vivant), et, dans l’espérance de cette victoire, qu’ils ne se découragent point en se laissant abattre dans leurs âmes, quand bien même ils devraient résister jusqu’au sang en combattant contre le péché (Heb. 12 : 3-4).

Que ceux qui entrent dans un temple de l’Asension du Seigneur, Le suivent des yeux de la foi S’élevant par delà les cieux, et qu’ils voient le chemin du ciel ouvert pour nous aussi, car c’est pour cela même qu’est triomphalement monté au ciel le Fils de l’homme, qui est au ciel ( Jean 3 : 13), et qu’ils prennent les ailes de l’esprit et du cœur pour rechercher les choses du ciel où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu, pour goûter les choses den haut et non celles de la terre (Coloss. 3 : 1-2).

Mais il ne doit être non plus étrange pour personne que le temple consacré aujourd’hui soit dédié au pieux souvenir de la prière de Jésus-Christ à Gethsémani, offerte avec tristesse et angoisse, et avec un effort qui alla jusqu’à la sueur de sang. En effet , de même que les joies et les triomphes de la vie terrestre de notre Sauveur ont un rapport réel avec notre salut, ainsi en est-il également de Ses afflictions et de Ses souffrances attachées à l’état d’anéantissement ou d’abaissement extrème qu’Il daigna prendre sur Lui.

Il est utile et absolument indispensable pour notre salut de penser sagement avec l’Apôtre, au sujet de Jésus-Christ, qu’ayant la nature de Dieu, Il n’a point cru que ce fût pour Lui une usurpation que de S’égaler à Dieu (Philip. 2 : 6) : car, sans la nature divine et la puissance créatrice, comment aurait pu s’accomplir le salut de l’humanité perdue par le péché, tombée plus bas que le néant ? Mais il est également utile et absolument indispensable de penser sagement aussi, au sujet de l’unique et même Jésus-Christ, qu’Il s’est anéanti Lui-même en prenant la forme d’esclave, et qu’Il a été trouvé en tout à l’image de l’homme; qu’Il s’est humilié Lui-même ayant été obéissant même jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (Phil. 2 : 7) : car, comment l’humanité tombée, impuissante et indigne, se serait-elle relevée et aurait-elle atteint à la communion avec la force divine, si le Fils de Dieu n’était descendu jusqu’au fond de notre infirmité et de notre indignité par Son incarnation, ne nous aviat puifiés de la contagion mortelle du péché, n’avait effacé notre culpabilité mortelle par Sa souffrance incorruptible dans un corps semblable à notre nature, mais sans péché, et si, par Sa mort et Sa résurrection, Il ne nous avait ouvert les portes fermées de la grâce et de la vie divines ?

L’Apôtre, en se posant à lui-même pour but de ses aspirations, et sans doute à nous aussi, la justice qui vient de Dieu par la foi, rapporte à cette perfection chrétienne deux formes de connaissance de Jésus-Christ, - l’une plus triomphante, qui est de Le connaître lui et la vertu de Sa résurrection; l’autre plus souffrante, qui est de comprendre la participation de Ses souffrances, en devenant conforme à Sa mort (Phil. 3 9-10). que Jéus-Christ notre Dieu, qui bénit et sanctifie toutes choses, donne Lui-même à ce temple aujourd’hui consacré la grâce d’aider à cette dernière manière de comprendre Jéus-Christ !

Nous ne pouvons nous promettre une intelligence complète du mystère de l’événement de Gethsémani, dont le Seigneur Lui-même a signalé l’inaccessibilité à notre examen par cela qu’Il n’en a approché qu’un petit nombre des apôtres eux-mêmes, et qu’Il n’a fait que les en approcher. Mais puisqu’à Gethsémani, de même que sur le Golgotha, le Christ, en souffrant pour nous, nous a laissé l’exemple, afin que nous suivions Ses traces (I Pier. 2 : 21), à quelles réflexions et à quelles dispositions doit nous conduire l’exemple de la prière si souffrante de Jésus-Christ à Gethsémani ?

En premier lieu, Il nous donne des idées directrices pour la prière solitaire. Lorsque le Seigneur dit à Ses disciples : « Si deux d’entre vous s’unissent sur la terre pour quelque chose que ce soit, et s’ils la demandent, elle leur sera accordée par Mon Père qui est dans les cieux : car partout où seront deux ou trois personnes assemblées en Mon Nom, là Je serai au milieu d’elles » (Matth. 18 :19-20), alors Il montre l’avantage et l’utilité de la prière en commun, dans laquelle l’union de plusieurs fortifie chacun. Mais lorsque Lui-même, au milieu de Sa grande mission du salut des hommes, suspendant Sa prédication et Ses miracles, Il se retirait dans le désert et priait (Luc 5 : 16), et lorsque enfin, approchant du terme de sa carrière terrestre, pour offrir à Dieu le Père une prière aussi difficile quant aux circonstances qu’importante et mystérieuse quant à son objet, Il s’éloigna d’abord avec Ses trois disciples choisis entre les autres, et ensuite Il s ’éloigna encore même de ces trois élus, dans un isolement complet, en leur disant : Demeurez ici, pendant que J’irai là pour prier (Matth. 26 : 36) , alors Il montra l’avantage et l’importance de la prière solitaire, dans un éloignement aussi complet que possible de toute créature, plongeant l’âme dans la présence unique de Dieu.

Mes frères ! livrons-nous avec espérance à la prière commune, parce qu’elle a été bénie par la parole de la promesse de Jésus-Christ; livrons-nous avec amour à la prière solitaire, parce qu’elle a été sanctifiée par l’exemple de Jésus-Christ.

En second lieu, la prière de Jésus-Christ à Gethsémani doit nous inspirer des réflexions attendrissantes sur la forme profondément humble de la prière de Jésus-Christ. Ayant fléchi les genoux, Il pria (Luc 22 : 41).. Il tomba le visage contre terre en priant (Matth. 26 : 39). Il se prosterna contre terre, et Il pria (Marc 16 : 35).. Lorsqu’on songe qu’il s’agit du Fils unique de Dieu, régant sur son trône au plus haut des cieux, de toute éternité, avec le Père et le Saint-Esprit, et n’ayant pas quitté ce trône en ce moment; que revêtu de notre misère, de notreinfirmité, de notre bassesse, Il se soumet à la prière sur la terre pour obtenir le salut par Sa prière, et , par Son humilité, confondre, expier et guérir notre orgueil, alors la pensée effrayée cherche s’il y a dans le monde un lieu ou une situation assez humble pour que l’homme puisse s’y anéantir, afin de n’être pas écrasé par la honte devant cet abaissement divin.

A ces pensées, combien doivent nous être faciles et douces nos génuflexions et nos prosternations pour la prière, qui paraissent quelquefois si pénibles pour notre faiblesse et, peut-être, pour notre paresse !

En troisième lieu, Gethsémani, rempli de l’esprit de la prière du Christ, arrosé de la sueur sanglante qui accompagna la prière difficile de l’Homme-Dieu la veille de Son crucifiement, représente le lieu de prière le plus favorable et le plus propre à inspirer la confiance que doit choisir mentalement le pécheur contrit, celui qui est accablé par la tristesse, l’angoisse, l’abattement, l’effroi, celui qui est en proie aux tentations de tout genre. Là, en effet, la puissance de toutes les tentations possibles est vaincue par la puissance de la prière du Christ ; et cette puissance victorieuse n’a pas passé, mais elle demeure et demeurera, parce que Jésus-Christ était hier, et Il est aujourd’hui, et Il sera le même dans tous les siècles (Heb. 13 : 8).. Pourquoi, en entrant dans l’arène de Gethsémani, commença-t-Il à s’attrister et à s’affliger (Matth. 26 : 37), à se troubler et à s’affliger (Marc 16 : 33) ? Fut-ce dans la prévision des outrages et des souffrances corporelles qui L’attendaient à Jérusalem et sur le Golgotha ? Mais ces mêmes outrages et ces mêmes souffrances, Il les supporta, non en imagination, mais dans toute leur réalité, durant les longues heures de cette nuit et du jour suivant, devant la synagogue et devant Pilate, de la part des Juifs et des païens, à Jérusalem et sur le Golgotha, sans manifester aucune crainte, avec une fermeté triomphante, avec un calme sublime, tantôt dans la majesté du silence, tantôt avec des paroles d’amour et de prière pour les autres, et non d’affliction sur Lui-même. Et si, dans une nouvelle minute mystérieuse, Il laissa entendre ce cri : Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’as-Tu abandonné ? (Matth. 27 : 46), Il le couvrit immédiatement de cette parole triomphante : Tout est consommé (Jean, 19 : 30). Pourquoi donc, dès avant Ses souffrances visibles, l’affliction, l’angoisse, l’effroi, la tristesse de l’âme jusqu’à la mort ? Quelle amertume, quel fardeau contenant ce calice mystérieux duquel Il disait dans Sa prière : Qu’il s’éloigne de Moi, manifestant ainsi la véritable humanité qu’Il avait revêtue, non exempte de faiblesse quoique exempte de péché, calice qu’Il accepta au même instant, selon la volonté éternelle de Son Père, en disant : « Non comme Je veux, mais comme Tu veux » (Matth. 26 : 39) ?

Hélas ! C’était l’amertume de nos péchés, c’était le fardeau de notre culpabilité devant Dieu, et des châtiments que nous avions mérités, qu’avait tout pris sur Lui l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde (Jean 1 : 29).; et ainsi, Il était affligé, abattu, effrayé, triste dans Son âme même jusqu’à la mort, non parce que Sa résignation était épuisée, mais parce que, par Ses souffrances intérieures, Il effaçait notre culpabilité, Il satisfaisait la Justice de Dieu irritée contre nous, et qu’en même temps Il priait pour obtenir notre grâce, notre pardon et notre salut, et Il fut exaucé. C’est ainsi que l’apôtre Paul explique la prière de Jésus-Christ à Gethsémani, lorsqu’il écrit aux Hébreux queJésus Christ, durant les jours de Sa chair, a offert à Celui qui pouvait Le sauver de la mort, Ses prières et Ses supplications avec de grands cris et des larmes, et qu’Il a été exaucé à cause de de la grandeur de Son hommage (Heb. 5 : 7). Comment fut-Il exaucé, puisqu’Il ne fut pas délivré de la mort sur la croix ? Il fut exaucé en ce sens qu’il Lui fut donné, par Sa mort sur la croix et par Sa résurrection, de nous délivrer de l’empire du péché et de la mort éternelle. Et ainsi, n’est-il pas vrai qu’à Gethsémani, la puissance de toutes les tentations possibles fut vaincue par la prière du Christ ?

Et c’est pour cela que, qui que tu sois, toi, mon frère, faible et misérable comme moi, si tu es atteint de l’affliction du péché, si tu es oppressé par l’angoisse d’une âme peu susceptible d’être élevée par la foi, peu susceptible d’être dilatée par l’amour, difficile à porter à la vertu; si tu es frappé de la crainte des jugements de Dieu; si tu es éprouvé par la tristesse de l’âme portée, en apparence, même jusqu’à la mort, ne te livre pas à un découragement désespéré, ne te laisse pas vaincre tout à fait par l’affliction, l’angoisse et la crainte; rassemble les restes de tes forces défaillantes; cours, par la pensée, à la carrière victorieuse de Jésus à Gethsémani, et, là où le Fils de la bienveillance et de l’amour de Son Père tomba le visage contre terre en priant, où la sueur de sa pénible prière, en gouttes de sang, dégoutta sur la terre, où un ange Le fortifia dans une lutte dépassant les forces de l’humanité, tandis que douze légions d’aautres anges attendaient les ordres pour Lui et de Lui; d’où le démon s’enfuit vaincu par la puissance multiforme et divine de l’obéissance à Dieu le Père, de l’amour des hommes, de l’humilité, de la prière, du sacrifice volontaire; là, non loin de l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, prosterne-toi avec tes péchés, ta tristesse, ton angoisse, l’effroi que t’inspire la gueule béante de la mort et de l’enfer, et rappelle-toi que l’amertume de ton calice a déjà été vidé en grande partie dans le grand calice des souffrances du Christ; que, sous le fardeau qui t’accable, le puissant Athlète de Gethsémani a déjà placé Sa main auxiliaire; que ton Sauveur, qui a déjà accompli pour toi l’œuvre tout entière de ton salut, n’attend de toi que la participation à Ses souffrances possible, malgré leur faiblesse, à ta foi, à ton amour et à ta reconnaissance.

Livre-toi donc à cette bienheureuse participation, et ne cesse pas de t’y livrer de tout ton cœur. Si même tu n’y apportes que peu de foi, d’espérance et d’amour, de cet effort même tu recevras une augmentation de foi, d’espérance et d’amour, et en même temps la victoire sur les tentations, parce que la foi est la victoire qui a vaincu le monde (I Jean 5 : 4), parce que l’espérance ne produit pas la confusion (Rom. 5 : 5), parce que ni la hauteur, en apparence inaccessible pour nous, ni la profondeur, qui, semble devoir nous engloutir, ni aucune créature quelconque ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. 8 : 39).

Rappelons-nous, mes frères, avec un cœur reconnaissant envers le Christ notre Seigneur, qu’Il a été blessé pour nos péchés, et qu’Il a été toturé pour nos iniquités, et que le châtiment qui doit nous donner la paix a été sur Lui (Is. 53 : 5). Et en conséquence, veillons de toute manière à ne pas rompre notre paix en Lui, à ne pas Lui porter de nouvelles blessures par des œuvres blessant notre conscience, mais, par une observatiopn attentive des commandements et par la fidélité à la grâce, confirmons-nous dans la paix et la communion avec le Père et le Fils et le Saint-Esprit ! Amen.

 

 



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La paroisse de Lyon célèbre la première divine liturgie dans sa nouvelle église.

HORAIRES DE JANVIER 2025

В понедельник 4 ноября 2024 года наш приход Святого Иоанна Русского в Лионе будет иметь великую милость принять чудотворную икону Божией Матери Иверской с Гавайских островов, которая пробудет в Лионе весь день.