Message pastoral pour les jours de pénitence du Grand Carême.
pour les jours de pénitence du Grand Carême. Le fils possédait tout en profusion dans la maison de son père, mais il eut envie de s'essayer à l'indépendance, de faire l'expérience de la liberté. Ce qui nous surprend dans la parabole évangélique c'est la facilité avec laquelle le père laisse partir son fils. Mais lui ayant fait don de la liberté, peut-il la lui retirer ' Ce n'est pas tout! Le Père exauce les exigences illégitimes de l'insolent et lui remet la part d'héritage à laquelle il n'aurait eu droit qu'après la mort du Père. Pour lui le père est déjà mort; le fils le quitte et n'a plus besoin de lui. La tête haute, il avançait à grands pas, portant l'argent et les rêves d'une vie nouvelle, d'indépendance, de liberté illimitée, - jeune, plein de santé, il se hâtait à la rencontre du bonheur, pensait-il, de plaisirs et de joies encore inconnus. Combien de dons emportait-il de la maison de son Père aimant ! Parmi ces dons il y en avait un qui lui était inutile, qui l'encombrait même à ce moment - c'était le don de l'amour paternel.Car le Père continuait à aimer son fils, orgeilleux, ingrat et présomptueux; l'amour âternel l'accompagnait en pays lointain. Et voilà enfin ce pays et la vie nouvelle ! La liberté absolue, tous les plaisirs terrestres, enivrement par les délices coupables, ivresse, luxure, égoïsme. De faux amis l'entouraient, le flattaient, avides de son argent qui coulait à flots. Ainsi passèrent des années, les meilleures années de la vie; la jeunesse s'étiolait, la santé fit place à la maladie, la richesse - à la misère, les plaisirs défendus - à une existence vide et dénuée de sens. Et très vite la misère spirituelle et matérielle amène l'insensé à l'état de brute. Il était prêt àse nourrir de la nourriture des porcs, à se contenter des mêmes besoins, mais même cela lui manquait. Tout était perdu! C'est dans cet état piteux que le fils prodigue, se trouvant au bord du désespoir et de la perte, se souvient qu'il possède encore quelque chose. Mais ce quelque chose, il l'a presque oublié et le retrouvera-t-il maintenant ' Ce quelque chose depuis longtemps perdu et oublié était l'amour du Père qu'il avait emporté de la maison natale. Amour qui au début le gênait et ensuite fut totalement oublié par lui. Comme le plus grand bien le fils misérable récupéra avec peine cet amour quand il compris qu'en lui était son seul salut. Cet amour réchauffa le dévêtu, nourrit l'affamé, abreuva l'assoiffé, donna des forces à l'exténué. Le malheureux aspira à l'amour de son Père et s'élanca vers lui. Il avait quitté son Père portant haut sa tête orgueilleuse, il revenait en la tenant bien basse; il l'avait quitté d'un pas décidé, il revenait traînant à peine les pieds, tombant d'inanition et se relevant avec peine; il l'avait quitté plein d'espoir en un avenir heureux, il revenait avec un seul espoir - le pardon du Père ! Ses lèvres épuisées répétaient : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes journaliers. Mais le Père aimant s'empressait déjà à accueillir le malheureux. Les bras paternels lui étaient ouverts, l'amour du Père pardonne tout et couvrit tout. Le Père ne lui posa aucune question, ne lui reprocha rien, le reçut non comme prodigue, mais comme un fils cher et bien-aimé. Et dans cet amour tout pardonnant du Père, le fils trouva des forces pour une vie nouvelle, entrouvant le sens et la joie. Chacun de nous, frères et soeurs bien-aimés, est cet enfant prodigue. Hélas, nous le comprenons si mal et nous en sommes si peu conscient. Mais comme lui, chacun de nous relègue l'amour du Père Céleste à la dernière place dans sa vie, le caché au plus loin et s'en souvient le plus rarement possible. Toute notre attention, comme celle du fils prodigue, est dirigée sur les joies et les plaisirs terrestres, sur les soucis temporels. Mais dans la vie de chacun de nous viendra un moment où nous sentirons la fragilité de tout ce qui est terrestre, quelle que soit la force avec laquelle nous nous y cramponnions. Une maladie grave, sans espoir de guérison mettra immédiatement fin dans votre esprit à tout ce qui est de ce monde. La perte d'un être aimé nous montrera clairement l'instabilité des attachements terrestres. Notre propre mort nous ouvrant ses sinistres bras, nous privera de tout ce que nous avion aimé sur terre. Devant elle nous serons dénués de tout, nous aurons tout perdu. Dieu veuille qu'à ce moment-là nous nous souvenions, comme le fils prodigue, que nous possédons quelque chose que personne ne peut nous enlever, quels que soient nos péchés et nos vices. Dieu veut que nous retrouvions alors l'amour du Père Céleste, amour que nous avions profondément caché et presque complètement oublié, et qui nous consolera, nous réchauffera, apportera un sens à notre peine et nous donnera la joie même dans le malheur et la pauvreté. Mais pourquoi attendre ce terrible moment où nous aurons peut-être tout perdu ' Trouverons-nous alors, à ce dernier moment, l'amour du Père qui pourra nous faire revivre et nous apaiser ' Ne serait-il pas mieux de le rechercher dès maintenant ' Car c'est à cela que nous convie la Sainte Eglise deux semaines avant le Carême. Pendant tout le Carême seront ouverts pour nous les bras du Père Céleste qui attendra notre retour. Hâtons-nous au devant de Son amour tant que nous en avons la force, tant que tout n'est pas perdu!
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