Méditations sur le Monde Angélique

 


Méditations sur le Monde Angélique.

Le pèlerin, en route vers les lieux lointains, rencontre dans un bel enthousiasme son ami, venu à lui, pour le guider. Dans les pérégrinations de la vie terrestre, dont la limite est tracée par l'éternité, nous a été donné un guide, ami sûr; le Ciel nous l'a envoyé pour nous diriger sur un chemin difficile, environné de ténèbres. Si nous désirons le suivre, il nous amènera sans danger jusqu'à notre patrie. Nous savons que notre Père céleste a ordonné à Ses Anges de nous garder dans toutes nos voies et de nous protéger de tout mal (Ps. 90, 10-11).

Bien que nous ne puissions les voir par nos yeux de chair, nous le pouvons par ceux de la foi. Serions-nous à ce point asservis aux sens que nous ne voulions croire à rien d'autre, qu'à ce qui nous apparaît sous la grossière image de la matière ? Ou bien notre cœur est-il tellement occupé par l'agitation du monde qu'il n'aime rien d'autre que richesses et plaisirs ? Dieu nous a envoyé les Anges pour compagnons et guides dans la vie. Mais ce sujet, si important, qui nous concerne tous et chacun, n'occupe les pensées que d'un nombre limité de chrétiens de ce temps. C'est pourquoi nous allons essayer de raviver leur foi, leur expliquant l'enseignement de l'Ecriture -Sainte et la Tradition, sur les Anges. Peut-être ces explications seront-elles pour nos frères, source d'eau vive, où ils refraîchiront leurs âmes.

I.

Qu'il y ait, en dehors de nous, d'autres créatures intelligentes et plus grandes que nous - voilà une vérité dont témoigne la croyance le plus antique et générale des peuples (Tertul. Apolog. 22 Cyprian de idot. vanit.p.) Cette vérité a été altérée par les mauvaises utilisations et l'ignorance des peuples idolâtres; mais elle est gardée dans toute sa pureté par le peuple de Dieu. Tous nos Livres Saints, depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, nous représentent les Anges en action, exécutant en ce monde les ordres du Très-Haut et couvrant de leur protection les justes. Un Chérubin fut posté aux Portes du Paradis terrestre, armé d'un glaive flamboyant, pour en interdire l'accès à l'homme qui avait désobéi au commandement de Dieu. Des Patriarches furent dignes de la visite d'Anges. Abraham fêta une fois ces envoyés divins; un Ange arrêta sa main à l'instant où il allait sacrifier son fils Isaac. Agar dans les désert, fut de même consolée par un Ange. Jacob vit de nombreux Anges, montant et descendant les degrés d'une mystérieuse échelle, au-dessus de laquelle était assis le Seigneur (Gen. 28 : 12-13). Un Ange accompagnait les fils d'Israël dans le désert et les fit entrer dans la Terre Promise. Inspirés par ces envoyés célestes, Jéssée, Gédéon et d'autres Juges d'Israël apprirent les ordres du Seigneur. David les appelait à chanter avec lui ses hymnes saints. Isaïe vit le Ciel ouvert, le Seigneur assis sur un trône et une multitude d'Anges lui chantant un chant éternel. L'Ange Raphaël accompagna le jeune Tobie dans son long voyage, le ramena dans sa patrie et rendit la vue à son père vieillissant.

Durant la captivité des Juifs à Babylone, les trois jeunes Hébreux furent jetés dans une fournaise, mais il se trouva au milieu d'eux un Ange, qui les couvrit, les préservant des flammes. Par un Ange, le Prophète Daniel fut libéré de la gueule du lion. Gabriel ayant reçu l'ordre d'annoncer le Sauveur au monde, fit connaître au Prophète Sa venue proche; il descendit dans le Temple où Zacharie encensait, et lui prédit la naissance d'un fils qui serait le Précurseur du Messie. Gabriel, envoyé à Nazareth, chez Marie la Vierge, Lui annonça qu'Elle deviendrait la Mère du Fils de Dieu. Peu de temps après, l'Ange annonça aux bergers de Bethléem la Bonne Nouvelle de la naissance du Petit Enfant prééternel et tous les Anges chantèrent : « Gloire à Dieu dans les hauteurs, paix sur la terre, bienveillance parmi les hommes » (Luc 2 : 9, 14). Le Sauveur annoncé par les Anges donna Lui-même à comprendre aux hommes ce qu'ils sont. Il nous parle de leur amour fraternel, qui les pousse à se réjouir de notre salut, et à nous protéger sur toutes nos voies. Les Anges apprennent aux Saintes Femmes la Résurrection du Seigneur, et ensuite Son Ascension au Ciel. Ils apparaissent à Ses disciples pour leur dire qu'ainsi qu'il est monté au Ciel, Il reviendra dans un temps, pour juger les vivants et les morts. Faut-il vous dire encore comment l'Apôtre Pierre fut libéré par un Ange de sa prison et d'entre les mains d'Hérode ? Faut-il vous raconter la vision de Saint Jean le Théologien et ce qu'il a écrit sur la force et la puissance des Anges dans le gouvernement des royaumes de la terre ? Je dois m'arrêter pour ne pas dépasser les limites que je me suis fixées. Et donc je ne vais plus parler des apparitions des Anges aux Apôtres, aux martyrs et à de nombreaux justes. Mais ces apparitions sont-elles possibles ? demanderont les incrédules. Un Ange, créature spirituelle, peut-il prendre image humaine visible, apparaître à nos sens, parler et agir devant nous ? Qui peut prouver l'impossible ? Qui serait en état de détecter l'insondable profondeur de la Sagesse de Dieu, de déterminer l'infinité des genres des créations du Tout-Puissant, d'appréhender par son intelligence l'incommensurable échelle des êtres, pour avoir le droit de douter de l'existence des créatures que la Parole de Dieu nous annonce ?

Notre croyance dans les Anges, fondée sur les événements dont témoigne l'Ecriture Sainte, se confirme aussi par l'enseignement des Sages. L'opinion de Socrate, de son illustre disciple Platon, et de nombreux Sages de Grèce et de Rome est connue de tous. Mais nous, tenons pour nos Sages véridiques, les docteurs de l'Eglise. Quel merveilleux enseignement sur les Anges nous ont laissé saint Denis l'Aéropagyte (De cœlest. hierarch. § 6), saint Grégoire de Naziance, saint Basile le Grand, saint JeanChrysostome (De incomprehen. homil. 4), le bienheureux Augustin (Sermo in Ps. CIII ), et bien d'autres auteurs spirituels que l'Eglise honore. Ce témoignage véridique des Pères et docteurs de l'Eglise est unanimement confirmé par les Conciles (Conc. œcum. contra Origen., 2ème et 19ème canons), et l'Eglise nous rappelle toujours pendant ses offices l'étroite union des Anges avec les hommes. L'Ancien et le Nouveau Testaments nous parlent sans cesse des Anges. On peut aussi voir clairement la part prise par les Anges dans l'accomplissement de la Volonté de Dieu et en quoi consiste leur service eu égard aux hommes. Mais ceci s'éclairera encore mieux par la réflexion suivante.

II.

L'Amour, propre à Dieu, L'a poussé à donner vie à des créatures intelligentes, capables de Le connaître, de L'aimer et de participer à Sa béatitude. Le premier fruit de cet amour furent les Anges. Leur ayant donné en partage de riches qualités, Dieu les fit habiter dans les demeures célestes. Cependant, bien que dotés de riches perfections, en tant que créatures, ils ne pouvaient être totalement parfaits. Seul Dieu, Créateur de tout ce qui existe, est parfait. Subjugués par la grandeur de leurs perfections limitées, certains parmi les Anges s'abandonnèrent à l'orgueil et à la vanité. L'orgueil, nous dit l'Ecriture, fut la cause de la chute de nombreux Anges ( I Tim. 3 : 6 - Sir. 10 : 15). Lucifer fut le premier à s'élever contre son Créateur et à sa suite de nombreux autres Anges, et ils abandonnèrent Dieu. Mais abandonner Dieu, c'est se priver de la vie et se livrer à la mort.

Les Anges laissèrent le Seigneur les premiers, alors le Seigneur Juste les laissa livrés à eux-mêmes. Qu'en est-il résulté ? Les Anges fidèles, affermis par la Grâce, et triomphant en leur humilité, se séparèrent d'eux et les rejetèrent avec horreur. Les rebelles se transformèrent d'Anges de Lumière, en Anges des ténèbres. Revêtus il y peu encore de rayonnement et de gloire, ils devinrent objet de rejet et d'effroi pour tout le Ciel et aussi pour eux-mêmes. Ceux qui chantaient le Très-Haut, se mirent à blasphémer et maudire par leur bouche. Chassés par le souffle de la justice Divine et tourmentés par leur fureur, ils churent à la vitesse de l'éclair dans les abîmes de l'enfer, semblables aux étoiles détachées de la voûte céleste qui tombent dans l'espace sidéral de l'univers.

Les Anges restés fidèles à Dieu, devinrent totalement bienheureux. Ils sont illuminés par la gloire Divine, et la lumière du Saint des Saints les enveloppe comme l'océan aux grandes eaux. Dans le ravissement et l'enthousiasme de la contemplation des richesses de la beauté éternelle, ils se fondent dans l'amour sans limites et l'ivresse de leur béatitude, ils glorifient et exaltent Dieu Tout-Puissant qui déverse dans leurs cœur des flots de délices. Sans les obliger à quitter la bienheureuse Demeure Céleste, le Seigneur partage avec eux la direction des mondes. Il les utilise comme serviteurs fidèles dans les actes de la providence. Il les envoie dans le monde pour annoncer aux hommes Ses ordres et accomplir Sa volonté. C'est pourquoi nous les appelons Anges, c'est-à-dire messagers. Dieu les a placés au degré supérieur de Ses créations, comme modèles vivants de Ses perfections, dignes représentants de Sa grandeur. La générosité Divine a richement doué ces esprits célestes de dons naturels. Leur intelligence et leur savoir n'ont pas d'autres limites que celles d'esprits créés dans les profondeurs insondables de la Sagesse de Dieu. Les Anges sont immensément forts et puissants, grâce à quoi, par le consentement de Dieu, ils peuvent agir sur les corps et le monde de la matière. On pourrait poser là beaucoup de questions, mais notre intelligence trouve rapidement ses limites. Que pouvons-nous comprendre, nous, pauvres créatures, plongées dans les ténèbres. Même le grain de sable est un mystère pour le plus savant, et malgré toutes nos sciences vaniteuses, nous nous connaissons encore moins nous-mêmes.

III.

Le nombre des Anges déchus est immense; mais selon la parole de l'Apôtre Paul et du disciple bien-aimé du Christ, la multitude des Anges bienheureux est inchiffrable (Luc 10, 17-20; Eph. 6 : 12; Apoc. 12 : 4). Le Prophète Daniel eut cette vision : L'ancien étant assis sur Son Trône, mille milliers le servaient et des myriades de myriades se tenaient devant lui (Daniel 7 : 10). Un autre visionnaire néotestamentaire vit également autour du Trône de Dieu et entendit la voix d'une nuée d'Anges et leur nombre était milliers de milliers (Apoc. 5 : 11). Et ne croyez pas que ces visionnaires le voyant ainsi, pensaient à les dénombrer. Ils voulaient seulement nous donner à comprendre que leur raison se perdait devant cette multitude infinie d'Anges. Comptez les grains de sable de la mer, ou les étoiles du ciel, les visibles et les invisibles, vous n'atteindrez pas encore au chiffre du nombre des Anges.

Mais le plus étonnant dans cette multitude incalculable d'Anges, est l'ordre qui règne dans les milices célestes. L'ordre est la beauté de la création, sagesse et vérité divine. La Sagesse de Dieu, ayant créé tout ce qui existe et donné l'être aux Anges, les a divisés en neuf Chœurs. Dans l'Ecriture Sainte sont rappelés : les Anges, les Archanges, les Vertus, les Dominations, les Principautés, les Puissances, les Trônes, les Chérubins, les Séraphins (I Col. 1 : 16; Eph. 1 : 21; I Pierre, 3 : 22). Ces Chœurs sont subordonnés l'un à l'autre, et dans leur différence, magnifiquement unis en un accord parfait. La Lumière s'épand des Chœurs supérieurs sur les inférieurs. Le rayonnement de la Gloire du Christ, Intercesseur de tous, s'écoule de l'élu à l'élu, sur toute l'assemblée des bienheureux, des entrailles de la Divinité en un fleuve de vie, comme le flux et le reflux, inondant les habitants du Ciel. Quelle vision enthousiasmante pour l'esprit du croyant, cette merveilleuse diversité dans une parfaite unité, et cette unité dans une multitude innombrable ! Comme ils sont bienheureux, Seigneur, Dieu des Vertus, habitant Ta Demeure et contemplant de telles merveilles !

Denis l'Aéropagyte et d'autres docteurs de l'Eglise divisent les Anges en neuf chœurs et ces neuf chœurs en trois états. Le premier se rapporte aux Trônes, Chérubins et Séraphins; le second aux Puissances, Dominations et Vertus; le troisième aux Anges, Archanges et Principautés. (De coelest. hierarch. § 4, n. 2)

Les premiers sont les Séraphins. Ce nom signifie chaleur de l'Amour divin, par laquelle ils s'enflamment et qu'ils transmettent aux autres chœurs. Ils s'enflamment d'autant plus d'amour, dit Saint Grégoire le Grand, qu'entre eux et Dieu ne se tient aucun Ange qui les séparerait de Dieu, ils sont unis à Lui directement. La flamme de leur amour est d'autant plus forte qu'ils contemplent de plus près que les autres le rayonnement de la Divinité (Sermon 2 : Sur les offices divin ).

Le nom de "Chérubins" indique la plénitude de la connaissance, abondance de sagesse, selon les paroles des Saints Denis l'Aéropagyte, Augustin, Jérôme, et Grégoire le Grand. Ce chœur d'Anges, dit saint Grégoire le Grand, a reçu le nom de Chérubins, parce que ces bienheureux Esprits célestes sont illuminés par la contemplation directe de la surabondance des rayons lumineux de la Source préeternelle de Lumière. Ils connaissent tout, autant que cela est possible aux êtres créés, selon ce que Dieu leur en donne. Ils le savent d'autant plus parfaitement et pleinement, que la perfection de leur nature les rapproche davantage du Créateur ( Sermon 6 Sur le chant mystique ). Deux Chérubins étendaient leurs ailes au-dessus de l'Arche vétéro-testamentaire. Les Hébreux, en plus de la connaissance et de la Sagesse, leur reconnaissaient une forte puissance.
Ceux dans lesquels Dieu préside, dit encore saint Grégoire le Grand, afin d'énoncer Son Jugement, sont appelés les Trônes. Ils sont à une telle hauteur et tellement pleins de Grâce, que, peut-on dire, le Seigneur habite en eux, faisant apparaître à travers eux Sa Justice suprême, (ibidem).
Après ces Esprits, régnent dans la bienheureuse Demeure Céleste, les Puissances. Ces souverains, illuminés de gloire, sur leurs trônes de feu, reçoivent les directives des Esprits supérieurs et les transmettent aux Esprits subordonnées.
Les "Vertus", selon les dires de nombreux Pères saints, sont ceux des Esprits, à travers lesquels le Seigneur accomplit Ses miracles. Il leur fit don de Sa Force, et leurs injonctions ont effet de toute puissance.
Les "Dominations" donnent des ordres aux ennemis de la suprême grandeur de Dieu, ces esprits mauvais qui ont juré de détruire l'homme, car ces esprits révoltés n'ont pu se libérer de la dépendance et de la puissance de leur Créateur. Dieu les a asservis à ces Anges, qui brident leur fureur et enchaînent leur force naturelle.

Le mot "Ange" désigne l'envoyé; les Anges sont essentiellement des serviteurs, que le Roi des rois envoie avec Ses ordres dans les différentes parties de l'univers. Les Archanges sont les chefs de ces envoyés divins. Participant aux conseils secrets de Dieu, ils reçoivent l'ordre d'annoncer aux hommes les plus importants mystères; c'est pour cette raison que ce ne fut pas un Ange simple qui fut envoyé à Nazareth chez la Vierge Marie, mais l'Archange Gabriel, car il fallait, dit St Grégoire le Grand, que le premier parmi les Anges, annonça le premier de tous les mystères. Remarquons ici, que l'appellation "Ange" est employée au sens de service et ne convient aux Esprits célestes que lorsqu'ils sont envoyés pour annoncer la volonté de Dieu. Les Anges sont représentés habituellement avec deux ailes, pour signifier la rapidité avec laquelle ils se hâtent d'accomplir la volonté de Dieu dans les différentes parties de l'univers.

L'univers est dans sa totalité, plénitude de la présence de la Divinité et des esprits innombrables, serviteurs de Dieu : c'est un temple dans lequel retentit sans cesse le chant harmonieux de ces chanteurs célestes. Comment ils s'entretiennent entre eux, nous ne pouvons le dire, mais nous savons qu'ils le font et se comprennent les un les autres. Ils comprennent de même le langage de nos âmes, lorsque nous leur adressons nos prières. Dans l'état d'imperfection où nous sommes actuellement, devons-nous nous étonner de ce que s'ouvrent devant nous des profondeurs mystérieuses dans lesquelles notre faible intelligence se perd ?

Ajoutons encore à cela une remarque importante : tous les Anges sont soumis à la discipline d'une parfaite hiérarchie. L'Ange qui a été posté à l'échelon supérieur est plus parfait que celui qui se trouve à un échelon inférieur, bien que l'Ange qui est au plus près de nous, au dernier échelon, soit encore tellement stupéfiant de beauté, que nous ne pourrions en supporter la force d'enthousiasme, de joie et d'étonnement, s'il se découvrait à nous. Nous représentant en esprit ce dernier des Anges, et montant par la pensée d'un échelon à l'autre, de la perfection à une plus grande perfection, passant par tous les chœurs, qui se surpassent les uns les autres par une plus grande sainteté, par une surabondance de ruissellement de lumière, nous atteignons enfin les Chérubins et les Séraphins, qui étincellent de vagues de lumière éblouissante et en inondent toute la Cité de Dieu. Bien au-dessus de tous ces chœurs, règne la Souveraine de ciel et de la terre, la Mère de Dieu; bien au-dessus des myriades de mondes trône le Seigneur notre Dieu dans Sa gloire inaccessible. Vu de cette hauteur, que signifie l'ensemble des hommes ? D'infimes poussières rampant sur la poussière. Cependant, le Seigneur les saupoudre des bienfaits de Son amour; la Très Sainte Mère de Dieu les bénit et les aime; les Anges les appellent leurs frères; et les hommes enivrés de déraison, offensent le Grand Dieu devant l'assemblée de Ses élus !

IV.

Nous avons vu les suites néfastes qu'entraîna le péché pour les anges déchus. Ces malheureux anges ne furent pas privés à travers leur péché, des dons naturels reçus du Créateur à la Création. Ils se sont privés de béatitude et de sainteté, mais ont conservé une intelligence très grande et perspicace, bien que ces capacités qu'ils ont gardées, leur aient servi de punition. A cause de cela, le Roi David, ainsi que l'explique saint Augustin, les appelle "puissants". Le Sauveur Lui-même, parlant de satan, chef des esprits déchus, l'appelle "le prince de ce monde " (Jean 12 : 31), et l'Apôtre Paul, expliquant la parole du Divin Maître, nomme satan "prince des puissances de l'air " (Eph. 2 : 2). Le même Apôtre les distingue entre eux : Principautés, Puissances et Dominations des ténèbres de ce siècle (Col. 2 : 15; Eph. 6 : 12). De là on peut conclure que les anges tombés ont conservé les distinctions de l'ordre hiérarchique des milices célestes, et ont été contraints de se soumettre à satan, le plus fort et le plus mauvais d'entre eux tous. Mais quelle obéissance est-ce là, dans l'habitacle du désordre éternel, de la haine et de la méchanceté, chez ces esprits, dont la bouche éructe sans interruption dénigrements et malédictions ! La Main de Dieu les a précipités dans les fonds infernaux, mais ils peuvent de là se répandre dans l'univers, tourmentés par leurs châtiments et un feu ardent. La haine de Dieu, le désir de vengeance et le désespoir les tenaillent. Voici en quoi réside l'histoire de la lutte entre le bien et le mal : c'est la lutte de satan contre Dieu, car la Sagesse divine permet de faire la guerre au ciel, aux Anges célestes et à l'homme, jusqu'au jour où les portes de l'enfer seront scellées pour l'éternité.

Beaucoup d'incroyants ironisent sur la croyance aux démons; mais peut-on douter de la véracité d'un enseignement si solidement prouvé ? Qu'il y ait des esprits mauvais, que nous appelons démons, est démontré non seulement par le clair témoignage de l'Ecriture Sainte, mais aussi par l'affirmation unanime de toutes les générations et de tous les peuples. Tertullien disait la même chose aux sénateurs romains : « Le nom de démon n'est pas nouveau pour vous. Vos philosophes et poètes ont prouvé qu'ils les connaissaient, ces esprits rejetés de Dieu, dont toutes les intentions sont expressément dirigées vers ce but : comment détruire l'homme » (Tertull. Apolog. § .22). Les actes des esprits mauvais sont tout à fait évidents à ceux qui observent attentivement les événements du monde. Mais pourquoi cette rage avec laquelle ils s'empressent à nous détruire ? N'ayant pas la possibilité d'attaquer Dieu, ils L'attaquent à travers Ses créations, surtout l'homme, fait à Son image et à Sa ressemblance. Quelle infernale jouissance ils trouvent, à salir cette image et enlever au Créateur cette œuvre pour laquelle Il fait apparaître Son amour sans limites ! Qui ne sait, que l'esprit mauvais, incapable de faire le bien, ressent une indicible satisfaction, lorsqu'il peut s'adjoindre pour ses méfaits, des partenaires qui partagent avec lui son châtiment ? Et satan peut-il rester indifférent, quand nous vivons dans l'espérance de la béatitude dont il s'est privé, quand le Seigneur par Sa grâce, nous met au rang des Anges, quand le Fils de Dieu s'assimile à l'image de l'homme, pour faire de nous les héritiers de Dieu ? (Eph. 1 : 11). Il devient enragé à la pensée que les fidèles disciples de Jésus Christ, siégeant sur les trônes majestueux, unis aux Anges, le jugeront à la fin des siècles. Cette jalousie le brûle plus fort que le feu de l'enfer. IL agite le ciel et la terre pour nous attirer dans ses filets. Il retourne contre nous toute la rage de sa colère et devient pour nous le plus dangereux ennemi, non par une attaque ouverte, mais par de sournoises tentations et diverses ruses imaginées par son intelligence.

Pourquoi rappeler la triste histoire de nos malheurs ? Adam et Eve tombent dans les filets du Démon, et deviennent ses esclaves, ainsi que leur descendance. Nous sommes sous sa puissance dès notre conception. Sortis des mains du Créateur, nous tombons dans celles de son ennemi infernal et sur notre front est déposé le sceau de la réprobation (Eph. 2 : 2). Et là débutent tous les malheurs de notre présente situation : ignorance, perversion du cœur, prédominance de la chair. Qui saurait estimer tous nos maux ? Amer est notre état ! Un poison mortel coule dans nos veines et nous portons la mort en nous. Le péché originel a contaminé tout notre être, obscurci notre intelligence et l'a rendue peu propice à la compréhension des sujets spirituels, a dénaturé notre libre arbitre, assombri en nous l'image de Dieu, fait naître la souffrance, les maladies et finalement la mort elle-même. Les hommes de ce siècle, méditant peu et rêvant beaucoup sur eux-mêmes s'estiment en droit de dédaigner cet enseignement sur le péché originel, qui dans tous les siècles a été considéré comme vérité. Laissons-les s'abandonner à leurs raisonnements, quant à nous, écoutons le sage Tertullien : « Lorsque Adam, seul maître du monde, fut subjugué par le serpent-vainqueur, le monde entier entra sous la puissance et les lois de celui-ci. Enorgueilli par ce piètre succès, il défigure l'œuvre dés mains de Dieu et suggère aux hommes une fausse compréhension des étoiles, des éléments, des planètes, des animaux, et les convertit à l'idolâtrie » (Tertul. De testim. animi §3).

Il a assombri la connaissance du Dieu véritable sur toute la terre, et à sa place, il a prédisposé les hommes à se vénérer eux-mêmes. Pour cette raison le Fils de Dieu l'appelle prince de ce monde, et l'Apôtre Paul : le dieu de ce siècle . Toute la nature est souillée par lui, et toute la création soupire vers un renouveau de la vie (Rom. 8 : 21-22). Particulièrement l'homme fut profondément abaissé. Lorsque l'homme devint l'esclave du démon, la miséricorde divine lui promit un Rédempteur; mais l'homme devait rester esclave pendant de longs siècles, pour qu'il comprenne toute la cruauté de son mauvais maître et reconnaisse l'importance et le prix de son rachat.

Enfin, le Messie, que les Prophètes ont toujours prédit, que les peuples attendaient, apparaît, semblable à ce libérateur qui descend vers les ténèbres de la prison, pour en délivrer le malheureux prisonnier. La Sagesse de Dieu avait caché aux démons le mystère de l'Incarnation; Ils viennent dans le désert pour tenter Jésus Christ, et s'en éloignent en tremblant, soupçonnant que celui qu'ils tentaient, un homme tellement merveilleux, est le Fils de Dieu, venu dans le monde pour détruire leur pouvoir démoniaque. Sur Son ordre, ils durent évacuer les corps de ceux qui étaient possédés par les maux (Luc 8 : 29). Alors, ils se sont tournés vers les juifs et les ont incités à livrer à la mort le Fils de Dieu. Satan s'installe dans le cœur de Juda, disciple du Christ, renégat; il embrase de sa colère les saduccéens et les pharisiens et le peuple de Jérusalem. S'étant assuré de la Divinité du Sauveur, malgré son triomphe, il sursaute et tremble, et tantôt pousse Pilate à le condamner, tantôt le détourne de cette décision. Enfin, Christ est sur la croix. La terre tremble, la nuit envahit l'univers; Christ meurt; Son Esprit Divin descend vers les portes de ces lieux, où les âmes des justes étaient retenues prisonnières. Jésus Christ les délie de leurs liens, détruit le pouvoir du démon et triomphe, rayonnant de Divinité devant le ciel, la terre et l'enfer.

De ce jour, où le Grand Sacrifice fut apporté, où la croix du Rédempteur fut élevée sur le Golgotha, la puissance des forces de l'enfer disparaît, et les hommes renaissent dans la vérité et la sainteté. Ceux, dont le nombre était énorme, qui étaient possédés par ces esprits mauvais, arrivaient en foules et se jetaient aux pieds des disciples de Jésus Christ, ceux-ci avaient à peine prononcé le nom du Christ, que les démons s'enfuyaient aussitôt (Luc 10 : 17-20; Mat. 10 : 1; Actes V : 16). Ces miracles étaient fréquents dans les premiers siècles du christianisme. Les païens qui en étaient témoins se convertissaient à la foi chrétienne. Tertullien, dans une discussion avec les dirigeants de Carthagène, leur lança un défi en leur proposant de faire comparaître l'un quelconque de ces malheureux possédés d'un esprit malin; Il leur dit que si le premier chrétien venu intimait au démon l'ordre de s'éloigner, le démon exécuterait l'ordre aussitôt, comme un esclave obéissant.

Bien qu'au cours des siècles qui ont suivi il n'y ait plus eu autant de manifestations de possession des hommes par les esprits malins, bien que le Sauveur soit venu pour cela, pour détruire les œuvres du diable (I Jean 3 : 8), néanmoins, cet ennemi de toujours du genre humain a fait naître durant des siècles bien des persécutions, des hérésies, des schismes, qui ont sans cesse tourmenté l'Eglise. Dieu les tolère pour manifester Sa gloire et la gloire de Son Christ. Par tolérance divine, l'esprit du mal agit dans les cœurs des fils de rébellion, qui, par leur inimitié et leur haine de Dieu et de la foi, voulaient, semble-t-il, égaler les démons eux-mêmes : tels ont été Arius, Nestorius, Eutyches et bien d'autres semblables à eux. Dans une rage infernale, ils se sont dressés contre le Christ et Son Eglise. Ils ont pris la tête de ceux qui mènent combat contre le ciel. Les peuples, dans leur aveuglement, ont cru à leur enseignement; satan a triomphé quelque temps; les cœurs des justes étaient accablés de chagrin; mais le Seigneur est apparu et par le souffle de Sa bouche l'a anéanti , a calmé la tempête, et satan avec ses serviteurs et son armée ont fui vers les ténèbres de l'enfer.

Satan s'efforce toujours de nous séduire par l'espoir d'une jouissance des sens, d'une vie de luxe, mais, honte, remords, tortures de l'enfer, voilà le salaire dont il gratifie ceux qui le suivent ! Jésus Christ au contraire appelle à Lui les hommes qui ont décidé de vaincre le mal, de s'atteler à des exploits vertueux, et de gagner la couronne de l'immortalité dans le ciel. Avec le Christ, la victoire est certaine, et la récompense en est la béatitude éternelle. Et malgré cela, très nombreux sont ceux qui vont servir sous les bannières de satan. Ils le suivent en aveugles, sans la moindre réflexion, semblables aux animaux privés de raison, ils lui permettent de les conduire vers ce gouffre, où ils seront ses victimes éternellement.

V.

La vie est un champ de bataille. Malheur à celui qui n'en sortira pas vainqueur ! La mort éternelle, voilà son sort ! Mais celui qui gardera courage et s'en remettre à la volonté de Dieu, aucun mal ne le touchera. Conduit par la grâce de Dieu, il triomphera, et sa récompense sera le royaume céleste. Qui craint Dieu, est plus fort que tous les démons !, dit un écrivain. Pour soutenir Ses fils fidèles sur ce champ de lutte incessante, pour les mener sans danger sur ce chemin envahi par les destructeurs impitoyable, le Seigneur envoie Ses Anges, gardiens sûrs. Il attribue à chacun de nous l'un de Ses guerriers célestes, qui devient notre Ange gardien, notre défenseur. Ceci est la foi commune à tous les chrétiens, et nos livres saints, la Parole de notre Maître céleste, ne laissent aucun doute là-dessus (Mat. 18 : 10 ; Actes 12 : 15). Mais quel convaincant témoignage les Saints Pères, docteurs de l'Eglise, nous présentent sur les Anges gardiens ! Dès les premiers siècles du christianisme, et jusqu'à nos jours, tous les auteurs spirituels et les hommes de sainte vie nous ont unanimement annoncé cette consolante vérité. Non seulement chaque homme a son Ange gardien, mais chaque famille, chaque société honorable, chaque état. Malheureux, ceux qui ne veulent rien voir d'autre entre le ciel et terre que ce que saisissent leurs yeux de chair ! Et au contraire, combien est heureux le chrétien dans la simplicité de cœur de sa foi ! Quelle harmonie entre ses sensations et la vérité céleste !

La foi nous dit que l'Eglise sur terre et l'Eglise du Ciel forment un tout bienheureux; mais ici, elle est en lutte, et là-bas elle est couronnée de gloire. Les Anges et les bienheureux habitants du ciel sont les amis et frères des hommes sur la terre. L'amour qui est en Dieu, pénètre tous les cœurs de Ses Fils fidèles, les unit dans une pensée et un sentiment unanimes. L'effet de cet amour est d'autant plus fort chez les Anges, qu'ils sont plus rapprochés de Dieu et voient en Lui l'amour éternel et cette bienveillance qui désire notre salut. L'amour est leur vie et leur béatitude; Comment n'auraient-ils pas des sentiments d'amour fraternel envers nous ? Ils nous aiment, autant qu'ils le peuvent, ils nous aiment pour nous-mêmes, parce qu'ils voient en nous les dons de la grâce divine, dont ils sont eux- mêmes emplis. Et réellement, dit le psalmiste, l'homme est une créature seulement de peu inférieure aux Anges (Ps. 8 : 6) Il nous faut être la jeune armée des milices célestes. Les Anges nous aiment en tant que leurs collaborateurs dans les louanges de gloire au Très-Haut. C'est pour cette raison qu'ils prennent une part aussi vivante à notre salut, qui leur est aussi cher que leur propre permanence dans la sainteté. Ils se réjouissent de notre salut, selon la parole de Jésus Christ (Luc 15 : 7). Lorsque nous nous trouvons en chemin vers le ciel, par toutes sortes de mesures ils s'efforcent de nous y maintenir et nous engagent à le poursuivre avec vaillance et persévérance. Mais si nous obliquons vers la voie du déshonneur quels moyens ne recherche leur amour pour nous ramener au Seigneur ! Fils prodigues, rien ne réjouit autant le cœur de notre Père céleste que notre retour dans Ses bras. Que doit donc être touchant le souci de Ses Anges envers l'agneau égaré ?

Les Anges voient la bonté infinie du Seigneur pour les hommes perdus. Donc, voyant ce qu'il donne aux autres, ils savent et apprécient bien, ce dont ils sont eux-mêmes redevables à Sa bonté. Ils se considèrent eux-mêmes aussi comme création de la grâce, miracle de la miséricorde Divine. Car, n'est-pas la bonté de Dieu qui les a tirés du néant, les a illuminés, et, leur ayant attribué la nature angélique, leur a en même temps fait don de Sa grâce ? Comme nous, pour tout ce qu'ils possèdent, ils sont les obligés de la grâce et de la miséricorde Divines. Ils en sont conscients, et c'est pourquoi, désirant remercier le Seigneur de Sa générosité envers eux, ils s'efforcent par tous les moyens de la montrer aux autres : car la meilleure façon d'offrir sa reconnaissance à Dieu, est de L'imiter : Soyez bons, comme est bon votre Père, qui est dans les cieux (Mat. 5 : 48; 6 : 14). Imitez Celui dont vous recevez ce qui est bon et faites-vous le plaisir de la louange pour ce que vous avez reçu de Lui. Ainsi, les Anges célestes, par crainte d'ingratitude envers leur Créateur, s'efforcent de faire le bien à Ses créatures. La miséricorde dont ils font preuve, augmente la valeur de celle qu'ils ont reçue eux-mêmes. Quel but suppose donc la miséricorde dans ces actes ? Son but est d'aider ceux qui en ont besoin, redonner force aux affaiblis, ressusciter les morts, c'est-à-dire, ceux des pécheurs qui se sont tournés vers le repentir. Mais au ciel, il n'y a pas de nécessiteux, il y a là-bas surabondance de biens, il n'y a pas de faibles, pas de malheureux; c'est la demeure de la béatitude infinie. La terre est pleine de malheurs de tout genres, c'est le pays des lamentations et des pleurs, c'est, peut-on dire, la patrie de toutes les détresses. On n'y voit que souffrances, on n'y entend que gémissements. Ne sommes-nous pas tous des prisonniers qu'il faut visiter, des aveugles qu'il faut guider, des égarés qu'il faut orienter, des malades qu'ils faut soigner ? Ah ! quelle riche moisson pour les Esprits bienfaisants, enflammés d'amour, avec quelle hâte et quelle joie ils descendent du ciel, apportant les riches dons de Dieu ! Ils viennent nourrir le pauvre homme du pain de la grâce, lui faire boire quelques gouttes de la source des jouissances célestes, l'aider à délier les liens du péché et l'amener triomphalement dans la Demeure du Père céleste. Quelle satisfaction pour eux de sauver des âmes, que Jésus Christ a rachetées de Son Sang, et qui partageront éternellement avec eux, leur gloire et leur béatitude. Désignés comme messagers par le Roi Suprême, ils désirent de même être nos envoyés envers Lui. Ils sont les Anges de Dieu, Qui les envoie, ils sont aussi nos Anges, parce que nous aussi pouvons les envoyer. Ils n'attendent que nos prières et nos bonnes œuvres pour les présenter à Dieu, car ils savent que nos prières et nos œuvres bonnes seront plus agréables à Dieu, si elles Lui sont présentées par leur intercession : c'est ce que nous dit l'Ecriture Sainte; ainsi s'accomplit la Parole de Jésus Christ : «Vous verrez désormais les Anges de Dieu, montant et descendant» (Jean 1 : 51). Ils descendent nous apporter la grâce, ils remontent pour élever nos louanges et nos prières à Dieu. Pourrions-nous avoir des intercesseurs plus puissants et zélés, des interprètes plus fidèles et dévoués, des amis au cœur plus sensible, et compatissants. Ah ! qui allons-nous donc aimer, si nous n'aimons ces Esprits bienfaisants ? A qui nous confierons-nous, si nous ne les prenons comme nos conseillers et protecteurs ? Quel trésor de pensées saintes, de consolation, d'espérance, de grâce, nous apportent la foi et ces saintes vérités ! Un ami véritable ne vaut-il pas plus que tous les trésors ? Mais quel ami pourrait être comparable à l'Ange gardien ? Qu'est-ce qui peut-être plus important que son mérite, plus tendre que son attachement, plus généreux dans les bienfaits, plus amical dans les rapports, plus sage dans les conseils, plus sûr dans les promesses, plus rempli de sollicitude dans les besoins. (...)

Introduction à Méditations du Chrétien, consacrées à l'Ange Gardien, pour chaque jour, au cours d'un mois. 5ème édition, St. Petersbourg, 1884.

Réédité au Monastère de la Sainte Trinité, Jordanville, 1962 Traduit du russe par N. M. Tikhomirova.

 



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