LE MYSTERE (SACREMENT) DE L'ONCTION *** L'Essence du Mystère Le Mystère de l'Onction est une action sacrée, dans laquelle, pendant que le corps est oint avec l'huile, la grâce de Dieu qui guérit les infirmités du corps et de l'âme descend sur le personne malade (Orthodox Catechism, p. 65). Il est célébré par une assemblée de prêtres, idéalement au nombre de sept; cependant il peut être célébré par un nombre moindre et même par un seul prêtre. Le Fondement Divin du Mystère Même à l'époque de l'Ancien Testament, l'huile signifiait la joie, l'adoucissement, le renouveau de la vie. L'Onction des malades avec l'huile était pratiquée par les Apôtres, comme nous le lisons chez l'Evangéliste Marc (6:13). Ils oignaient d'huile les malades et les guérissaient. Le témoignage le plus clair du Mystère de l'Onction se trouve chez l'Apôtre Jacques (5:14-15): Quelqu'un parmi vous est-il malade? qu'il appelle les prêtres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui, l'oignant d'huile au nom du Seigneur. Et la prière de foi sauvera le malade; le Seigneur le soulagera; et s'il a commis des péchés, ils lui seront remis. L'Apôtre ne parle pas ici d'un "don" spécial de guérison; il indique plutôt la forme définitive de l'action sacrée, qui devait entrer dans l'usage de l'Eglise: sa célébration par les prêtres de l'Eglise, les prières, l'onction; et il joint en conséquence à cela, le soulagement des maladies corporelles et le pardon des péchés. On ne peut comprendre les paroles de l'Apôtre à propos de l'onction d'huile si l'on se réfère à une méthode de guérison en usage à cette époque, parce que l'huile, avec l'ensembe de ses attributs bénéfiques, n'est pas une panacée. Les Apôtres n'introduisirent rien par eux-mêmes, mais ils n'enseignèrent que ce que le Seigneur Jésus Christ leur ordonna, et ce que l'Esprit-Saint leur enseigna; de plus, ils s'appelaient eux-mêmes , non pas les "fondateurs" des Mystères de Dieu, mais seulement les "intendants" des Mystères et les "serviteurs du Christ". En conséquence, l'Onction, qui est ordonnée ici par l'Apôtre Jacques, a également un fondement divin. Dans la littérature chrétienne ancienne, on trouve des témoi-gnages indirects du Mystère de l'Onction chez St. Irénée de Lyon ainsi que chez Origène. Plus tard, on en trouve des témoignages clairs chez St. Basile le Grand et St. Jean Chrysostome, qui établirent des prières pour la guérison des infirmes, lesquelles entrèrent ensuite dans le rite de l'Onction; et de plus chez St.Cyrille d'Alexandrie. Au cinquième siècle, le Pape Innocent I répon-dit à un ensemble de questions en ce qui concerne le Mystère de l'Onction, indiquant dans ses réponses que: a) il devait être célébré « sur les fidèles qui sont malades »; b) il pouvait également être célébré par un évêque, étant donné qu'il ne faut pas voir dans les paroles de l'Apôtre, qu'il appelle les prêtres, une interdiction à l'évêque de participer à l'action sacrée; c) l'onction ne doit pas être célébrée « sur ceux qui encourent une pénitence ecclésiale », parce ce que c'est un "Mystère": « Comment, pour celui auquel les autres Mystères sont interdits, lui en autoriser un seul ? » Ce Mystère est célébré sur les malades capables de le recevoir consciemment et de participer à la prière pour eux-mêmes; cependant, il peut également être célébré sur des enfants. Le lieu où peut s'accomplir l'acte sacré peut être soit l'église soit la résidence du malade. Le Mystère de l'Onction est habituellement précédé de la Confession et suivi par le Mystère de la Communion. L'aspect visible du Mystère consiste, selon les règles, en sept onctions d'huile sur la personne malade par les prêtres participants, onctions effectuées sous forme de croix, sur le front, les narines, les lèvres, la poitrine, et les deux côtés des mains, et accompagnées par des prières et par la lecture de passages spécifiques des Epîtres et de l'Evangile. Pendant l'onction elle-même, la prière suivante est prononcée sept fois: "Ô saint Père, Médecin des âmes et des corps, qui envoya Ton Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ, Qui guérit toute infirmité et délivre de la mort : Guéris aussi Ton serviteur (nom)," et ainsi de suite. Le rite de l'Onction commence avec le chant des tropaires et un canon; la prière finale du rite est une prière de rémission des péchés. Une assemblée entière de serviteurs du Seigneur se tient devant Lui au nom de la personne malade, et par une prière de foi au nom de l'Eglise entière prie Le Très Miséricordieux, d'octroyer à l'infirme la rémission de ses transgressions et de purifier sa conscience de toute souillure. Il faut également avoir en tête le fait qu'une personne qui a grandi dans une faiblesse de corps et d'esprit, n'est pas toujours capable d'offrir correctement la confession de ses péchés. Cet allègement de la conscience de la personne qui reçoit le Mystère de l'Onction permet également la guérison dispensatrice de grâce de son infirmité corporelle, par la confession de foi. Un rite spécial de l'Onction est autorisé et parfois pratiqué. Il est célébré sur de nombreuses personnes à la fois, au cours d'une journée désignée spécialement à cet effet, pour la guérison générale des infirmités de l'âme et du corps, mais ce rite n'est pas rigoureusement identique à celui du Mystère de l'Onction (1). L'Onction chez les protestants et les catholiques romains Les protestants ont rejeté le Mystère de l'Onction, bien que Luther, au moins au début, n'ait pas été opposé à son usage dans l'église. La confession romaine, jusqu'à présent, donne l'Onction seulement aux personnes qui sont sur le point de mourir, comme une forme de préparation à la mort, et c'est pourquoi ce Mystère est appelé "Extrême Onction" chez les catholiques romains, le Sacrement des mourants. Un tel enseignement est apparu au douzième siècle et se trouve clairement en contradiction avec les paroles de l'Apôtre Jacques. Dans l'Eglise, depuis les temps anciens, les mourants recevaient, en guise de préparation à la mort, la Sainte Communion au Corps et au Sang du Christ (2). 1) Dans ce rite, célébré habituellement le soir du Mercredi de la Passion, comme en guise de préparation à la mort et à la mise au tombeau de notre Seigneur, tous ceux qui sont présents avancent afin d'être oints par l'un des sept (ou moins) prêtres. Le rite est identique au Mystère de l'Onction, sauf dans le cas où il y a beaucoup de monde (et sept prêtres), alors les onctions peuvent toutes être célébrées ensemble à la fin du service, au lieu de l'être consécutivement à chaque lecture de l'Evangile, accompagnées d'un refrain chanté sur une mélodie spéciale du carême. 2) Cela ne veut bien sûr pas dire, que le Mystère de l'Onction n'est pas célébré sur les mourants; ceux qui meurent au terme d'une longue maladie peuvent même recevoir l'Onction à plusieurs reprises au cours de cette maladie. Cependant, l'Onction est un Mystère distinct, destiné à la guérison des malades, et qui n'est pas nécessairement associé aux rites administrés aux mourants, qui incluent d'habitude, la Confession, la Sainte Communion, et la Prière pour le Départ de l'Ame (lorsque la mort est proche). Si la personne malade meurt, l'huile consacrée destinée à l'Onction est, selon l'ancienne tradition, versée en forme de croix sur son corps, dans le cercueil, à la fin du service des funérailles. Archiprêtre Michel Pomozansky Pravoslavnoe Dogmatitcheskoe Bogoslovie, Jordanville, 1963 (2ème partie, pp.200-202) ou, dans sa version en anglais, Orthodox Dogmatic Theology, Platina, Cal. 1984 , pp 304-307. traduction de Pierre Frugier
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