LE CIEL SUR TERRE . ENSEIGNEMENT DU SAINT JUSTE JEAN DE CRONSTADT

 


LE CIEL SUR TERRE .

ENSEIGNEMENT DU SAINT JUSTE JEAN DE CRONSTADT

SUR LA DIVINE LITURGIE

 

La Prothèse.

 

L'office débute.

Selon la conception établie, le Père Jean divise la Liturgie en trois parties : Prothèse, Liturgie de Catéchumènes, et Liturgie des fidèles. De la première, d'ailleurs, il parle peu, et des “catéchumènes”, encore moins. En ce qui concerne la première, cela s'explique par le fait que la Prothèse est, en somme, une partie préparatoire. De plus, elle est effectuée par le prêtre secrètement, mais à la Liturgie des catéchumènes, lui, libre fils du Seigneur, se donne déjà totalement à la joie de l'amour des “fidèles”.
Ce que ressentait le Père Jean n'est connu pleinement que de Dieu et de lui-même. Son journal n'est qu'un faible écho de sa force, une lueur des fulgurances d'éclairs lointains et de tonnerres, reflet de feu dont il brûle. Il dit lui-même que pour la Parole de Dieu, pour l'office divin et particulièrement pour la Divine Liturgie, il faut un cœur à l'écoute, une intelligence subtile, mais en même temps, à chacun son état propre.
“Celui qui prie doit, pendant la prière, avoir sa propre pensée vivante, son propre sentiment de chaleur”.

Toutefois, les pensées fondamentales, et les dispositions, sont amenées par le déroulement de la Liturgie. C'est pourquoi il est indispensable d'y concentrer toute son attention, afin de se fondre dans l'Eglise, dans son service, “plénitude de sagesse, de beauté, de l'ordre Divin”.
”Généralement, - dit le Père Jean , - à la Liturgie, tous les rituels, les actes des prêtres et les prières, exigent l'attention et une compréhension épurée, un esprit alerte et brûlant de foi et d'amour, car tout ce saint Office est Sagesse de Dieu. En un laps de temps si court, dans un espace aussi restreint sont rappelés tant d'évènements d'une telle immensité, survenus à des époques et en des lieux divers ! Il faut, là, à tout instant suivre, par le regard, l'ouïe, la pensée, le cœur, chaque parole, acte et rite, pour ne rien perdre, ne pas omettre par inattention un enseignement, un conseil édifiant. Oui, la Liturgie exige une âme subtile, purifiée, libérée de liens passionels et des soucis de la vie, une âme qui s'élance vers les hauteurs ! “Elevons nos cœurs !” Comment penses-tu à des futilités lorsque tu te tiens à cette céleste, Divine Liturgie ? Pourquoi ton âme est-elle occupée par des pensées sur ton apparence, ta coiffure, tes ornementes, des calculs humains ? Présente à Dieu, dans ces instants une âme embellie par la foi, la chasteté, la douceur, l'humilité, la bonté, la sérénité, la sagesse ! Voilà ton habillement, voilà tes ors agréables à Dieu !
Et lui-même se donnait totalement à Lui : d'emblée, le Père Jean entrait en contact direct avec un autre monde. Et aussitôt alors, une particularité attirait son attention. Un particularité que nous, simples pélerins, ne remarquons pas, parce que nous y sommes habitués, et aussi à cause de la superficialité de notre prière, mais qui en disait long à son âme vivante :

“Pourquoi tous nos offices sont-ils composés sous forme de dialogues (conversation,entretien) ? C'est là - Sagesse de Dieu - Que celui qui lit, comprenne !” (Mat. 18: 20). “Pourquoi toutes les prières et les hymnes à la gloire du Seigneur, de la Mère de Dieu, des saints Anges et des Saints sont-ils toujours adressés à la deuxième personne: toi, vous ? C'est parce qu'ils établissent une sorte d'entretien réciproque de l'un avec l'autre, ou de plusieurs personnes avec Dieu, la Mère de Dieu, les saints Anges, le juste saint, ou avec leur chœur dans son ensemble, et nous les supposons nécessairement attentifs à nous, présents avec nous, ou en Dieu - très proches de nous. Et cela doit toujours nous inspirer ... le devoir de sans cesse les prier, les glorifier, leur rendre grâce, demander, d'un cœur simple, dans la foi en leur proximité, leur bonté, leur mansuétude, leur prompte écoute, avec un cœur pur, dans la crainte de Dieu, l'espérance et l'amour, dans l'attention du cœur et avec zèle, en regrettant sincèrement nos innombrables chutes dans le péchés”. Ce “toi” et “nous” exprime la présence directe du Sauveur Lui-même parmi nous.
“Le Seigneur a dit : “Là ou deux ou trois se sont rassemblés en Mon Nom, Je suis au milieu d'eux” (Mat. 18 : 20). Donc, si deux seulement ont célébré matines, liturgie ou vêpres, et qu'il n'y ait eu personne d'autre, sans doute aucun le Seigneur était aussi au milieu d'eux, car Sa promesse est Vérité”.
Et même si un prêtre officiait seul, ainsi que nous allons le voir de suite, là encore, il n'est pas seul ...
“Pour la co-participation au service de la Liturgie, il est fait appel, à la Prothèse, et au cours de la Liturgie, à tous les saints, en commençant par la Mère de Dieu. Tous les Saints et tous les Anges participent au service avec le prêtre”...
Et voici qu'il n'est jamais seul ! Et en outre, le prêtre accomplit habituellement la Prothèse avant la Liturgie et les Heures dans une apparente solitude. Et les Reclus, célébrant la Liturgie pendant de nombreuses années, n'étaient pas solitaires, mais dans la plénitude de l'Eglise : les Anges et les saints étaient invisiblement avec eux, et en esprit ils se tenaient avec ceux pour lesquels ils priaient. Tels étaient : l'Evêque Théophane le Reclus, le Hiéromoine du Grand Habit Parféni de Kiev et d'autres.
Toute la majesté de la Liturgie à venir s'ouvrait instantanément à la vision du Père Jean. Pour lui, la Prothèse n'était pas seulement une préparation à cette Liturgie, mais la graine hors de laquelle s'épanouirait ensuite tout l'office.
“La Prothèse est en quelque sorte un sommaire de la Liturgie, son image, un raccourci de l'ensemble”.
“Majesté, Sainteté, Don de vie, amplitude sans mesure du terrifiant sacrifice du Christ, apparaissent déjà dans le contenu de la première partie de la Liturgie - la Prothèse - au cours de laquelle se prépare la substance du Mystère de l'Eucharistie, le pain et le vin, ou Agneau de Dieu s'immolant éternellement pour les péchés du monde entier, ainsi que dans le sacrifice de louange pour tous les saints”.
“L'Agneau Lui-même, sous l'apparence d'une part de pain, est visible et proposé, et les hommes rachetés par Son Sang à la Prothèse sont commémorés par l'image des parcelles de pain retirées des prosphores, ainsi est montrée l'unité des natures humaine et divine, unies mais non fondues en Jésus Christ et en nous, qui communions en Lui : “Celui qui mange Ma chair et boit Mon Sang est en Moi, et Moi, en Lui ”(Jean 6 : 56). “Celui qui s'unit au Seigneur, est un seul Esprit avec Lui ” (I Cor. 6 : 17).
Le Père Jean a déjà immédiatement pressenti toutes les grâces fondamentales de l'Eucharistie, et particulièrement la principale - la bienheureuse relation, l'unité de tous ceux qui ont été rachetés, de toute l'Eglise du Christ.
“En retirant les parcelles à la gloire de la Mère de Dieu et des saints, puis des vivants et des morts”, ce qui se fait habituellement à la Prothèse (quoique dans l'antiquité, le moment principal pour ce faire venait après la transsubstantiation des saints Dons) “souviens-toi du lien étroit entre le Seigneur et les saints, entre Lui et ceux qui vivent pieusement sur terre et ceux qui sont morts dans la foi et la piété. Souviens-toi du lien étroit entre nous et les saints et ceux qui sont morts en Christ, et aime les tous, comme membres du Christ et comme tes propres membres”.

Et le Père Jean recommande de retirer les parcelles et de prononcer les noms “d'un cœur rempli d'amour”.
Plus loin, dans ses notes, il énumère dans l'ordre, la façon de retirer les parcelles pour les saints, pour les vivants et pour les morts ... Et alors, il s'exclame, comme si c'était déjà accompli - ou que déjà étaient prévus leur rachat et leur salut : “Quel grandiose sacrifice divin ! Quelle démesure, quelle largesse ! Combien ont été rachetés par lui, combien de péchés a-t-il couverts, que d'âmes il a revivifiées, renouvelées, sanctifiées, raffermies dans la lute contre les péchés, les tentations, les ennemis de chair ou incorporels ! Que d'âmes il a divinisées, rendues célestes, parfumées, incorruptibles, immortelles, qu'il a glorifiées ! Pour quelle masse incalculable d'âmes, vivant sur terre, et de déjà défunts, il est offert à la miséricorde du Seigneur Dieu, intercession pour leur grâce ou leur pardon, ou pour les bienfaits, leur santé et leur salut ! Quelle largesse incommensurable ! Quel amour démesuré pour une foule de gens vivants et morts, et qui s'étend dans le rachat, guérissant, éclairant, divinisant. Merveilleux Sacrifice ! En vérité - Sacrifice Divin ! Et nous, prêtres, dans la généralité, charnels, paresseux, pécheurs, impurs ... O “Roi du Ciel ! Viens et demeure en nous, et purifie-nous de toute souillure”, afin que nous aussi célébrions dignement, d'un cœur pur, dans l'intelligence et dans l'élévation de l'esprit, un aussi grand Mystère !”.

“Batiouchka” éprouvait, au cours de la Prothèse, déjà les émotions de la Liturgie. Quant à nous, nous nous hâtons, nous raccourcissons le temps, nous retirons machinalement les parcelles des prosphores, nous ne lisons pas nous-mêmes les noms dont il est fait mémoire, mais en chargeons quelqu'un d'autre, sans écouter pour qui nous retirons les parcelles. Et c'est bien sûr, grâce à cela que nous nous “ennuyons”, et aussi que nous nous hâtons ...
Alors que le retrait des parcelles pour les vivants et les défunts - est placé par le Père Jean - suivant en cela toute l'Eglise - au-dessus des prières pour eux, comme étant de plus grande valeur, plus salutaire, apportant davantage de bienfaits. Et en outre, doublement bénéfiques, car à travers l'Agneau de Dieu, nous-mêmes nous unissons plus réellement à ceux qui sont commémorés, qu'à travers nos prières pour eux.
“Priant ... et surtout donnant à retirer les parcelles pour la santé et le salut et pour le repos de l'âme”, “vous communiquez” avec tous lors de la Prothèse et de la Liturgie. C'est aussi ce que recommandait le saint et sage staretz Macaire d'Optino. Et c'est aussi ce en quoi croit le simple peuple : offrir une “petite prosphore” est considéré par lui, très justement, comme plus important que la froide énumération des noms par le diacre dans l'ecténie, “retirer une parcelle”, plus de valeur même que la prière de l'archiprêtre, puisque cette parcelle sera, en son temps, plongée dans le Sang de l'Agneau, avec cette prière : “Lave, Seigneur, par Ton Sang Très Précieux, et les prières des saints les péchés de ceux qui sont ici nommés”. Justement ces prières-là, celles de la Mère de Dieu et des saints, sont précieuses, c'est pourquoi elles sont dites, et les saints prieront, parce que, représentés par les parcelles, ils sont déposés aux côtés des vivants et des défunts commémorés. Ils sont proches, unifiés ... Mais ce n'est pas d'eux, malgré tout, qu'il est parlé en premier lieu, mais : “Lave, Toi-même, Seigneur, par Ton Sang Très Précieux, ceux dont il est fait ici mémoire”.

(…)

Extrait de Le Ciel sur la terre., p.75-80

Enseignement du saint juste Jean de Cronstadt sur la sainte Liturgie. Composé d’après ses œuvres par l’Archevêque Benjamin.

Editions Saint-Elie - Forestville, Californie 1978

Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.

 

 

 



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