La Glorification de notre Père dans les Saints Jean, Archevêque de Changhaï et de San Francisco.
La Glorification de notre Père dans les Saints Jean, Archevêque de Changhaï et de San Francisco. La porte de la chapelle dans laquelle les évêques étaient réunis en concile s'ouvrit; aussitôt il se levèrent et entonnèrent le cantique de louange en l'honneur de St Innocent, métropolite de Moscou, de St Nicolas, archevêque du Japon et de St Jean, archevêque de Changhaï et de San Francisco. Le concile des évêques venait de décider de leur canonisation. C'est lors de cette procession, où nous étions aller chercher les évêques pour les Vigiles dominicales, au monastère de Notre Dame de Lesna à Provémont, que je pris conscience qu'un saint avait vécu parmi nous : Monseigneur Jean (Maximovitch). Il me semblait si proche. Monseigneur Jean avait étudié le droit en Russie, la théologie à Belgrade avant d'occuper le siège épiscopal de Changaï, puis de l'Europe Occidentale dans les années cinquante. De nombreuses personnes qui vivent avec nous ont connu Monseigneur Jean lors de son séjour en Europe et nous transmettent aujourd'hui un témoignage vivant de sa foi, de son amour de Dieu et des hommes. Le Père Michel de Castelbajac, qui fut ordonné prêtre par Monseigneur Jean, nous lut une conférence sur la vie édifiante de ce nouveau saint. Ma décision était prise, je partirais pour San Francisco, dernier siège épiscopal de Monseigneur Jean, pour assister à sa canonisation. Un petit groupe s'organisa de France, qui partit quelques jours avant la canonisation de façon à assister aux conférences préliminaires, mais aussi afin de se recueillir auprès du cercueil de Mgr Jean. Des panikhides étaient célébrées en permanence dans le caveau situé sous la Cathédrale de Notre Dame Joie de tous les affligés à San Francisco. Tous les pèlerins n'étaient pas encore arrivés; nous avons donc pu nous recueillir, prier et faire brûler quelques cierges pour nos amis et notre famille avant les cérémonies de la canonisation. Les conférences, précédées de la Divine Liturgie, nous ont permis de nous préparer à la canonisation. Le père Alexandre Krassovsky nous a parlé de la vénération des Saints, le père Serge Kotar de la vénération des Saintes reliques, le père Valéry Loukianoff de notre vie dans l'Eglise, de la façon de vivre notre foi, le père Pierre Perekrestoff de la confession, enfin le père Pierre Loukianoff a dépeint la période qui a suivi la mort de l'Archevêque Jean, mais nous a aussi fait partager les quelques années qu'il a vécues en compagnie de Monseigneur Jean, lorsqu'il était son acolyte. Chaque prêtre nous a parlé de Mgr Jean, évoquant les souvenirs personnels qu'il en avaient gardés. Ceux d'entre eux qui avaient participé à l'invention des reliques nous ont décrit cet instant unique où, après avoir ouvert le cercueil, ils trouvèrent les reliques incorrompues. Après une dernière conférence sur l'Archevêque Jean organisée dans la grande salle paroissiale de l'Eglise, nous étions prêts pour les cérémonies de la glorification. Le Jeudi soir, une parastase, office funèbre en la mémoire de Monseigneur Jean, fut célébrée par tous les évêques et les prêtres. Puis, le vendredi matin, une Liturgie pour les défunts, au cours de laquelle furent commémorés Mgr Jean ainsi que ses parents, les membres défunts de sa famille et les évêques qui l'avaient ordonné ou consacré, fut présidée par le Métropolite Vitaly, arrivé la veille avec les deux icônes miraculeuses de la Très Sainte Mère de Dieu, celles de Koursk et d'Iviron, en présence desquelles allait se dérouler toute la canonisation. Alors que, depuis la veille, s'étaient succédés sans interruption, au caveau du Saint, panikhides et molebens (à saint Jean de Tobolsk, le saint patron de Mgr Jean), en début d'après-midi, le Métropolite, auquel s'était joint une partie du clergé, accompagna les reliques incorrompues de l'Archevêque Jean en procession tout autour de l'église jusqu'à l'intérieur. Le cercueil en bois, fermé, reposait maintenant au milieu de la cathédrale, l'icône de Saint Jean, voilée, posée dessus. Tout le clergé - quatorze évêques, plus d'une centaine de prêtres, une quinzaine de diacres - trois chœurs et des milliers de pèlerins venus du monde entier célébraient une dernière panikhide pour Mgr. Jean. Le Métropolite Vitaly présida ensuite les Vigiles de la glorification. Durant les Matines, au cours du Polyéléos, le Métropolite enleva le couvercle du cercueil où se trouvaient les reliques et dévoila l'icône de St Jean qui fut brandie au milieu de l'église, offerte à la vénération de tous les fidèles. A ce moment, tout le clergé, tous les fidèles, tous les anges et tous les saints glorifiés par Dieu, entonnèrent d'un seul cœur un cantique de louange en l'honneur de Saint Jean. Nous n'étions plus à San Francisco, mais dans les hauteurs célestes... Chacun eut alors la possibilité de se prosterner devant le corps intact, de se faire oindre avec de l'huile de la veilleuse allumée devant les reliques de Saint Jean. En bénédiction, chaque pèlerin reçut une icône, bénie sur les reliques, du Saint. Pendant ce temps, Mgr Antoine de San Francisco, aidé par quelques prêtres et séminaristes de Jordanville, chantait le canon de l'office dédié à St. Jean. Quelle émotion que d'entendre cet office, écrit par Monseigneur Antoine lui-même, chanté pour la première fois, un office qui relate les épisodes de la vie de St Jean et prend sa force dans les reliques incorrompues qui sont là, au milieu de l'église ! Monseigneur Ambroise de Vevey présida la première des trois Liturgies prévues ce samedi, qui commençait à 2 h dans la nuit. Tous les membres de notre groupe venu de France y assistaient, dans une église pleine, malgré l'heure très matinale. Deux chœurs chantaient avec ferveur, alternant le slavon et l'anglais. Une vingtaine de prêtres concélébrait, avec l'aide de quelques diacres. La célébration de ces trois offices successifs, chacun sur l'un des autels de la cathédrale, a permis à tous, dans cette foule de clergé et de fidèles, d'assister à l'une des liturgie à l'intérieur même de la cathédrale et de communier. Après la dernière liturgie, commençant à 7h30, présidée par le Métropolite Vitaly, tout le clergé et les fidèles se réunirent pour célébrer à St Jean son premier molében, au cours duquel les reliques furent portées en procession tout autour du quartier, fermé depuis l'aube à toute circulation. Une procession impressionnante, unique dans son ampleur, à laquelle prenaient aussi part à leur manière les badauds et les familles perchées aux fenêtres. De retour dans l'église, les reliques furent placées dans un "kivot" (un édifice de bois sculpté) spécialement construit pour les accueillir. Chaque fidèle eut alors à nouveau la possibilité de se prosterner devant elles. Le Métropolite Vitaly, entouré des Evêques, présida ensuite un banquet qui rassembla deux mille personnes, et au cours duquel fut lue la vie de Saint Jean de Changhaï, le nouvellement glorifié. Puis l'assemblée fut conviée à assister aux Vigiles dominicales. Il est difficile de partager les sensations que l'on éprouve, lors d'un tel événement. Comment exprimer avec des mots la puissance de la bénédiction que l'on reçoit ? Comme l'a dit si justement une des moniales qui a assisté à la canonisation : "Je ne peux pas vous raconter mes impressions, mais maintenant, je sais comment ce sera au paradis, pour l'avoir vécu lors de la glorification de Saint Jean". Jean de Tiesenhausen.
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