Image de la pénitence : Image de la Sainte Russie Homélie prononcée à l’occasion du 700° anniversaire de l’icône de Koursk Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ! Chers Frères et Sœurs bien-aimés ! Je vous félicite tous à l’occasion de cette grande fête de notre Eglise Russe Hors-Frontières: le 700ème anniversaire de l’apparition de l’icône de la Mère de Dieu de Koursk et les 75 ans de son existence dans la diaspora, au sein de l’Eglise Russe Hors-Frontières. Si nous voulons mettre en lumière toute la beauté et la profondeur de cette icône, dans laquelle est toujours présente la Très-Sainte Mère de Dieu en personne, il nous faut revenir en arrière dans l’histoire de l’Eglise et souligner le don immense reçu de Dieu par l’Eglise Russe. Nous disons qu’il existe trois Rome: la Rome antique qui par la multitude de ses Martyrs a brisé l’échine d’airain de l’Empire romain. Cette Rome païenne a beaucoup apporté au monde chrétien en nous léguant sa loi et en définissant la personne humaine comme une entité juridique; elle traça des voies innombrables et pacifia l’Europe entière en l’unifiant en un grandiose Empire romain au sein duquel naquit notre Sauveur. Les saints Martyrs de l’Eglise chrétienne naissante, qui reçurent l’enseignement des saints Apôtres eux-mêmes et de leurs disciples, l’assimilèrent d’une façon si évidente et admirable qu’ils semblaient aller en procession au-devant de leurs terribles souffrances. Le sang qu’ils répandirent transfigura l’Empire romain. Jusqu’à ce jour nous vénérons ces grands et saints Martyrs et l’Eglise les vénérera jusqu’à la consommation des siècles. Vint ensuite la Nouvelle Rome, Byzance, au sein de laquelle la doctrine de l’Eglise orthodoxe devait passer à travers le creuset de la pensée, de la raison et de la compréhension humaines, ce pour quoi fut mis à profit l’héritage de la Grèce qui, depuis les temps les plus reculés, s’exerçait à manier les syllogismes humains. Son héritage philosophique fut mis à profit pour systématiser la doctrine de l’Eglise orthodoxe. Ce fut là le mérite immense de la Deuxième Rome: Constantinople. Puis, lorsque cet Empire fut détruit, car il n’est rien d’éternel sur terre, vint la Troisième Rome, Moscou, et nous ne devons pas avoir honte à dire que Moscou fut bien la Troisième Rome. Que reçut donc Moscou? Quel don de Dieu reçut la Sainte Russie? Nous savons au prix de quelles souffrances les saints pères des périodes précédentes ont défendu la foi orthodoxe dans toute sa pureté contre des hérétiques sans nombre. Lorsque l’Orthodoxie se répandit à travers l’immensité des plaines de Russie, l’âme russe, dans sa sobornost, chercha alors ce don de Dieu qu’elle trouva en se tournant vers Sa Très-Sainte Mère. Le peuple russe vénère tout particulièrement la Mère de Dieu, cette vénération est même un des signes distinctifs de notre patrie, de nos traditions orthodoxes. Certes, beaucoup d’autres peuples vénèrent également la Mère de Dieu, mais le peuple russe par un amour et une vénération tous particuliers choisit la Mère de Dieu comme étant la Porte ouvrant sur le Royaume Céleste. La Mère de Dieu devint notre Protectrice particulière, car il n’est pas de région dans l’immensité du défunt Empire de Russie qui n’ait été sanctifié par la manifestation d’une de ses nombreuses Icônes miraculeuses jouissant d’une vénération locale ou universelle. Toute la Terre Russe était sanctifiée par ces saintes Icônes et le peuple russe croyait inébranlablement que la Mère de Dieu est Elle-même en personne présente auprès de chacune d’elles. Telle est notre particularité: à travers la Mère de Dieu nous pénétrons le Royaume des Cieux. La Mère de Dieu est inséparable de Son Fils, le Christ notre Sauveur. Cette représentation particulière de ces Icônes nous vient de la tradition la plus antique qui nous rappelle que des libres-penseurs insolents observant la Mère de Dieu du temps de Sa vie sur terre, s’exclamaient: “Comment serait-Elle Mère de Dieu? Comment aurait-Elle pu engendrer Dieu? Comment serait-ce possible?”. Alors, la Mère de Dieu leva Ses bras très-purs au Ciel implorant le secours de Dieu, et c’est précisément ainsi qu’Elle est représentée sur l’Icône miraculeuse de Koursk. Et à tous les incrédules de ce monde, le Seigneur fit apparaître sur l’Icône l’image du Sauveur dans le sein de Sa Mère. Les gens effrayés à la vue d’un tel prodige furent saisis par la crainte de Dieu, alors que les insolents, défaits par leur propre orgueil incurable, s’enfuirent effrayés, car à travers le visage du Sauveur ils avaient vu le Juste Juge du second avènement. Regardez notre Icône. Elevant Ses bras très-purs de Mère de Dieu, elle semble s’adresser à tous les incroyants, mais aussi à tous les croyants afin de les prémunir de l’incroyance. C’est, pour notre peuple, la meilleure des preuves de ce que la Mère de Dieu est en vérité Theotokos, qu’Elle a bien enfanté notre Sauveur Dieu. Cette particularité de la piété russe dans sa vénération de la Mère de Dieu répond à l’espoir et à l’attente traditionnelle de l’âme russe de sentir de façon réelle et claire la grâce Divine, qui ne saurait aucunement être un quelconque concept abstrait. La Mère de Dieu a manifesté Sa protection aux plus grands de nos saints russes, comme saint Serge de Radonèje à qui Elle apparut à de nombreuses reprises, de même qu’Elle le fit pour un autre de nos grands saints, plus proche de nous par le temps, Séraphim de Sarov. Souvenez-vous comment, assis sur un tronc d’arbre dans une forêt profonde, il montra à Motovilov la grâce de Dieu de manière manifeste, sensible. Saint Séraphim le prit dans ses bras et soudain la grâce de l’Esprit-Saint le saisit, passant du saint à lui, et il sentit qu’il n’était plus sur terre, mais dans les cieux. Dans la crainte et le tremblement il appréhenda la grâce Divine. Voilà ce que recherche le peuple russe : il veut appréhender, réellement, parfaitement, la grâce de Dieu. Là réside l’idéal de l’âme russe. Frères et sœurs bien-aimés, nous ressentons tous aujourd’hui de la tristesse, nous éprouvons tous de l’amertume pour notre Patrie qui jadis était appelée Maison de la Très-Sainte Mère de Dieu. C’était la Sainte Russie qui avait été sillonnée de part en part par les saints de Dieu et avait abondamment été arrosée par les larmes du repentir. Il en fut tellement versé de ces larmes, qu’il aurait sans doute été possible de s’y faire baptiser comme dans une eau baptismale. C’était en réalité la Sainte Russie, mais tout cela fut piétiné lorsque l’on se détourna de toute cette sainteté portée par la Terre Russe. Et celui à qui il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé. Nous ressentons en permanence de l’affliction pour notre Patrie, pour la Sainte Russie et tous nous devons prier pour elle car sur chacun de nous repose une part de la responsabilité pour ce qu’il lui arrive. Nous sommes les descendants de ceux qui vivaient à l’époque où la Russie connut la tiédeur spirituelle et il nous est toujours aussi difficile de surmonter cette prédisposition pécheresse que, dans la diaspora, nous partageons avec nos frères de Russie. Il nous faut faire pénitence pour rétablir en nous l’idéal spirituel de la Sainte Russie, c’est là notre unique moyen pour modifier le destin du peuple russe. Lorsque ce peuple, qui est un grand peuple, retrouvera la foi en Dieu, se tournera à nouveau vers Lui, alors l’humanité entière en ressentira les effets. C’est pourquoi, chers frères et sœurs bien-aimés, chacun d’entre nous doit élever des prières afin que le Seigneur nous aide à ressusciter notre Patrie. Lorsque, dans notre pière, nous demandons: “Seigneur, sauve la Russie”, ce n’est pas à l’espace géographique que nous pensons, la Russie c’est chacun d’entre nous. Tous nous portons la responsabilité devant Dieu pour la ruine et la renaissance de la Russie. Que chacun d’entre nous se reprenne en mains, fasse acte de pénitence, se mette à genoux et, sans même dire des prières tirées d’un “Livre de prières”, élève simplement ses mains à l’image de la Mère de Dieu, et dise: “Seigneur, pardonne-moi, Seigneur ait pitié de moi, viens à mon aide”, mais le dise du fond de son cœur. A compter de ce moment commencera la renaissance. Ceci, chacun doit le faire, absolument, à titre personnel, car nous sommes tous une parcelle de la Sainte Russie, une parcelle vivante. Nous sommes des êtres vivants et non des objets inanimés. Chacun de nous est responsable, chacun de nous doit pouvoir, s’il en prend la ferme décision, infléchir le cours de l’histoire de la Russie vers Dieu. Il est inutile d’imaginer quoi que ce soit d’autre, d’espérer l’aide de qui que ce soit. Il suffit de répondre de ses actes et de ne pas oublier les paroles de saint Séraphim de Sarov: “Sauve ton âme et mille autour de toi seront sauvés”. Ces paroles de ce grand saint, de cet homme de prière doivent nous aider à penser à notre propre salut, à nous mettre sur cette voie de la pénitence. Il n’est pas d’autre issue pour la Russie et pour le monde entier car si la Russie doit définitivement périr, le monde entier périra, si la Russie se relève elle amènera immanquablement le monde entier à sortir de sa torpeur. Nous sommes tous unis entre nous et le destin de l’humanité est lié à celui de la Russie où se déroule ce mystère immense de la lutte des forces du Mal contre celles du Bien, la lutte de Satan contre Dieu. Tous nous sommes partie prenante de cette lutte, même si nous avons quitté la Russie, mais avons gardé en nous un cœur russe. Prions la Mère de Dieu de la prière qui Lui est la plus agréable, celle par laquelle Elle nous apprend à aimer le Christ Sauveur. Voilà ce qu’attend de nous la Mère de Dieu : que nous aimions notre Sauveur et Dieu et, entendant notre prière, Elle nous apportera son aide. Nous pourrons alors voir combien nous sommes éloignés de Dieu, même lorsque nous voulons nous unir à Lui dans Son Royaume, ce qui donnera force et sincérité à notre pénitence. La pénitence est une force qui change tout, il est en son pouvoir de métamorphoser le monde. Tout ce qui a pu être fait ou écrit de meilleur au sein de l’Eglise orthodoxe est un fruit de la pénitence. A commencer par le roi David qui pêcha gravement par le meurtre et l’adultère et nous légua le Psaultier, suprême modèle de prière, comme fruit de sa pénitence. Ainsi, frères et sœurs bien-aimés, demandons à la Très-Sainte Mère de Dieu de nous apprendre à aimer notre Dieu et Sauveur et qu’Elle nous aide à retrouver ce don de Dieu : la pénitence. Il est inutile de s’en remettre à l’expérience ou l’intelligence de quelque parti politique ou programme, mais il convient pour nous de prendre conscience de notre responsabilité devant Dieu: tous, nous sommes une petite parcelle du peuple russe. C’est pourquoi il a été dit : on ne peut que croire en la Russie. Amen Métropolite VITALY Traduction Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty
Allocution prononcée en l’honneur de l’icône de la Mère de Dieu de Koursk le jour de son 700ème anniversaire.A chaque période de l’histoire, par la permission divine, l’Eglise du Christ est agitée par le mal antique du diable aux multiples facettes, cette source éternelle et véritable de tous les maux et de toutes les révolutions. L’Eglise a connu des ennemis venant aussi bien du dehors que de son sein, qui la persécutaient et faisaient couler le sang de Ses martyrs. Le Seigneur a toujours toléré toutes ces adversités, afin de mieux faire apparaître les serviteurs authentiques de Dieu qui L’adorent en esprit et en vérité, et de les séparer de l’ivraie irresponsable. Dans l’Eglise du Christ il ne peut y avoir le moindre écart par rapport à la Vérité, par rapport au Christ. Si quelqu’un commet un tel écart, il est inévitablement entraîné sur une voie qui le mènera progressivement hors de l’Eglise et il poursuivera sa fuite funeste jusqu’aux tréfonds de l’enfer, à moins qu’il ne se repente dans cette vie. Quelle est donc cette tentation qui, de nos jours, nous trouble tous? Je pense que sans même la nommer, vous comprendrez tous que je veux parler de la hiérarchie du Patriarcat de Moscou. Nous en sommes d’autant plus troublés que ce Patriarcat est véritablement chair de notre chair, qu’il s’exprime dans une langue qui semble identique à la nôtre, mais “ils sont sortis de nous et ne sont plus des nôtres”. Certes, nous parlons la même langue russe, mais nous divergeons d’avec eux au niveau des principes; nous employons les mêmes mots, mais nous ne leur donnons pas la même signification; mais, surtout, nous ne poursuivons pas la même finalité [qui est pour nous] comment parvenir au salut éternel. Examinons, en nous fondant sur les faits historiques, cet écart progressif par rapport à la Vérité et au Christ, dans l’ensemble du monde orthodoxe. Le Patriarcat de Constantinople fut le premier à adopter le calendrier civil grégorien; il fut suivi par les Eglises de Grèce, de Roumanie, de Bulgarie, les Patriarcats d’Antioche et d’Alexandrie. C’est là que se situe le premier pas qui déchira l’unité liturgique, sacramentelle et de prière au sein de l’Orthodoxie. Les néo-calendaristes célèbrent la Nativité du Christ, alors que les pieux orthodoxes qui suivent l’ancien calendrier poursuivent leur jeûne et élèvent leurs prières à d’autres saints. Le calendrier grégorien n’a pas encore eu le temps de s’affermir pleinement que, sur la scène internationale, apparaît l’œcuménisme avec son Conseil Œcuménique des Eglises où toutes les Eglises sont invitées à se fondre en une seule. Tous les néo-calendaristes s’empressèrent d’adhérer à cet œcuménisme et, à l’heure actuelle, plus de trois cents Eglises et sectes d’origine chrétienne se regroupent dans cette “unité”. Cette nouvelle étape entraîna une nouvelle chute : le Conseil Œcuménique des Eglises reçoit dorénavant toutes sortes d’hindouistes, de boudhistes, des chamans, des sorciers et devins de tout l’univers. En d’autres termes, une nouvelle “église” œcuménique, regroupant sans distinction toute l’humanité quelle que soit la croyance, ou l’absence de croyance, de ses membres. Nos trois Primats successifs qui reposent dans le Seigneur, en se tenant tous fermement devant cette sainte icône de la Mère de Dieu de Koursk, nous ont toujours préservés d’une pareille union. Pour ma part, moi qui suis le quatrième Primat de notre Eglise, par ma conviction profonde et sincère, et non seulement par “héritage”, je joins humblement ma voix à celle de mes défunts prédécesseurs. A titre personnel, je ne peux croire dans la grâce de la hiérarchie du Patriarcat de Moscou. Nous nous trouvons ici devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu qui, nous le croyons fermement, fut envoyée par notre Sauveur pour nous assister par son icône miraculeuse; elle a émigré avec nous il y a soixante-quinze ans pour être, depuis lors, “Celle qui nous montre la voie”. Pouvons-nous imaginer, qu’aujourd’hui, la Mère de Dieu, soudain, se mette à nous conduire vers une union avec la hiérarchie du Patriarcat de Moscou, qui croupit désespérément dans l’hérésie et l’iniquité de Moscou. Il ne peut en être ainsi ! Pareille idée confinerait au sacrilège. Amen. Métropolite VITALY Traduction Protodiacre Germain Ivanoff-Trinadtzaty
|
Commentaires
Enregistrer un commentaire