Extraits de lettres de saint Germain d'Alaska

 


Extraits de lettres
de saint Germain d'Alaska

Saint Germain d'Alaska, natif des environs de Moscou, entra très jeune comme novice à la Laure de la Trinité Saint-Serge où il fut guéri miraculeusement d'une tumeur maligne par la Mère de Dieu. Il partit ensuite à Sarov puis au fameux monastère de Valaam, sous la direction spirituelle du saint starets et higoumène Nazaire. En 1793, il fut envoyé en compagnie de sept autres moines de Valaam pour œuvrer à l'évangélisation des peuples des Aléoutes et de l'Alaska, des territoires alors sous le contrôle de l'Empire Russe. Après le martyre du hiéromoine Juvénal et la disparition en mer du nouvel évêque Joasaph en 1796, les derniers compagons de saint Germain le laissèrent seul.. Inlassablement, malgré la dureté des conditions de vie, les persécutions et les calomnies, il accomplit un extraordinaire travail ascétique et missionnaire, avant de remettre son âme à Dieu le 15 novembre 1836, agé de 81 ans. Les textes proposés ci-dessous, extraits de ses lettres ou témoignages de ses contemporains, éclairent certains aspects de sa vie et font écho au contenu de son office liturgique traduit du slavon et publié ici.

La voie d'un chrétien.
Sans m'élever au rang de professeur, remplissant néanmoins mon devoir et mes obligations comme un serviteur obéissant pour le bénéfice de mon voisin, je parlerai de ma pensée fondée sur les commandements des Saintes Ecritures à ceux qui ont soif et recherchent leur patrie éternelle dans les cieux.
Un vrai chrétien est fait de foi et d'amour envers le Christ. Nos péchés ne font nullement obstacle à notre christianisme, selon la parole du Sauveur Lui-même. Il a daigné dire : ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler, mais les pécheurs au salut; il y a plus de joie au ciel pour un qui se repent que pour quatre-vingt-dix justes. De même, concernant la femme pécheresse qui toucha Son pied, Il daigna dire à Simon le Pharisien : à celui qui a de l'amour, une grande dette est pardonnée, mais à celui qui n'a pas d'amour, on demandera des comptes même pour une petite dette. D'après ces jugements un chrétien devrait se remplir d'espoir et de joie et ne pas accepter le moindre désespoir infligé. C'est là que l'on a besoin du bouclier de la foi.
Le péché, pour celui qui aime Dieu, n'est rien d'autre qu'une flèche de l'ennemi dans la bataille. Le vrai Chrétien est un combattant se frayant un chemin, par des combats, à travers les régiments de l'ennemi invisible jusqu'à sa demeure éternelle dans les cieux. Selon la parole de l'Apôtre notre patrie est aux cieux ; et à propos du combattant il dit : notre combat ne nous oppose pas à la chair et au sang mais aux principautés et aux puissancesaux souverains des ténèbres de ce siècle, aux esprits de la vilenie sous les cieux (Eph. 6:12).
Les vains désirs de ce monde nous séparent de notre patrie; leur amour et leur habitude habillent notre âme d'une sorte de vêtement hideux. Cela est appelé par les Apôtres l'homme extérieur. Voyageant sur le chemin de cette vie et faisant appel à Dieu pour nous aider, nous devons nous dévêtir de cet odieux vêtement et nous habiller de nouveaux désirs, d'un nouvel amour pour l'âge à venir et par conséquent acquérir la connaissance de notre degré de proximité ou d'éloignement par rapport à notre patrie céleste. Mais on ne peut faire cela rapidement ; il faut plutôt suivre l'exemple des gens malades qui, souhaitant la [santé] désirée, ne cessent de chercher des moyens pour se guérir.9

La providence de Dieu.
Un terrible accident a le pouvoir d'éveiller notre conscience à l'existence des calamités et divers dangers qui nous entourent et dont nous préserve la providence de Dieu. En même temps cela nous convainc de reconnaître notre propre infirmité et notre faiblesse et de chercher la protection du Père et Sa défense la plus puissante, que nous confirme la Sagesse et le Verbe de Dieu, Lequel est descendu d'en haut par la volonté de notre Père Céleste sous un rideau de chair comme la notre, tissé par la Puissance Divine dans la Plus Pure Vierge, pour notre salut. Il S'est fait homme et a daigné nous enseigner à prier pour que nous ne soyons pas conduit à la tentation. Cela nous rappelle à quel Père nous devons notre existence et ceci à son tour devrait nous faire chercher notre patrie céleste et notre héritage éternel.10

Le combat spirituel.
Ce n'est pas au milieu des vagues de tempête de la mer que nous sommes ballotés mais dans ce monde séducteur et très agité, souffrant et errant, selon la parole de l'Apôtre. Bien que nous n'ayions pas autant de Grâce que les Apôtres, cependant nous luttons contre les mêmes principautés et puissances, contre les souverains des ténèbres de notre temps, contre les esprit du mal sous les cieux, qui s'efforcent d'intercepter, de retenir et d'empêcher tous les voyageurs sur la route de leur patrie céleste; car d'après la parole de saint Pierre, notre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il pourrait dévorer (I Pierre 5: 8); et pour cette raison nous qui sommes faibles et infirmes avons très certainement besoin de chercher de l'aide dans les prières des uns et des autres.11

L'orgueil.
Au cours de l'été 1820 vous m'avez envoyé deux livres afin que je puisse vous dire mon opinion sur l'auteur12 mais à ce moment-là je n'ai pas eu le temps de les regarder. Mais les ayant lu plus tard, j'ai vu qu'après avoir volé loin au-dessus des nuages dans l'orgueil de la pensée occidentale, il se met au nombre des prophètes et pense que par sa haute érudition et ses calculs, il peut aussi bien écrire comme les prophètes écrivaient sur la condition des gouvernements; c'est prodigieux et plus encore que prodigieux en vérité ce que l'orgueil rend aveugle ! Il dit que ses écrits peuvent ne pas plaire à tous, que certains peuvent les ridiculiser, mais il ne voit pas qu'il s'est lui-même ridiculisé en tout premier lieu; il pense affirmer la vérité mais il se querelle avec lui-même et avec les Saintes Ecritures. Il serait fastidieux d'en parler davantage, mais vous pouvez voir d'après ces quelques mots mon opinion sur lui; une personne qui ne connaîtrait pas solidement la vérité devrait à tout prix éviter de tels livres. 13

L'Humilité.
De toute ma vie ici, de mes propres Russes, j'ai vu surtout du mépris, des reproches et des moqueries, ce à quoi je me suis déjà habitué, et en vertu de cette habitude, je prends effectivement conscience de ma petitesse.14

9Lettre de saint Germain, 20 juin 1820

10Lettre de saint Germain à Baranoff , 1809.

11Lettre de saint Germain, le 13 décembre 1819

12 Cet auteur non nommé, d'après les descriptions donnée ici, était peut-être Saint Simon ou l'un des autres philosophes prophètes socialistes, prédécesseurs de Marx, dont les écrits étaient aussi populaires parmi l'intelligentsia russe et européenne au début du 19e siècle que ceux de Voltaire ou d'autres l'avaient été un peu plus tôt.

13 Lettre de saint Germain à Yanovsky, 10 août 1821.

14 Extrait d'une lettre de saint Germain 28 déc. 1818

 

 



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

В понедельник 4 ноября 2024 года наш приход Святого Иоанна Русского в Лионе будет иметь великую милость принять чудотворную икону Божией Матери Иверской с Гавайских островов, которая пробудет в Лионе весь день.

La paroisse de Lyon célèbre la première divine liturgie dans sa nouvelle église.

HORAIRES DE JANVIER 2025