En quoi consiste la vie spirituelle et comment s'y disposer ? (1) Saint Evêque Théophane le Reclus
En quoi consiste la vie spirituelle et comment s'y disposer ? (1) Lettre 39 Par votre dernière lettre, vous m'avez fait une vraie fête. Comme votre tête s'éclaire et comme la résolution de votre cœur prend la vraie direction du salut ! Donc, vous vous êtes décidée à tout faire, comme cela doit être. Bénis, Seigneur ! Toutes vos idées sur la réorganisation de votre vie future sont bonnes. Mais, pour que dans l'enthousiasme vous ne dériviez pas dans cette affaire, même si c'était par zèle, je m'empresse de vous dire différentes choses, pour vous diriger. Lorsque vous reconstruirez le tout, voyez à porter l'attention davantage sur ce qui est intérieur, que sur l'extérieur. Pour le moment, l'extérieur peut être laissé tel quel, excluant seulement ce qui, par nature, a une mauvaise influence su le cœur : agitation, dispersion des pensées, excès de désirs inutiles, etc... Bien sûr, la reconstruction doit concerner aussi l'ordre extérieur mais pas tant dans la forme que dans l'esprit avec lequel cela sera fait. Si vous agissez ainsi, l'extérieur paraîtra le même, à quelques petites exceptions près, mais l'esprit deviendra en tout tout à fait différent. L'intérêt d'éviter une cassure trop brutale dans vos habitudes extérieures est que votre transformation ne sera offerte en spectacle à personne. Ce qu'il faut avoir à l'esprit en second lieu, vous l'avez déjà : c'est-à-dire, ne pas croire que ce que vous entreprenez sera d'une réalisation facile. Que d'embûches et du dehors et du dedans ! Et vous faites bien de vous préparer non à une route fleurie, mais à une lutte. Bien, bien ! Préparez-vous à lutter, et demandez toujours au Seigneur, qu'Il vous accorde la force de supporter tout ce que vous rencontrerez de désagréable et de gênant - Ne faites pas confiance à vous-même. Mettez toute votre espérance dans le Seigneur, et Son aide vous accompagnera toujours. Mais, vous préparant à combattre, ne croyez pas que vous triompherez toujours. Il faudra souvent prendre seulement patience, ne soutenant qu'une seule tension à la fois - Vous aurez souvent à vous apercevoir, que malgré tout votre désir d'être bien, se faufilent et émergent des ratés. Sachez d'avance que tout cela est dans l'ordre des choses. Si vous y êtes confrontée - ne vous affolez pas. Maintenant, ayant prévu cela d'avance, ne vous attendez pas à trouver devant vous un parcours d'existencee autrement que parsemé de toutes sortes d'obstacles, d'inquiétudes et d'insuccès. Ne faites provision que d'une chose, un courage ferme, ne prêtant attention à rien d'autre qu'à vous en tenir à l'œuvre commencée : en ceci seulement doit consister toute la vie, scellée par la promesse et une ferme résolution. Mais comment ira la vie, quels succès, quels manquements, quelle réaction des autres, laissez tout cela à la volonté de Dieu. A travers les expériences rapportées dans la vie des saints, on voit que le Seigneur conduit de diverses façons à la perfection ceux qui s'unissent à Lui par un amour brûlant et Lui consacrent leur vie. Il laisse aussi l'ennemi agir méchamment, sans toutefois retirer, à ce moment là, l'aide de Sa droite. Tout est Dieu. Et Ses voies sont étonnantes et surtout secrètes. Même celui qui est guidé ne les voit qu'après, lorsqu'il regarde en arrière. D'où cette prière de toujours : " Sauve-moi, selon Tes voies ". Avec cette prière, et se remettant entre les mains de Dieu, tout est complet, irréversible. Mais l'ennemi ne sommeille pas non plus. Les Saints de Dieu ont remarqué qu'il agit sur les débutants de double façon : envers certains, il ne manifeste aucune entrave et ne les gêne pas; ceux-ci, ne rencontrant pas d'obstacles, ni intérieurement, ni à l'extérieur, voyant que tout va bien, commencent à rêver : “ voilà donc comment nous avons d'un coup chassé tous les ennemis, ils n'osent même plus se montrer ”. Dès que ces pensées arriveront, l'ennemi immédiatement sera là, et commencera à développer des idées d'auto-satisfaction, par lesquelles naîtra la confiance en soi et l'oubli de l'aide de Dieu, que l'on ne cherchera plus, et dont on sera alors privée. Et dès que les choses en arriveront là, l'ennemi deviendra tyrannique, il excitera le mal à l'intérieur et de fortes oppositions à l'extérieur; et alors, le malheureux confiant en lui-même chute. Veuillez avoir ceci en vue dès maintenant, pendant que vous réfléchissez à l'organisation de votre vie, afin que, lorsque vous commencerez cette vie nouvelle, si tout va bien, vous ne rêviez pas sur vous-même, mais reconnaissiez là le siège de l'ennemi, le plus dangereux; redoublez alors de méfiance et d'attention à l'œuvre. Le perfectionnement se montre peu à peu, et survient effort après effort, année après année - mais non dans le tout début, ni dans les premiers jours. Chez d'autres, au contraire, l'ennemi attaque dès les premiers jours de toute sa force et rapidement, de sorte que le débutant s'y perd. Ou qu'il se tourne, tout est contre, et dans les pensées et dans les sentiments, et extérieurement, il ne voit que contrariétés en travers de ses bonnes résolutions, et rien de satisfaisant. L'ennemi agit ainsi pour effrayer le petit débutant du premier coup et l'obliger à abandonner ses bonnes résolutions, pour le faire revenir à une vie insouciante et inattentive. Mais dès qu'il s'aperçoit que le petit nouveau ne se laisse pas faire et tient bon, c'est lui qui recule aussitôt, car l'attitude courageuse devant l'ennemi mérite des couronnes à ceux qui font des efforts, et lui ne veut pas les leur valoir. Donc ayez cela en vue, afin de ne pas vous décourager aussitôt, en cas de fortes oppositions, sachant que c'est une ruse de l'ennemi, qu'il vous abandonnera dès qu'il apercevra la fermeté. Vous faites très bien, en ne voyant pas de fleurs devant vous. C'est la véritable façon de voir cette entreprise. Et préparez-vous à la fermeté, mais faites votre salut. J'ai encore à vous dire des choses, mais ce sera pour une autre fois. Lettre 40. Vous craignez de - peut-être - ne pas arriver au bout, tout en commençent avec zèle. Oui, cela, il faut le craindre, car nous sommes souvent changeants face à nous-mêmes, et contre nous. Il est impossible de s'en remettre à soi-même. Toute l'espérance est dans le Seigneur. Ne dédaignez pas cette crainte, mais soutenez la, tantôt à cause du risque d'offenser le Seigneur bien-aimé, tantôt par peur que, vous étant à nouveau affaiblie, vous ne puissiez revenir à l'enthousiasme initial, et là, maintenant, demain, c'est la mort. Plus tard, cette crainte passera et sera remplacée par un juste espoir dans le salut, mais actuellement, ne l'abandonnez pas : elle attisera le zèle et chassera les envies d'adoucissement qui sont très pernicieuses. Grâce à cela, dans votre cœur régnera l'appel continuel "Ô Seigneur, sauve-moi donc ! Ô Seigneur hâte-toi donc !" et "Sauve-moi, l'indigne, selon Tes voies !" J'appelle toujours ceci : prosternation du cœur souffrant devant le Seigneur. Les ennemis sont forts, et du dehors et dedans, impossible de savoir comment se lèveront les tempêtes qui font déraper. Tu tombes et tu es perdu. Et voilà l'appel "Ô Seigneur, sauve-moi !" C'est cela le cœur contrit et plein d'humilité, dont le Prophète David, dans sa repentance, dit que le Seigneur ne l'anéantit pas, ne le dédaigne pas, mais l'écoute. Gardez cela en pensée. Puisque vous avez déjà vu ce danger, il ne vous reste pas grand chose à y ajouter : toujour le repentir et appeler à l'aide. Ce sentiment de souffrance dans l'appel au Seigneur par la reconnaissance des dangers ambiants, capables d'arrêter le cours spirituel de la vie et de l'étouffer, doit être permanent. Remarquez ceci, celui qui l'a, va et va par la voie droite : c'est le signe le plus concluant ! Traduit du russe par N.M.Tikhomirova.
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