27-28 - Vous avez entendu qu'il a été dit : « Tu ne commettras pas d'adultère ». Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis l'adultère avec elle dans son cœur.
C'est-à-dire que si quelqu'un s'attarde à regarder et à examiner en enflammant son désir par le regard, et regardant encore pour désirer davantage encore, il s'est déjà préparé au mal dans son cœur. S'il n'y a pas joint l'acte lui-même, qu'importe ? C'est qu'il n'a pas pu. S'il avait pu, il eût immédiatement perpétré le mal. Cependant il faut comprendre que si nous avons péché par convoitise et avons ensuite été empêchés de commettre l'acte, il est clair que nous avons été protégés par la grâce. Et si une femme s'est parée pour séduire sans pour autant parvenir à séduire, elle est coupable d'avoir préparé le poison dans la coupe, bien que personne n'ait bu.
29-30 - Et si ton œil droit t'entraîne à pécher (1), arrache-le et jette-le loin de toi : car il vaut mieux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, plutôt que ton corps tout entier ne soit jeté dans la géhenne. Et si ta main droite t'entraîne à pécher, coupe-la et jette-la loin de toi : car il vaut mieux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, plutôt que ton corps tout entier soit jeté dans la géhenne.
Quand tu entends parler "d'oeil" et de "mains" ne va pas imaginer que le Seigneur parle de parties du corps, car dans ce cas Il n'eût pas précisé "œil droit" et "main droite". Il parle en fait de ceux qui paraissent être nos amis, mais qui en réalité nous font du mal. Prends par exemple un jeune homme dont certains amis vivent dans la débauche, et qui subit le préjudice de leur influence. Retranche-les loin de toi, dit le Seigneur, et peut-être les sauveras-tu aussi lorsqu'ils reprendront leurs sens. Et si tu ne peux les sauver, du moins te sauveras-tu toi-même. Mais si tu les conserves par affection, eux et toi serez anéantis ensemble.
31. Il a été dit : "Quiconque renverra sa femme doit lui donner un acte de répudiation.
Moïse ordonnait que si un homme détestait sa femme, il en fût séparé afin que rien de pire n'arrivât (2). Car s'il la détestait, il pouvait la tuer. Moïse ordonnait aussi que le mari donnât à la femme répudiée un acte de répudiation. Par cet acte elle ne pouvait plus revenir à lui, afin d'empêcher la confusion qu'eût entraînée son retour s'il vivait désormais avec une autre femme.
32. Mais moi je vous dis que quiconque renvoi sa femme, sauf par cause de fornication, la pousse à commettre l'adultère; et quiconque épouse une femme répudiée commet un adultère.
Le Christ n'abolit pas les décrets mosaïques, mais les corrige en faisant craindre au mari de haïr sa femme sans cause. S'il la répudie pour une bonne raison, c'est-à-dire si elle a commis l'adultère, il n'est pas condamné. Mais s'il n'y a pas eu fornication, il est condamné car en divorçant il la force à commettre l'adultère. Et celui qui la prend pour femme est aussi un adultère, car s'il ne l'avait pas prise elle serait retournée à son mari pour se soumettre à lui. Car un chrétien doit être un artisan de paix à la fois à l'égard d'autrui, et, plus encore, à l'égard de sa propre femme.
33. Vous avez encore entendu qu'il a été dit : « Tu ne te parjureras pas, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments ».
Autrement dit, si tu prêtes serment, dis la vérité.
34.35. Mais moi je vous dis : « Ne jurez pas du tout, ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu, ni par la terre, car c'est l'escabeau de Ses pieds, ni par Jérusalem, car c'est la cité du grand roi. »
Puisque les Juifs avaient entendu Dieu dire : « Le ciel est Mon trône, et la terre est Mon escabeau » (3), ils juraient par de telles choses. En leur interdisant de jurer par de telles choses, le Seigneur ne dit pas : « Ne jurez pas par elles parce que le ciel est bon et grand, et la terre est utile ». Au lieu de cela Il dit : « Ne jurez pas par elles parce que l'un est le trône de Dieu et l'autre Son escabeau », afin qu'il n'y eût pas d'idolâtrie. Car ils auraient pu faire des dieux de ces éléments par lesquels ils juraient, ce qui effectivement s'était déjà produit.
36. Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux rendre un seul de tes cheveux blanc au noir.
Dieu seul jure par Lui-même car Il n'est soumis à rien ni à personne. Puisque nous n'avons pas d'autorité sur nous-mêmes, comment pouvons-nous jurer par notre propre tête ? Elle appartient à un autre. Mais si tu penses que ta tête t'appartient, alors changes en un seul cheveu si tu peux.
37. Mais que votre parole soit « Oui, oui Non, non ».
De crainte que vous ne demandiez : « Comment les gens croiraient-ils ce que je dis ? » Il dit : « Ils vous croiront, si vous dites toujours la vérité et ne jurez absolument jamais ». Car nul n'est moins cru que celui qui s'empresse de jurer qu'il dit la vérité.
Tout ce qui est en plus, vient du mauvais.
Le Seigneur dit que jurer, qui est plus que "Oui" et "Non", vient du démon. Mais, demandez-vous, la loi de Moïse, qui vous ordonne de jurer, est-elle également mauvaise ? Apprenez donc qu'à cette époque ce n'était pas un mal de jurer. Mais depuis le Christ, c'est un mal. Ainsi en est-il de la circoncision et, en bref, de toutes les pratiques judaïques. De même se nourrir au sein convient aux petits enfants, mais c'est une honte pour les adultes.
38. Vous avez entendu qu'il a été dit : « œil pour œil, et dent pour dent ».
Condescendante à l'égard de la perversité humaine, la loi permettait la vengeance afin que les hommes ne se fassent pas de mal les uns aux autres, de peur de subir la même chose en retour (4).
39. Mais moi je vous dis de ne pas résister au malin; mais si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tends lui l'autre aussi.
"Le malin" signifie ici le démon, qui œuvre à travers l'homme. Nous ne devons donc pas résister au malin ? Si, nous le devons, non pas en frappant notre prochain en retour mais par une patiente endurance. Car on n'éteint pas le feu par le feu mais par l'eau. Ne pensez-pas que le Seigneur parle seulement d'un coup sur la joue mais aussi de toutes les autres sortes d'affliction.
40. Et si quelqu'un te poursuit en justice, et te prend ta tunique, laisse-lui aussi ton manteau.
S'il te traîne en justice et te harcèle, donne-lui aussi ton manteau, et pas seulement ce qu'il te demande. La "tunique" est ce que nous appellerions le vêtement de dessous, et le "manteau" le vêtement de dessus. Mais ces noms sont parfois utilisés l'un pour l'autre.
41. Et si quelqu'un te contraint à faire un mille, fais-en deux avec lui.
« Pourquoi parlerais-je de manteau et de tunique ? » dit le Seigneur. Donne même ton corps à qui te contraint injustement, et fais plus qu'il n'exige de toi.
42, Donne à qui te demande, et de qui veut t'emprunter ne te détourne pas.
Donne-lui, qu'il soit ami, ennemi ou infidèle, qu'il demande de l'argent ou toute autre sorte d'aide. Le prêt signifie ici un prêt sans intérêt, le simple octroi de l'usage de l'argent. Car même sous la loi, on prêtait sans prendre d'intérêt.
43.44. Vous avez entendu qu'il a été dit : "Tu aimeras ton prochain et haïras ton ennemi". Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis.
Ici le Seigneur a atteint le comble de toutes les vertus. Car qu'y a-t-ii de plus élevé que d'aimer ses ennemis ? Or ce n'est pas impossible à accomplir. En effet Moïse et Paul aimaient les Juifs qui se déchaînaient contre eux, plus qu'ils ne s'aimaient eux-mêmes, et tous les saints ont aimé leurs ennemis.
Bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent.
Nous les bénissons car nous devons les considérer comme nos bienfaiteurs. Car tout homme qui nous persécute et nous met à l'épreuve allège la punition que nous souffrirons pour nos propres péchés. Nous les bénirons aussi quand Dieu nous donnera la splendide couronne de la lutte. Car écoutez ce qu'il dit :
45. Afin que vous soyez les fils de votre Père qui est aux cieux. Car il fait lever Son soleil sur les méchants et sur tes bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
Vois-tu quel beau présent t'est offert par celui qui te hait et qui t'insulte, si seulement tu l'endures avec patience ? Par la pluie et le soleil, comprenez la connaissance et l'enseignement, car Dieu illumine et instruit tous les hommes (5).
46. Car si VOUS aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? vous !
Tremblons de crainte puisque nous ne sommes pas les égaux des publicains, mais haïssons même ceux qui nous aiment.
47.48. Et si vous saluez seulement vos amis, que faites-vous de plus que les autres ? Les païens n'en font-ils pas autant ? Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est aux cieux est parfait.
Aimer certaines personnes, c'est-à-dire nos propres amis, et en haïr d'autres est une imperfection. La perfection consiste à aimer tous les hommes.
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