Christianisme et judaïsme(Seconde partie : suite et fen du texte publié dans la Voie Orthodoxe n°4) III
Aujourd'hui nous voyons comment le judaïsme gagne l'une après l'autre des positions nouvelles dans le monde, prend presque tous les rênes, toutes les courroies de transmission dans l'humanité actuelle. La création d'un état hébreux, le sens qu'il a aussitôt acquis dans le monde et qui s'est traduit d'une façon particulièrement spectaculaire c'est-à-dire par la reconnaissance immédiate par les deux états les plus puissants du moment - USA et URSS, les efforts de l'un et de l'autre de ces états-colosses pour gagner la sympathie d'Israël, tout ceci démontre clairement la singularité de la position d'Israël, sa signification universelle. Très intéressante est à ce point de vue l'interview assez récente dans le journal anglais "Daily Mail", à Paris de sa correspondante Jenny Nicholson du grand Rabbin d'Israël M.Herzog, et le reportage qui suit à ce propos. Jenny Nicholson écrit :" Le Grand Rabbin M.Herzog vit dans une élégante maison moderne à Jérusalem. Par une porte ouverte vous voyez ses secrétaires aux barbes noires, coiffés de chapeaux noirs travaillant devant des bureaux. Je fus conduite à l'étage dans sa bibliothèque pleine d'immenses livres hébraïques. Un froissement de pas rapides se fit entendre et M.Herzog entra dans la bibliothèque - rabbin célèbre et érudit en vêtements noirs avec une longue barbe grise, séparée en son milieu. Sa religion ne lui permettait pas de me serrer la main. " La seule femme à qui j'ai donné la main était la reine de Hollande," dit-il. Une jeune fille juive en pull rouge apporta un café turc et du pain grillé, le rabbin alluma une cigarette et m'en offrit une tout en commençant à parler des prophéties anciennes. "Le nouvel état Israël, le retour des juifs en Palestine, tout ceci est le pas précurseur à l'arrivé du Messie," dit-il. "L'arrivée du Messie sera un événement significatif non seulement pour l'étroit espace hébreu mais aussi pour le monde entier." " Mais la prophétie dit bien que le Messie sera de la Maison de David et combien de gens peuvent-ils prétendre descendre de la Maison de David ?" demanda Jenny Nicholson. Herzog sourit et épousseta de la cendre de cigarette sur son vêtement. " Je fus moi aussi récemment invité à un baptême (probablement circoncision) d'un enfant dont le père se présente comme prétendant au trône de David, son père. D'après la nouvelle donnée par le journal israélien de langue anglaise "Palestine Post", des milliers de citoyens d'Israël peuvent prouver leur origine de la Maison de David. Le plus en vue des prétendants se présente en la personne d'un chirurgien-dentiste de Pologne, Samuel Solnik. Lorsque j'arrivai à lui, Solnik leva majestueusement sa tête non couronnée, lissa sa moustache et dit : " La Tradition est dans le sang du peuple juif. Nous rattachons le maillon à ce moment du passé où nous nous sommes arrêtés. Pourquoi donc ne pas rétablir chez nous la monarchie ? " Mais il ajouta que les temps n'en étaient pas arrivés: "Avant tout, nous n'avons pas encore Jérusalem. Et le Roi d'Israël doit régner dans sa capitale." Le Dr Solnik est en service au camp des prisonniers de guerre égyptiens mais il passe le samedi à Nafanaï au nord de Tel-Aviv. Il n'y a aucune différence entre cette famille et les autres semblables de la classe moyenne à part le fait qu'à l'école on appelle le fils aîné de M.Solnik "Mélek" qui signifie "roi". Par ailleurs aucun autre chirurgien-dentiste au monde ne possède une telle littérature particulière que celle de M.Solnik et il montre volontiers sa correspondance avec des personnalités ayant autorité, démontrant par là son droit officiel à la prétention de provenir de la Maison de David. Tous les érudits hébreux sont d'accord que chacun de ceux qui démontreront leur provenance d'Abrabanel sont des descendants de la Maison de David. Notre Solnik démontre méthodiquement la remontée de sa lignée à Samuel Abrabanel qui en 1391 arriva à Séville et y servit comme collecteurs d'impôts. "Mais dans ce cas, c'est vous qui devez porter l'appellation de "Mélek" ". "Non," répond Solnik, dans une pose royale."J'abdique tous mes droits en faveur de mon fils. Toutes mes prétentions sont émises en son nom." Son fils porte le prénom d'Emmanuel en accord avec la prophétie d'Isaïe : " et on lui donnera le nom d'Emmanuel." Emmanuel, un gentil enfant pâlot de 5 ans et demi joue avec son jeune frère qui s'efforce de lui arracher la couronne de David en or qu'il porte autour du cou à une chaîne en or. Solnik dit : " Les chances pour l'arrivée du Royaume d'Israël sont très grandes et cela peut se produire vite. Il est possible que nous y ayons un grand parti monarchique. ( The Continental Daily Mail n°1697 -1949)" Bien sûr tout ceci n'est pas encore sérieux. Dans la candidature de M.Solnik au trône du Roi des Juifs, d'Emmanuel, est significatif l'élément dérisoire. Ce n'est qu'un ballon d'essai. Mais le problème est déjà posé et inclus dans l'ordre du jour, il attend son tour dans notre vie d'aujourd'hui. Mais combien sont terribles, combien saints sont là pour nous ces mots : " Roi des Juifs, Fils de David, Lui - de la Maison de David qui siègera sur le trône de David, Son Père et à qui revient - l'allégeance de toutes les tribus, de tous les siècles, Emmanuel." Dès nos plus jeunes années lorsque les premières impressions sensées commencèrent à pénétrer notre conscience, ces titres nous devinrent proches, connus, infiniment chers et nous savons bien à Qui ils se rapportent, au-dessus de quelle croix était écrit : " Roi des Juifs", à Qui s'adressaient les gens assoiffés de guérisons de l'âme et du corps lorsqu'ils lançaient cet appel testamentaire : " Fils de David, aie pitié de nous " - Nous savons Qui est Emmanuel. Nous serions-nous trompés ? Est-il possible que ces dénominations ne se rapportent pas à Lui mais à quelqu'un d'autre qui est encore à venir et doit venir voilà, voilà, vite, ainsi que le disent le respectable père Herzog et M.Solnik et tous les cercles dirigeants d'Israël ? Mais il n'y a là pour nous rien d'inattendu. Nous savons tout cela depuis longtemps. Nous savons que toute la gloire, tous les actes, tout ce qui a été fait par Lui sera contesté à notre Seigneur par - l'autre-, dont parle le Saint Evangile: "Le Seigneur dit aux Juifs venus à Lui; Moi, Je suis venu au Nom de Mon Père, et vous ne Me recevez pas. Un autre viendra en son nom, celui-là, vous le recevrez." (Jean 5,43) Les signes de cet autre qui viendra à la place du Christ (en grec "anti") sont décrits en de nombreux passages de la Sainte Ecriture, surtout chez l'Apôtre Paul dans la 2ème épitre aux Thessaloniciens et dans l'Apocalypse du Saint Apôtre Jean le Théologien. Ces descriptions sont connues de tous. On connait moins la description ecclésiale des signes de l'Antichrist dans le synaxaire du dimanche de Carnaval qui doit être lu, selon la règle, dans toutes les églises le dimanche qui précède le " dimanche gras", mais en réalité, il n'est lu que dans quelques monastères. Il y est écrit : " L'Antichrist viendra et naîtra, ainsi que le dit Saint Hyppolite de Rome, de la femme de mauvaise vie et fausse vierge, de juifs de la tribu de Dan et il imitera extérieurement en tout le Christ. Il fera des miracles ainsi que le faisait le Christ et ressuscitera les morts - seulement ce sera dans l'illusion des pensées, non dans la réalité. Et alors apparaîtra le fils de perdition dans toute et ses signes et ses miracles faux. Seulement ce ne sera pas le diable camouflé dans la chair, mais un homme né de la fornication, et il adoptera toutes les actions sataniques et se manifestera soudain. Il apparaîtra à tous comme bon et doux. Il y aura alors une grande famine et il satisfera les hommes. Et il foulera aux pieds l'Ecriture. Et il sera poussé par les hommes et sera proclamé roi. Les juifs l'aimeront beaucoup. Il parviendra à Jérusalem et reconstruira leur temple ..... Et après cela, aussi soudainement que l'éclair, du ciel arrivera l'Avènement du Seigneur."( Triode du Carème, Moscou, édition synodale, 1897, pp. 30b-31a). Depuis presque deux mille ans, toutes les générations de chrétiens ont lu ces lignes, et bien qu'elles y aient sincèrement cru, elles apparaissaient comme quelque chose de lointain lointain; caché dans les ténèbres des siècles les plus lointains. Et maintenant, tout ceci est arrivé jusqu'à nous, a fondu sur nous, s'est placé en son tour, dans l'ordre du jour. Rejeté, ayant rejeté les voies de Dieu, Israël a voulu, seul, sans Dieu, en dehors de Dieu, contre Dieu, obtenir de sa propre main ce à quoi rêvaient ses pères, qui lui avait été promis par Dieu, mais qu'il a cherché à avoir par des voies contraires - le gouvernement du monde, au dessus de tous les peuples de la terre, selon la prophétie : "Alors les fils des étrangers bâtiront tes remparts, et leurs rois te serviront... Et la nation et le royaume qui refuseront de te servir périront et ces nations seront totalement exterminées. Et les fils de ceux qui t'avaient opprimé viendront à toi, courbés, et tous ceux qui t'avaient méprisé se prosterneront à la plante de tes pieds, et t'appelleront ville du Seigneur, Sion du Saint d'Israël "(Isaïe, 60 : 10, 40). Tout ceci avait été promis aux enfants d'Israël s'ils gardaient les voies du Seigneur. Et maintenant, ils sont presque arrivés par eux-mêmes à obtenir cela, rejetant les voies de Dieu. Devant nos yeux, les forts les forts, les plus forts de ce monde, oubliant, abandonnant pour cela leur inimitié et leur rivalité, s'empressent de s'incliner devant Israël nouvellement né. Comment Israël y est-il arrivé ? De quelle façon ? Pourquoi ? Seulement par la puissance et l'influence du capital mondial qu'ils ont amassé? Ou par l'action de forces sombres ? Ou par leur supériorité culturelle et naturelle sur les autres peuples ? Ou par quelque autre raison plus profonde ? Bien évidemment, et le capital juif, et les forces secrètes et les dons naturels jouent leur rôle dans ce phénomène très important, le plus important de notre temps. Toutefois, la raison principale n'est pas là, mais que les nations chrétiennes se sont mises elles-mêmes sur la voie de l'antique Israël, ce sont de l'intérieur rendues semblables à lui. Quel est le sens de la tragédie juive ? C'est qu'ils auraient pu être l'arme de Dieu pour le salut de l'humanité, ils en avaient toutes les données et ne l'ont pas voulu. Quel est le sens de l'actuel recul des chrétiens, des peuples cultivés d'aujourd'hui ? C'est le même. Ils ont pris le même chemin. Appelés en remplaçant de l'Ancien Testament, devenus le Nouvel Israël, choryphée de l'humanité, l'amenant au christianisme, au salut, ils ont refusé cette mission qui était la leur, refusé d'avoir été choisis et, de ce fait, intérieurement, ontologiquement, ils se sont judaïsés. C'est un processus compliqué et multiforme. Pour tout dire, il a commencé presque aussitôt après l'organisation de l'Église, apparaissant chez chacun de ceux qui apostasiaient le christianisme, par exemple, d'une manière particulièrement forte chez Julien l'Apostat, dans lequel nous pouvons reconnaître très facilement les traits caractéristiques de l'homme d'état actuel qui nourrit une haine féroce et du mépris pour le christianisme, tout en se déguisant sous la toge de la tolérance et de l'impartialité. Et ce processus s'est particulièrement renforcé en Occident à l'époque de la Renaissance (et chez nous, avec Pierre le Grand) lorsque, dans la soif des plaisirs charnels et le sans-gène en tout, le peuple européen, à la veille de sa grande œuvre nouvelle, forgée pour lui par les générations précédentes, à la veille aussi de la découverte des pays d'outre-mer, s'est tourné vers le paganisme abandonné, rejetant le Christ. Et cet évolution s'est renforcée bien davantage avec la Révolution française et s'est finalement muée en rébellion ouverte contre Dieu et son Christ, dans notre Révolution. Cependant il n' y a pas de retour au paganisme. Le paganisme est une étape dépassée. Le païen ne connaît pas le Christ, ne s'est pas rencontré avec Lui. Mais lorsqu'on a rencontré le Christ, on doit obligatoirement soit L'accueillir, soit Le renier. Ainsi les peuples qui ont rejeté le Christ se sont assimilés intérieurement au judaïsme, qui a fait ce même choix et a renié le Christ il y a deux mille ans. Et le Seigneur, qui "n'avait pas fait grâce aux branches naturelles", n'agit pas hypocritement non plus avec les peuples nouveaux, appelés à remplacer Israël. Nous voyons comment, devant nos yeux, les peuples chrétiens européens se voient retirer leur primauté, leur position de guides de l'humanité, lorsque cette position a perdu son sens profond, à cause de leur trahison envers le christianisme. Dans l'œuvre de christianisation, de l'union des peuples au Christ, les nations européennes avaient été appelées à remplacer Israël, parce qu'Israël n'avait pas voulu conduire les peuples par la voie de Dieu. Mais, ayant trahi cette désignation, s'étant intérieurement apparentés à Israël qui avait rejeté le Christ, les peuples européens perdent naturellement aussi tous leur droits à une quelconque direction du genre humain. Trahissant le Christ, ils passent tout naturellement sous la direction du peuple à qui avait été donné depuis toujours incommensurablement plus de dons pour diriger les peuples (1). Et cette nation qui, dans le Plan de Dieu, était choisie comme guide des peuples pour leur salut sur le chemin de celui-ci, devient le guide qui détruit les peuples sur la route de leur perte, qu'ils ont prises par leur libre arbitre en rejetant le Christ. Ceci est normal, naturel, incontournable. Dérisoires et désolantes ont été les tentatives des allemands pour prendre la place des juifs à la tête du monde qui avait trahi le Christ. Il est plausible que nous, les russes, comprenions le mieux le destin tragique d'Israël, nous qui l'avons remplacé dans l'accomplissement du dessein de Dieu, en sa partie la plus responsable : l'œuvre de sauvegarde de la pureté et de la plénitude intactes de la Vérité de Dieu, l'Orthodoxie. Dans ce plan général de Dieu pour chaque peuple, les autres nations avaient reçu des dons distincts que même quelquefois Israël ne possédait pas. Ainsi les romains étaient des bâtisseurs d'empire et de pensée juridique, les grecs des philosophes, les celtes et les germains avaient des dons exclusivement techniques, tous des talents qui auraient pu être mis au service du Royaume de Dieu, mais seulement à sa périphérie et non dans son essence. En tout cela, les autres peuples sont plus doués que nous. Ainsi que l'antique Israël, dans une moindre mesure que lui, mais plus que les autres peuples, nous, russes, sommes dotés du principal, du don le plus spirituel de l'entière imprégnation par Dieu, le don d'une haute religiosité. Comme Israël, nous sommes principalement un peuple religieux. Toutes nos réactions ont un caractère religieux. Notre patriotisme est religieux, nous aimons religieusement, nous pensons et ressentons religieusement. C'est pourquoi notre trahison envers Dieu, de même que celle d'Israël, s'accompagne d'une aussi terrible tragédie, de souffrances infinies, de l'absence d'issue. Chez les autres peuples, lorsqu'est rejetée leur prédestination religieuse, il reste quelque chose de neutre, mais chez nous, comme chez Israël, si nous trahissons Dieu, il ne reste rien qu'un autre service religieux - terrible celui de Satan. A cause de cela, comme Israël, nous sommes un peuple terrible. Capables d'être totalement habités par Dieu, par la même raison, ainsi qu'Israël, nous pouvons être aussi totalement investis par l'ennemi de Dieu - la force satanique. C'est pourquoi, actuellement, précisément en Russie, qui fut la Sainte Russie, se voit dans sa pleine mesure le rictus de Satan. Et ainsi, nous partageons avec Israël le même sort : haine concentrée et mépris envers nous, des autres peuples. Comme Israël, nous aurions pu nous sauver nous-mêmes et sauver les autres, mais nous avons trahi ce devoir. Ils le ressentent instinctivement et nous paient de haine et de mépris. En vérité la main de Dieu s'est appesantie sur nous et sur Israël. Il est intéressant de constater que la haine et le mépris envers les juifs (appelés antisémitisme bien qu'assurément il ne s'agisse pas du sémitisme des juifs nul n'a de tels sentiments à l'encontre des sémites arabes, assyriens) ne diminue pas , mais s'amplifient chez les peuples qui perdent le christianisme et se retrouvent sous la férule d'Israël. Mais devant une totale christianisation de la vie, l'antisémitisme disparaît. Dans nos monastères, par exemple, il n'y eut jamais d'antisémitisme et, en général, dans le milieu ecclésiastique, il n'a jamais été violent. D'abord, par la christianisation disparaît la cause première subconsciente de la haine envers les juifs : car le monde en perdition voit en eux, en tant que meneurs sur la voie de la perte, les responsables de leurs souffrances et de la chute, rejetant aussi sur eux leur propre part de la faute commune, exactement comme l'ont fait les premiers hommes au moment du péché originel. Mais le monde qui va à son salut n'a aucune raison de haïr quiconque; en premier lieu l'Église, qui regarde ce grand problème lucidement et raisonnablement et, le comprenant, n'a jamais en aucune circonstance, même pourchassée à mort par les juifs, approuvé l'antisémitisme. L'antisémitisme est péché non seulement comme toute autre forme de haine des hommes, mais comme haine des hommes "par excellence", dans la plus grande démesure. Dans cette étude, nous essayons de montrer pourquoi toute la gamme des caractéristiques humaines est incluse chez les juifs, et par là même, à ceux qui se moquent des "juifs", qui les haïssent, on peut dire, selon Gogol : "De qui vous moquez-vous - de vous-mêmes; qui haïssez-vous - vous-mêmes". Mais condamnant totalement et sans appel l'antisémitisme, l'Église en même temps luttait et luttera jusqu'au bout contre le judaïsme, la judaïsation de la vie qui, comme nous nous efforçons de le démontrer, est ontologiquement liée à la trahison envers le Christ, au rejet des desseins de Dieu pour le salut de l'humanité. Certains, par égarement, d'autres, par calomnie, essaient parfois de présenter cela comme une sorte d'antisémitisme. Mais l'Église souligne que la lutte n'est pas là contre la chair et le sang, mais contre l'ennemi traditionnel de Dieu et de l'humanité, contre ce qui essaie d'utiliser tout homme et toute nation contre Dieu. Le principe et la base de la lutte chrétienne contre le judaïsme a déjà été tracé à l'aube de l'histoire du christianisme par Saint Ignace le Théophore - Saint Ignace est vraisemblablement juif par le sang puisque, selon la tradition de l'Église, il cet enfant que le Seigneur a placé devant les Apôtres, disant : Celui qui reçoit en Mon Nom un petit enfant comme celui-ci Me reçoit (Mat. 18,5 ; Marc 9,36 ; Luc 9,48) - Il écrit : "N'acceptez pas le judaïsme. Si quelqu'un vous prêche le judaïsme, ne l'écoutez pas." Et plus loin, expliquant que ce n'est pas une question de personne, que ce n'est pas de l'antisémitisme, il dit :"Il est mille fois préférable d'entendre parler du christianisme par un circoncis, que de judaïsme par quelqu'un qui ne l'est pas. Si ni l'un ni l'autre ne parlent de Jésus Christ, ils sont, d'après moi, des stèles et des tombeaux de morts, sur lesquels ne sont inscrits que des noms d'hommes. Ainsi donc, fuyez la perfidie et les ruses du prince de ce siècle, afin de n'être pas affaiblis dans l'amour, sous le poids de ses pensées" (Epître aux Philadelphiens). Là est décrit ausi le procédé fondamental de cette lutte : ne pas se refroidir dans l'amour. Tant que le cœur chrétien ne se refroidissait pas, rien d'étranger ne pouvait y adhérer, mais dès qu'il s'est refroidi, immanquablement commence à s'y accoler quelque chose d'étranger qui le souille, et avant tout les effluves des tendances du peuple qui conduit les autres à la perdition. La guérison, le salut, ne peuvent venir que de la renaissance des forces spirituelles des peuples chrétiens. Il n'y a pas d'autre voie. En nous engageant sur cette voie, nous faisons notre salut, et le leur, celui des juifs. Car, nous étant assimilés au judaïsme par rejet du Christ, si nous trouvons la guérison de cet état spirituel terrible, nous ne la trouverons pas seulement pour nous, mais pour toutes les branches de l'humanité, contaminées par cette maladie qui leur est commune : l'abandon de Dieu. Mais il faut avoir clairement conscience de ce que le retour sur le chemin du salut, hors de celui de la perdition, est affaire compliquée et difficile, plus difficile et compliquée que la conversion première au Christ, au sortir du paganisme. On peut trouver confirmation de cela dans l'expérience quotidienne. Nous savons par les témoignages de l'histoire, avec quelle vivacité, combien irrésistiblement et avec quelle ardeur les peuples païens s'enflammaient pour le christianisme. On rencontre de telles exemples même aujourd'hui, dans la pratique missionnaire, quoiqu'à strictement parler, il n'y ait plus maintenant de peuple totalement ignorant du christianisme. Sur toute la terre, tout au moins la partie dirigeante des peuples en a déjà connaissance, a rencontré le Christ, et si elle ne l'a pas suivi, cela signifie qu'elle s'est unie à son rejet. Voilà pourquoi maintenant, parmi les peuples officiellement païens, les cas de conversion impétueuse et enflammée sont devenus moins fréquents que dans l'antiquité. Un tel élan n'a jamais existé dans les milieux juifs, sauf dans les toutes premières années du christianisme, lorsque par les prêches des Apôtres se tournait vers le Christ cette partie des juifs qui ne le rejeta pas, mais qui au contraire, étant préparée par l'histoire antérieure plus qu'une autre partie de l'humanité à Le recevoir immédiatement. Après cette courte période des débuts, la conversion au christianisme à partir du judaïsme resta et reste jusqu'à présent une affaire difficile, compliquée, méticuleuse, liée à un grand exploit, des tourments, peine et douleur. Telle fut déjà la conversion de Saül en Apôtre Paul. De même celle d'Epiphane le Chypriote, Kyriaque de Jérusalem, Constantin (?) et d'autres encore. Toutes ces conversions furent compliquées et pénibles; mais, couronnées de succès, elles donnèrent à l'Église de grands spirituels et guides. On peut dire exactement la même chose du travail missionnaire contemporain au milieu des peuples considérés - ou qui étaient comptés - comme chrétiens. Le travail missionnaire parmi eux est lié à la difficulté, l'exploit, la méticulosité non moindres que dans le milieu juif, pour la même raison intérieure. Ce schéma peut être toutefois sérieusement contesté par l'exemple unique en notre temps de l'élan massif, impétueux et enflammé vers le Christ de notre peuple russe dans la patrie et, pendant la guerre, dans les camps allemands de prisonniers. Or le peuple russe se présentant, ainsi que nous l'avons montré, comme un peuple d'une plus grande religiosité aurait dû, en rejetant le Christ, être aussi dans une plus grande mesure incapable de revenir facilement à Lui. Mais en fait, ceux coupables de trahison envers le Christ au sein du peuple russe n'étaient dans une mesure significative que les couches supérieures de la société, qui n'étaient pas chez nous les cercles vraiment dirigeants, car le peuple ne les suivaient pas tout à fait : entre les couches supérieures et le peuple, il y avait chez nous une coupure, et c'est pourquoi notre peuple n'a pas à répondre totalement pour le péché de ses couches supérieures. Et le pouvoir contemporain a tout simplement arraché notre peuple au Christ, par une violence brutale. Il s'ensuit que le moment le plus décisif, le plus terrible de l'apostasie : la mauvaise volonté, le refus de suivre la voie du christianisme n'y étaient pas. Cet élément n'était présent que dans le processus de retrait de l'Église des couches supérieures pensantes de la société russe. Et nous savons réellement, nous nous en persuadons à chaque pas, que l'œuvre missionnaire de rechristianisation de l'intelligentsia russe est aussi difficile, méticuleuse et peu effective que le travail missionnaire dans les milieux de l'Europe occidentale. L'intellectuel russe se prête pour la même raison avec autant de difficulté à la rechristianisation que le juif et l'européen. L'intelligentsia russe, les milieux de l'Europe occidentale et le milieu juif, c'est intérieurement le même phénomène. Et tout l'espoir dans le salut du monde, devant le gouffre qui s'ouvre devant lui et devant les souffrances inssuportables liées à la christianisation de ce milieu, réside dans l'œuvre ingrate, douloureusement difficile et méticuleuse de la prédication du christ aux hommes qui L'ont renié : les juifs, les européens et l'intelligentsia russe. Y- a- t'il des perspectives quelconques de ce travail ? Peut-on en espérer un succès ? Le retour au Christ, après le rejet, est-il même possible ? A Dieu, il n'est rien d'impossible. L'expérience quotidienne nous apprend que revenir au Christ après l'avoir trahi est possible. Car si cela était impossible, presque personne ne pourrait être sauvé. Chaque péché est une trahison envers le Christ et ne se distingue de l'apostasie actuelle que quantitativement, par une durée plus courte et une moindre obstination. Et chacun de nous, pénétré d'une reconnaissance infinie envers Dieu, peut confesser avec quelle légèreté, quelle simplicité, sans laisser de traces, notre Seigneur Miséricordieux nous lave de nos péchés. "Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez vos mauvaises actions de devant Mes yeux. Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien. Venez alors et nous dicuterons, dit le Seigneur. Et si vos péchés sont comme l'écarlate, Je les blanchirai comme neige. S'ils sont rouges comme la pourpre, comme la laine je les blanchirai." (Isaïe 1 : 16-18) Il est important de remarquer ici que c'est un Prophète antique qui parle à Israël et, à travers lui, à tous les hommes. Un témoignage éclatant de la profondeur que peuvent atteindre nos espoirs dans la venue du Christ de l'Ancien Israël et , par conséquence, dans la renaissance de toute l'humanité, est contenu dans les paroles de l'Apôtre Paul. Il serait particulièrement bon, après tout ce qui a été dit ici, de les citer maintenant. Car beaucoup de ce qui a été dit dans cette étude a été inspiré par ce texte de l'Apôtre Paul : " Je vous le dis à vous, Gentils, en tant qu'Apôtre des Gentils, je glorifie mon ministère. N'exciterai-je pas la jalousie chez ceux de mon sang, et ne sauverai-je quelques-uns d'entre eux ? Si les prémices sont saintes, la masse l'est aussi, et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. Mais si quelques-unes des branches se sont rompues, et si toi, olivier sauvage, tu as été enté à leur place et rendu participant de la racine et de la sève de l'olivier, ne te glorifie pas devant les branches - Et si tu te glorifies, rappelle-toi que ce n'est pas toi qui tiens la racine, mais la racine qui te tient. Tu diras : ces branches se sont détachées afin que je sois enté - Bien - Elles ont été détachées par leur incrédulité et toi, tu tiens par la foi. Ne t'enorgueillis pas, mais crains. Car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, vois s'Il t'épargnera, toi aussi. Ainsi donc, tu vois la bonté et la sévérité de Dieu : Sa sévérité envers ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, si tu te maintiens dans cette bonté de Dieu; sinon, toi aussi tu seras retranché. Mais eux-aussi, s'ils ne persistent pas dans leur incrédulité, ils seront entés, car Dieu a la puissance de les enter. Si toi, tu as été coupé de l'olivier par nature sauvage, et fus entécontrairement à ta nature sur le bon olivier, d'autant plus ces branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier. Car je ne veux pas, frères, vous laisser dans l'ignorance de ce mystère, que l'endurcissement est d'une partie d'Israël, jusqu'à ce que la totalité en nombre des Gentils soit entrée. Ainsi tout Israël sera sauvé, ainsi qu'il est écrit :"Le Libérateur viendra de Sion, et éloignera de Jacob toute impureté". ( Rom. 11 : 13-26). Bien sûr, le sens véritable des paroles de l'Apôtre ne nous est pas totalement compréhensible. Car nous avons actuellement trop peu d'indices pour croire à la possibilité de l'arrivée vers le Christ et le salut d'Israël. Gonfléd'orgueil par la réussite presque totale, par ses propres moyens, à l'encontre de Dieu, de sa domination mondiale, Israël ne pense pas le moins du monde actuellement, semble-t-il, au repentir et à la paix avec le Christ. Au contraire, il inspire et dirige un assaut général contre les citadelles chrétiennes. Mais qui connaît l'homme intérieur, hormis Celui qui l'a créé ? Ayant atteint son but, le royaume désiré d'Israël, Israël, dont l'âme a été conçue pour être en relation avec Dieu, pourra-t-il se contenter de la mesquinerie qu'est la construction d'un état terrestre ? Ne s'arrachera-t-il pas à ce mirage banal qui s'ouvre devant lui et le saisit, pour le Saint d'Israël qu'il a abandonné ? On ne peut tout de même, sérieusement, faire un choix entre le Christ et Solnik, entre les images du Royaume esquissées par les apôtres et l'État israélien de MM. Weismann, Herzog et autres, même si les dirigeants de tous les autres pays de la terre leur faisaient alléggeance. Et le diable, à la fin des fins, est toujours mesquin, quelque effort qu'il fasse pour se présenter comme quelque chose de grand et de parfait. En tout cas, nous savons bien une chose : d'où qu'apparaisse la renaissance du monde, le réveil des forces morales de l'humanité, que ce soit du sein d'Israël ou des profondeurs des peuples chrétiens, cette renaissance sera générale pour les uns et les autres. Le monde s'est déjà intérieurement fondu dans l'unité. Déjà il vit avec les mêmes pensées, les mêmes peurs, les mêmes problèmes. Nous, russes exilés, disséminés dans le monde entier, nous ressentons cela comme particulièrement clair pour la raison aussi que la peur générale de toute l'humanité, qui l'a fait se fondre dans l'unité, est liée à notre pays, à sa tragédie. Cette peur lie l'humanité et horizontalement, d'un pôle à l'autre; et verticalement, toutes les couches de la société, car la vie de tous dépend de telle ou telle issue d'événements menaçants. Cette fusion dans l'unité de toute l'humanité devra advenir pleinement, afin que soit plus clairement signifié le partage définitif pour les siècles des siècles, qui apparait visiblement dès maintenant : pour le Christ et contre le Christ, ceux qui seront sauvés et ceux qui périront. Ce partage final ne sera lié à aucune appartenance nationale ou d'état. En cette nuit-là, deux seront sur le même lit, l'un sera pris et l'autre laissé. De deux femmes qui seront à moudre ensemble à la meule, l'une sera prise et l'autre laissée. De deux hommes qui seront dans le champ, l'un sera pris et l'autre laissé ( Matth. 24 : 40). Et parmi ceux qui seront sauvés, il y en aura de la tribu de Juda, douze mille, de la tribu de Ruben, douze mille, et ainsi de suite, de toutes les tribus d'Israël, douze mille de chaque. Et une foule immense que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils étaient debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches et tenant des palmes à la main. Et ils s'exclamaient d'une voix forte, disant : le salut est à notre Dieu, qui est assis sur le trône, et à l'Agneau ! (Apoc. 7 : 5-10).
************* (1) Selon le plan de Dieu, Israël aurait dû amener les peuples au Christ, et tous les peuples devaient suivre Israël sur cette voie, a peu près comme notre peuple russe est allé vers le grec dans l'Eglise du Christ, comme les peuples européens ont suivi Rome, les missionnaires irlandais, et les peuples d'Asie, d'Afrique , d'Amérique et d'Australie ont suivi les européens. Mais ce commandement des peuples sur leur route vers le Christ ne signifie pas bien sûr la domination sur eux. L'Apôtre Pierre avertit : "Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui non par contrainte mais de bon gré ; non dans un intérêt sordide, mais par dévouement, non en dominateurs des héritiers de Dieu, mais en donnant l'exemple au troupeau " (1 Pierre, 2 : 3). Les missionnaires chrétiens servaient ceux des peuples qu'ils avaient éclairés par la foi; la domination coloniale sur les peuples éclairés est une manifestation monstrueuse qui a pris jour dans les temps où les européens ont commencé à trahir de plus en plus leur vocation élevée. Mais le commandement des peuples sur la voie de la perdition, leur déchristianisation, sera liée évidemment à leur domination. Le Seigneur règne sur les hommes seulement dans la liberté, car Il veut les attirer à Lui par leur libre arbitre. C'est pourquoi le processus de la venue à Lui, doit être libre. Mais le diable veut la domination. C'est pourquoi le déroulement du départ vers lui est lié à la contrainte et l'asservissement. Archevêque Natanaël de Vienne Bessedy o Sviashennom Pissanii i Tcerkvi, tom 2, N.Y.1991
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